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Jules LAFORGUE (1860-1887) (Recueil : Des Fleurs de bonne volonté) - Figurez-vous un peu

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Jules LAFORGUE (1860-1887) (Recueil : Des Fleurs de bonne volonté) - Figurez-vous un peu Oh ! qu'une, d'Elle-même, un beau soir, sût venir, Ne voyant que boire à Mes Lèvres ! où mourir.... Je m'enlève rien que d'y penser ! Quel baptême De gloire intrinsèque, attirer un " je vous aime " ! (L'attirer à travers la société, de loin, Comme l'aimant la foudre; un ', deux ! ni plus, ni moins. Je t'aime ! comprend-on ? Pour moi tu n'es pas comme Les autres ; jusqu'ici c'était des messieurs, l'Homme.... Ta bouche me fait baisser les yeux ! et ton port Me transporte ! (et je m'en découvre des trésors....) Et c'est ma destinée incurable et dernière D'épier un battement à moi de tes paupières ! Oh ! je ne songe pas au reste ! J'attendrai, Dans la simplicité de ma vie faite exprès ..... Te dirai-je au moins que depuis des nuits je pleure, Et que mes parents ont bien peur que je n'en meure?... Je pleure dans des coins ; je n'ai plus goût à rien ; Oh ! j'ai tant pleuré, dimanche, en mon paroissien ! Tu me demandes pourquoi Toi ? et non un autre.... Je ne sais ; mais c'est bien Toi, et point un autre ! J'en suis sûre comme du vide de mon cœur, Et.... comme de votre air mortellement moqueur... - Ainsi, elle viendrait, évadée, demi-morte, Se rouler sur le paillasson qu'est à ma porte ! Ainsi, elle viendrait à Moi ! les Yeux bien fous ! Et elle me suivrait avec cet air partout !

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