LE CARDINAL DE RETZ
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LE CARDINAL DE RETZ (1614-1679)
PAUL DE GONDI est issu d'une famille florentine protégée par Catherine de Médicis.
Les Gondi étaient ducs de RETZ
depuis 1581.
Quoiqu'il n'ait pas la vocation, on le dirige vers la prêtrise, afin qu'il puisse un jour succéder à son oncle comme
archevêque de Paris.
De fait, en 1643, il devient le coadjuteur de son oncle, avec le titre d'archevêque de Corinthe.
C'est « un petit homme noir, mal fait, laid et maladroit », mais d'une incontestable séduction.
Il a des passions
fortes, beaucoup d'orgueil, l'amour de la gloire, une véritable vocation de conspirateur.
Il joue un rôle important dans
la Fronde.
Ennemi déclaré de Mazarin qu'il voudrait remplacer, il réussit à le faire éloigner en 1651.
L'année suivante
il est élevé à la dignité de cardinal.
Mazarin ayant retrouvé son crédit, Retz est arrêté, emprisonné à Vincennes,
puis transféré à Nantes, d'où il s'évade et gagne l'étranger.
Après la mort de Mazarin, il reçoit l'autorisation de rentrer en France, mais doit abandonner l'archevêché de Paris.
Il
réside le plus souvent dans son château de Commercy.
Il se rend quelquefois à Paris.
Il se plaît dans la compagnie
de Mme de Sévigné et de Mme de Lafayette.
Il entretient de bonnes relations avec La Rochefoucauld, son ancien
ennemi.
Louis XIV, qui se méfie de lui, continue de le tenir à l'écart.
Ses dernières années sont marquées par une
sorte de conversion spectaculaire.
On se demande si, là encore, il n'a pas été surtout poussé par le désir de jouer
un rôle.
PRINCIPALES ŒUVRES
La Conjuration de Fiesque.
Écrit avant 1639, l'ouvrage ne fut publié qu'en 1665.
S'inspirant de l'historien Mascardi, Retz raconte le coup d'État qui fut tenté en 1547 à Gênes par Fieschi contre la
tyrannie d'André Doria.
Mémoires (1717).
Ils furent composés pendant la retraite du cardinal, principalement entre 1673 et 1676.
Ils sont
adressés à une amie, peut-être Mme de Lafayette, plus vraisemblablement Mme de Sévigné.
Retz raconte les aventures galantes de sa jeunesse, ses duels, ses succès de prédicateur, sa participation à un
complot contre Richelieu, son rôle dans la Fronde, son accession au cardinalat, son emprisonnement, son évasion du
château de Nantes, son influence sur le conclave qui élut en 1655, contre le voeu de Mazarin, le pape Alexandre
VII.
Le récit s'arrête à l'année 1655.
LE POLITIQUE
Naturellement porté vers l'action, peu accessible au scrupule, il adore l'intrigue.
Il est parfaitement à son aise au
milieu des combinaisons de la politique, soit qu'il y joue son rôle, soit qu'il en démonte les ressorts.
Il recherche
moins son intérêt que sa gloire, ce qui lui confère, en face des événements, une sorte de détachement lucide.
Il a
des idées très justes sur les révolutions, l'inconstance de l'opinion, le rôle des chefs de partis.
Il a vu quelles
transformations l'absolutisme allait apporter dans les moeurs.
Seul de tous ses contemporains, il a compris que dans
le drame de la Fronde c'était le peuple de Paris qui tenait la première place.
L'HISTORIEN
Il note le détail des événements avec une précision extrême.
Il ne se borne pas à les reconstituer dans leur réalité
vivante.
Il les analyse, il en dégage la signification, sans feindre une impartialité dont il n'est pas capable.
Il réserve
à la psychologie une place importante.
Ses portraits de La Rochefoucauld, Richelieu, Mazarin, Anne d'Autriche
révèlent une clairvoyance qui ne se laisse abuser par aucune considération de prestige.
Parfois il lui suffit d'une
courte phrase pour camper un personnage.
De son étude des hommes, il tire des maximes générales.
L'ARTISTE
Ce dilettante de l'intrigue est un très grand artiste.
Il dit vigoureusement, nerveusement ce qu'il veut dire.
Il est fort loin de la pureté classique.
Il a un style tumultueux, plein d'audaces, ramassé, complexe, embrouillé
comme à, plaisir, émaillé de formules à l'emporte-pièce.
Dans tout cela, nul pédantisme, une parfaite aisance, une
variété de ton qui s'accorde avec la variété des sujets.
Le talent de Retz écrivain est fait de deux qualités
essentielles : intelligence pénétrante, désinvolture de grand seigneur..
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