Le loisir est-il créateur ?

« Introduction - Les congés payés de 1936 sont le signe d'une révolution qui fait accéder la masse des hommes à une certaine liberté.

A la diminution du temps de travail, s'ajoute l'allongement de la durée de vie, ce qui laisse du temps à chacun hors des horaires de travail. - Le terme « loisir » évoque un cortège d'activités personnelles, de « conduites novatrices, créatrices », écrit Dumazedier.

Mais encore faut-il réunir certaines conditions pour que cet idéal soit réalité. D'où les axes de réflexion suivants: I.

Les loisirs, moment théorique de créativité II.

Une situation problématique III.

Les conditions d'un loisir créatif I.

Les loisirs, moment théorique de créativité A.

La créativité - La créativité est le fait de forger soi-même un objet ou d'organiser de son propre chef une activité. Ex.

: artisanat non lucratif ; jardinage (créer un espace ordonné) ; bricolage (fabriquer des objets que l'on peut trouver dans le commerce mais qui ici donnent une réelle satisfaction, de la fierté). - Il s'agit de prendre l'initiative de ses activités, sans contrainte imposée de l'extérieur, d'innover par rapport à son travail quotidien. - Le métier est conçu comme purement alimentaire, le loisir devenant la part privilégiée du temps humain.

Ce bienêtre compense la monotonie du travail. B.

Exigence nouvelle de bien-être - L'époque moderne consacre le triomphe de l'individualisme qui veut s'affirmer hors des cadres sociaux du travail. L'on assiste à un véritable culte de soi, de son corps. Ex.

: expansion des activités sportives, grâce à des équipements nombreux, à une démocratisation de certains sports (ski, tennis, golf). - A ce bien-être du corps s'ajoute celui de l'esprit.

Il s'agit de retrouver un équilibre avec l'environnement, que menace constamment la vie moderne. Ex.

: randonnées, contacts avec la nature, week-ends à la campagne. - La vie associative est l'un des éléments importants du loisir, car les gens y trouvent un lieu où exercer leurs qualités d'organisation, où rencontrer d'autres passionnés. - A tel point que les loisirs envahissent le monde du travail et que l'on envoie les cadres en séminaires à la montagne ou au bord de la mer ! C.

Une gestion novatrice du temps - Toutes les activités de loisir se parent des couleurs du plaisir : il s'agit de profiter du moment qui passe, dans ce temps privilégié que nous accorde la société. - Bien plus, les loisirs sont un mode d'existence qui prend en main le temps, alors que d'habitude nous y sommes soumis : plus d'horaires, mais une gestion personnelle des jours. Ex.

: plaisir de la grasse matinée, activités non limitées par des horaires ou par des exigences de rendement. Transition : les loisirs devraient donc être la possibilité d'épanouir notre vie intérieure, selon des activités librement consenties, comme une respiration plus ample.

Or, force est de constater que nous sommes souvent loin d'une telle situation. D.

Causes - La société a elle-même créé ce besoin de loisir pour écouler toute une production s'y rapportant.

Le loisir est une manière de faire consommer encore plus, à tel point que l'on parle d'« industrie des loisirs ». - Les progrès techniques ont contribué malheureusement à un affadissement des loisirs, puisque l'homme ne peut se distraire sans leur aide.

François de Closets, dans Le Bonheur en plus, parle de « bouffons techniques », comme ces hommes qui distrayaient les rois jadis ; il estime que « le développement excessif de l'assistance technique étouffe la créativité individuelle au lieu de la stimuler ». Ex.

: l'automobile tue l'art de la promenade ; la télévision dispense du spectacle vécu de la nature. - C'est donc aussi la multiplication des médias qui est responsable du manque de créativité des loisirs.

En effet, ils font des loisirs une activité de plus en plus solitaire, privée de convivialité, de volonté d'approfondir sa connaissance d'autrui. Transition : les loisirs ne sont donc plus qu'un passe-temps au lieu que ce temps libre soit pleinement employé à des activités créatrices.

Pourtant il ne faudrait qu'un peu de volonté pour que les loisirs occupent une place réellement formatrice chez l'individu. II.

Une situation problématique. »