Le destin de Maupassant
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«
Maupassant, humble employé de ministère, s'élève tout d'un coup au premier plan de l'actualité littéraire; et, en dix
ans de travail acharné, il élabore une oeuvre aussi remarquable par son abondance que par sa qualité artistique; il
connaît le succès et la fortune, puis ébranlé par une névrose, il sombre dans la folie.
LE FONCTIONNAIRE (1850-1880).
Né au château de Miromesnil, près de Dieppe, Guy de Maupassant mène à Étretat, où sa mère s'est retirée après
s'être séparée de son mari, la vie libre d'un « poulain échappé ».
Il fait de solides études au collège religieux
d'Yvetot et au lycée de Rouen; Louis Bouilhet, qui est son correspondant, lui prodigue des conseils paternels et
l'initie à la poésie.
Pendant la guerre de 1870, Maupassant fait campagne dans les gardes mobiles et enregistre de
précieuses observations.
En 1871, il vient à Paris, où il occupe un petit emploi de commis au ministère de la Marine,
puis, à partir de 1878, au ministère de l'Instruction publique.
Il observe, amusé et narquois, ses collègues
bureaucrates et fait alors, sous la direction de Gustave Flaubert, ami d'enfance de sa mère, son apprentissage
d'écrivain.
L'auteur de Madame Bovary lui inculque quelques principes simples et clairs : il faut, lui répète-t-il,
dégager son originalité; être en contact direct avec le réel et y trouver de l'inexploré; mépriser la réclame; fustiger
les préjugés bourgeois; surtout se dire que l'art est une longue patience.
Durant sept années, Maupassant compose
des poèmes (Le Mur, Au bord de l'eau), de petites pièces de théâtre (Histoire du vieux temps) et des contes qui
attestent son goût pour les inventions macabres ou morbides (La Main d'écorché, En Canot).
Flaubert corrige ces
essais et lui fait des « remarques de pion ».
Le jeune commis mêle d'ailleurs le plaisir au travail; solidement
charpenté, épris d'effort musculaire, il rêve de promenades au grand air et de canotage.
Pourtant, dès 1876, il se
plaint de maux de coeur et de violentes migraines, qui le plongent dans des crises de mélancolie.
LE MÉTÉORE (1880-1891)
Maupassant entre dans la littérature « comme un météore >>.
Boule de Suif, un conte d'une ironie cruelle, paraît en
188o dans Les Soirées de Médan et révèle avec éclat le talent de son auteur.
D'emblée, Maupassant se détache en
tête du groupe des naturalistes.
De 188o à 1891, il produit près de trois cents contes et six romans.
Le conteur.
Le succès de Boule de Suif l'encourage d'abord à écrire des contes, qu'il publie dans des quotidiens
avant de les rassembler dans des recueils.
La Maison Tellier (1881), Mademoiselle Fifi (1882), les Contes de la
bécasse (1883), Les Soeurs Rondoli (1884) offrent au lecteur d'es récits d'une verve gaillarde et d'une vigueur
sèche; mais l'influence de Zola et de Flaubert y est parfois sensible.
Yvette, Miss Harriett (1884), Monsieur Parent,
Contes du jour et de la nuit (1885), La petite Roque, Toine (1886), Le Horla (1887), Le Rosier de Madame Husson
(1888) mettent en lumière son originalité : Maupassant se dégage de toute influence et utilise notamment ses
souvenirs pour peindre les paysans de sa province natale.
Le romancier.
Avec la gloire, Maupassant acquiert la fortune : de nombreux voyages, des croisières en
Méditerranée, des fréquentations mondaines, étendent le champ de son observation.
A partir de 1883, les romans
alternent avec les contes.
Une Vie (1883), Bel Ami (1885), Mont Oriol (1887), Pierre et jean (1888), Fort comme la
mort (1889), Notre Coeur (189o) marquent les étapes de son évolution : l'auteur s'éloigne de plus en plus du monde
extérieur pour étudier, dans le cadre de la haute société, les nuances complexes de l'âme.
Enfin, Maupassant publie,
pendant cette période, trois volumes d'impressions de voyage : Au soleil (1884), Sur l'eau (1888), La Vie errante
(I89o).
L'humble vérité » : Une Vie.
Les rêves de la jeune fille.
Jeanne, jeune fille sensible et romanesque, mène, au sortir du couvent, une vie familiale
paisible dans un château de Normandie : elle lit, rêve et vagabonde.
Le vicomte de Lamare, présenté à la famille, la
demande en mariage.
Les désillusions de l'épouse.
Après leur voyage de noces, les époux s'installent au château.
Le désenchantement
commence : la vie est morne; le vicomte, un être mesquin et avare, trahit sa femme.
Il meurt tragiquement avec sa
complice.
Les faiblesses de la mère.
Jeanne reporte sa tendresse sur son fils Paul, « Poulet ».
Mais l'enfant, trop gâté, devient
un mauvais garnement.
Plus tard, il mène à Paris une vie d'expédients, ne songeant à sa mère que lorsqu'il est
démuni.
Jeanne est ruinée et meurtrie.
Les espoirs de la grand-mère.
Sa vieillesse s'illumine à la pensée d'élever le fils de Paul, qui s'est marié et qui a perdu
sa femme : « La vie, voyez-vous, conclut la vieille servante Rosalie, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit.
»
LE DÉMENT (1891-1893)
La santé de Maupassant s'est progressivement altérée : aux névralgies s'ajoutent des désordres de la vue et des
troubles circulatoires, qui développent chez lui une irritabilité maladive.
Il doit veiller lui-même à l'internement de son
frère Hervé, qui cédait à des accès de fureur homicide, et il en ressent un ébranlement profond.
La folie se déclare
vers la fin de 1891.
Il meurt dix-huit mois plus tard, sans avoir recouvré la lucidité, dans la maison de santé du
docteur Blanche..
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