Devoir de Français

La comédie est faite pour divertir mais sa vocation est également d'instruire. À partir de votre connaissance du théâtre comique et en particulier de Tartuffe, vous construirez un développement argumenté d'une quarantaine de lignes pour montrer comment les débats d'idées trouvent au théâtre un mode d'expression efficace ?

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Dans le cadre de cette pensée, l'art en lui-même n'a pas de valeur éducative, mais il est l'enveloppe plaisante qui permet la transmission d'un message éducatif. C'est ainsi que chez Perrault, dans la préface à ses Contes en vers et en prose, nous trouvons cette métaphore alimentaire qui explique sa capacité à délivrer un message éducative, d'autant mieux assimilé par l'enfant que celui-ci est d'abord plus attentif à l'histoire qui lui est contée :   « N'est-il pas louable à des pères et à des mères, lorsque leurs Enfants ne sont pas encore capables de goûter les vérités solides et dénuées de tous agréments, de les leur faire aimer, et si cela se peut dire, les leur faire avaler, en les enveloppant dans des récits agréables et proportionnés à la faiblesse de leur âge ».   Il semble donc que nous pouvons à bon droit affirmer que la comédie instruit le spectateur en même temps qu'elle l'amuse. La représentation n'est que l'enveloppe agréable d'un spectacle a valeur morale, édifiante, comme c'est par exemple le cas dans le drame bourgeois de Diderot, qui fait l'apologie de valeurs morales telles que la famille, la probité, le travail... (par exemple, dans son drame intitule Le père de famille).   b.      La comédie amuse en donnant un sentiment d'ubiquité sociale   Par ailleurs, nous pouvons dire en un autre sens que la comédie instruit et amuse : parce qu'elle donne un sentiment d'ubiquité sociale, aussi bien pour celui qui la joue que pour le spectateur. En effet, le comédien se livre a une activité dont Aristote disait déjà dans la Poétique qu'elle correspondait a la nature humaine, puisque l'acte de la représentation est naturel a l'homme (ainsi des tous jeunes enfants qui s'essayent a la représentation d'actes fictifs spontanément). Le comédien joue la comédie, verbe qui souligne la dimension d'amusement inhérente a cette activité. Mais il est aussi en train de s'instruire alors même qu'il est sur scène, puisqu'il fait l'expérience d'une pluralité d'existences en les représentant (il est Hamlet, puis Cyrano, puis l'Avare de Molière). Il en va de même pour le spectateur, qui s'instruit et s'amuse alors qu'il joue.

« Au cours de ce travail, nous ne prendrons pas le terme de "comédie" dans le sens que la modernité lui a donne, a savoir de représentation théâtrale a caractère comique, c'est a dire s'efforçant de susciter le rire.

Par comédie, nous entendrons la représentation théâtrale dans son ensemble, c'est a dire l'acte qui consiste a figurer sur scène des actions fictives, qu'elles appartiennent au genre du drame, de la comédie, de la tragédie...

Ce faisant, nous retournons au sens ancien du terme "comédie", celui que lui donnait Corneille en écrivant "L'illusion comique". Instruire quelqu'un signifie lui apporter une connaissance qui lui manquait, d'une part, mais aussi, dans un sens plus large, plus complet, participer a sa formation intellectuelle par les lacons ou les exemples que nous lui prodiguons. Amuser quelqu'un, au contraire, désigne l'action par laquelle nous apportons a quelqu'un un sentiment de joie, une émotion agréable et divertissante.

Le sens dérive du sens premier d'amuser est celui qui consiste a dire que l'amusement est une forme de perte du temps, une activité vaine qui détourne l'individu des activités véritablement importantes qui devraient occuper sa vie.

C'est ainsi que pour Pascal, l'amusement est le propre de l'individu qui comble le vide de sa vie avec des émotions vaines. En nous demandant en quoi la comédie instruit et amuse, nous posons une question qui comprend toute une série de problèmes.

En effet, nous pouvons déjà remarquer que l'instruction et l'amusement sont des activités non seulement hétérogènes du point de vue de leur nature, mais aussi contraires puisqu'il semble difficile d'amuser alors que l'on instruit (activité qui demande du sérieux, de la concentration sinon de la discipline) et réciproquement. Allant plus loin, l'histoire de la pensée de l'art en général et du théâtre en particulier semble invalider la thèse du pouvoir d'instruction et d'amusement simultanée par la représentation d'actions fictives.

En effet.

le théâtre a longtemps été pense comme une forme d'expression corruptrice, contraire aux bonnes mœurs, a la vertu et a l'instruction des hommes, précisément.. La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si le pouvoir d'instruction et d'amusement appartient bel et bien a la comédie, qui est peut-être a l'inverse une activité corruptrice pour les hommes. I. a. La comédie n'est amusante mais non instructive La comédie, condamnable au même titre que toutes les autres formes d'art Si nous prenons le terme “comédie” dans son sens restreint, il n'est pas douteux que la comédie soit capable de nous amuser, puisque le rire est précisément l'effet qu'elle souhaite produire.

Il en va de même pour le sens élargi du terme (celui de spectacle théâtral) puisque la comédie est un divertissement, a savoir une représentation distrayante qui peut susciter chez nous un plaisir certain.

Cependant, nous dirons que s'il n'est pas douteux que la comédie soit amusante, il est en revanche certain qu'elle n'est pas instructive.

Si l'art nous apprend quelque chose, alors il est non seulement l'activité pratiquée par quelqu'un qui détient un savoir (il faut le posséder soi même pour pouvoir le délivrer aux autres) en même temps qu'il est un moyen d'accroître chez autrui la somme de ses connaissances.

C'est précisément contre ces deux présupposés que s'élève Platon dans la République : non seulement l'artiste ne détient pas le savoir de ce qu'il représente (il peut peindre la production d'un menuisier, sans rien connaître à l'art du menuisier) ; mais les produits de son activité ne délivrent aucune connaissance.

En effet, l'œuvre d'art est éloignée « de trois niveaux de ce qui est réellement » (La République, Livre X, 598b).

Car Platon distingue entre trois niveaux de réalité : ce qui est réellement (la forme intelligible) ; le phénomène existant (celui que nous apercevons de manière sensible) ; et le simulacre (la copie artificielle du phénomène existant).

Pour Platon, l'art ne nous apprend rien, car il ne produit que des faux semblants.

Comme nous le lisons dans la République : « L'art de l'imitation est assurément loin du vrai, et apparemment, s'il s'exerce sur toutes choses, c'est parce qu'il ne touche qu'à une petite partie de chacune, et qui n'est qu'un fantôme.

Ainsi le peintre, affirmons-nous, nous peindra un cordonnier, un menuisier, les autres artisans, alors qu'il ne connaît rien à leur art.

Cependant, pour peu qu'il soit bon peintre, s'il peignait un menuisier et le leur montrait de loin, il pourrait tromper au moins les enfants et les fous, en leur faisant croire que c'est véritablement un menuisier ».

La République, Livre X, 598b.. »

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