Devoir de Français

La poésie anglaise

Extrait du document

A la veille de la guerre de 1939, la poésie anglaise se trouvait dominée par quelques grands poètes qui, pourtant, n'attiraient pas toute la sympathie du grand public. T.S. Eliot, Pound, Edith Sitwell, Yeats, représentaient chacun à sa façon cette révolte de la bourgeoisie qui s'est manifestée à partir de la Première Guerre mondiale. Les Sitwell s'étaient vite dégagés des problèmes contemporains pour se réfugier dans leur poésie pure : dans l'un de ses meilleurs ouvrages, Gold Coast Customs, Edith Sitwell, tout en introduisant dans notre poésie les rythmes du jazz, avait fait le procès de la civilisation occidentale en l'assimilant au cannibalisme. La révolte d'Eliot, personnelle d'abord dans Prufrock et The Portrait of a Lady, avait pris des dimensions universelles dans la synthèse sublime du Waste Land, et s'affirmait désormais dans le domaine politique et religieux. Rédacteur du Criterion, ses chefs étaient ceux de l'Action Française. Sans se laisser convertir au catholicisme, en partant d'Ash Wednesday il attirait l'attention du public sur l'angoisse spirituelle de l'homme moderne. Selon lui, notre éloignement de Dieu expliquerait tout. Ces notions sont à la base de ses premiers (et meilleurs) ouvrages de théâtre, Murder in the Cathedral et The Family Reunion, où s'annonce l'influence de Claudel. Restaient Joyce, alors presque inconnu du public anglais, D.H. Lawrence, mal vu par ses contemporains, mais que lisait avidement la nouvelle génération, et Yeats, jugé excentrique jusqu'à sa mort en 1939. Ceux-ci sont devenus les idoles de la génération d'après-guerre, comme certains poètes, jugés alors mineurs (Graves, Campbell, Muir) que nous regardons aujourd'hui avec un respect toujours croissant.

« La poésie anglaise A la veille de la guerre de 1939, la poésie anglaise se trouvait dominée par quelques grands poètes qui, pourtant, n'attiraient pas toute la sympathie du grand public.

T.S.

Eliot, Pound, Edith Sitwell, Yeats, représentaient chacun à sa façon cette révolte de la bourgeoisie qui s'est manifestée à partir de la Première Guerre mondiale.

Les Sitwell s'étaient vite dégagés des problèmes contemporains pour se réfugier dans leur poésie pure : dans l'un de ses meilleurs ouvrages, Gold Coast Customs, Edith Sitwell, tout en introduisant dans notre poésie les rythmes du jazz, avait fait le procès de la civilisation occidentale en l'assimilant au cannibalisme.

La révolte d'Eliot, personnelle d'abord dans Prufrock et The Portrait of a Lady, avait pris des dimensions universelles dans la synthèse sublime du Waste Land, et s'affirmait désormais dans le domaine politique et religieux.

Rédacteur du Criterion, ses chefs étaient ceux de l'Action Française.

Sans se laisser convertir au catholicisme, en partant d'Ash Wednesday il attirait l'attention du public sur l'angoisse spirituelle de l'homme moderne.

Selon lui, notre éloignement de Dieu expliquerait tout.

Ces notions sont à la base de ses premiers (et meilleurs) ouvrages de théâtre, Murder in the Cathedral et The Family Reunion, où s'annonce l'influence de Claudel. Restaient Joyce, alors presque inconnu du public anglais, D.H.

Lawrence, mal vu par ses contemporains, mais que lisait avidement la nouvelle génération, et Yeats, jugé excentrique jusqu'à sa mort en 1939.

Ceux-ci sont devenus les idoles de la génération d'après-guerre, comme certains poètes, jugés alors mineurs (Graves, Campbell, Muir) que nous regardons aujourd'hui avec un respect toujours croissant. A l'ombre de ces écrivains, une école de jeunes poètes incarnait un autre aspect de cette révolte.

Auden, Day Lewis, Spender, Macneice, sans se concerter, ont tous débuté vers 1930 : nommons-les l'école d'Oxford.

Révoltés contre la convention bourgeoise, la politique du laissez-faire, c'était la poésie de la gauche, violente et pathétique, s'indignant contre le fascisme, la dolce vita des riches, l'indifférence des pauvres, et contre une poésie de mandarin devenue trop digne pour annoncer et dénoncer ce sanglant drame qui étendait ses ailes sur l'Europe.

Nous n'oublierons pas le mot célèbre d'Auden, " que le poète se fasse reporter " ; voici la poésie du quotidien, le poètecaméra, le prolongement de ce beau réalisme qu'Eliot avait trop tôt abandonné.

La poésie des années 1930-1940 a été une série d'attentats contre la faiblesse morale, politique, esthétique.

Avant García Lorca, Neruda, Aragon, les Anglais ont créé une poésie engagée.

Mais il leur manquait les moyens (très limités à un moment où la TSF, le disque, n'étaient pas à la portée de tout le monde) de toucher au coeur le grand public et encore moins ces trois millions de chômeurs qui, bien entendu, ne se nourrissaient pas de poésie.

Cette poésie d'engagement a fait courtcircuit, sauf dans ce milieu intellectuel qui reste toujours impuissant devant les événements.

D'ailleurs elle s'est montrée assez timide sur le plan esthétique ; elle a donc rapidement vieilli.

Aujourd'hui, Auden berce en vers impeccables son intime plaie spirituelle ; Lewis, rentré en lui-même, nous offre d'admirables traductions de Virgile ; Spender dirige Encounter ; Macneice à la TSF, fabrique des divertissements à la chaîne.

Cassandre est devenue Pénélope... En même temps, évoluait en France l'aventure du Surréalisme.

Malgré notre respect pour Breton, Dalí, le tendre Eluard, ce mouvement nous paraissait manquer de sérieux ; pourtant il a contribué à la belle folie du théâtre d'Auden et à la poésie de Dylan Thomas, Gascoyne, Barker, moi-même, qui n'étions pas indifférents à son message.

D'abord c'était amusant, et puis, plus d'inhibitions à l'égard du " Saint Langage ". Thomas avait débuté avec deux petits recueils effarants (18 Poems, 1934 ; 25 Poems, 1936).

Avec Barker et Gascoyne il semblait inventer un nouveau romantisme freudien nouvel aspect de la révolte bourgeoise où la révolte de la sensibilité s'accompagnait d'une éblouissante invention linguistique.

Thomas s'est imposé grâce à un don personnel, cette volupté verbale qui transformait les mots en objets, et les objets en paroles lumineuses, sensuelles : sa poésie n'est que sensations, vibrations hallucinées, une ivresse, une maladie musicale et visuelle qui fait songer aux vertiges de Rimbaud, de Mallarmé. Toutes ces manifestations de révolte, qu'elles portent la signature d'Eliot, d'Auden ou de Thomas, représentaient en mesure égale une protestation abortive, la révolte stérile de la bourgeoisie contre elle-même.

Il en reste une poignée de poèmes inoubliables, mais dissemblables ; caractéristiques pourtant du maniérisme de notre époque. L'historien de la décennie 1940-1950 se penchera sur les revues-champignons qui ont fourni tant de paradis artificiels aux poètes pendant la guerre.

Chacune et chacun avait son petit programme.

Dans Horizon (ambitieux de remplir la place du Criterion) des articles dictés par des généraux ou des ministres côtoyaient des bribes de Kafka, des strophes de Dylan Thomas, ou, plus tièdes, celles de Rodgers, Tiller, Laurie Lee.

Pour New Writing l'important était de rester à tout prix européen.

Pour la plupart des autres, rien qu'un éclectisme frémissant. Que sont-ils devenus, ces noms alors familiers ? Certains ne sont jamais rentrés de la guerre, d'autres ont continué d'écrire, mais sans avoir donné la pleine mesure de leur talent. Posons donc la question d'une autre façon ; nommons les meilleurs poèmes ou recueils de cette période.

Viennent en tête les Four Quartets de T.S.

Eliot : quel bonheur d'en trouver un, sous le bombardement, dans le minuscule journal The New English Weekly ! Quel ton sage, intime, parfois grandiose ; il ne manque que ces images foudroyantes de sa jeunesse...

Puis venaient les derniers poèmes de Yeats, merveilleusement désabusés.

Ensuite,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles