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Jules LAFORGUE (1860-1887) (Recueil : Des Fleurs de bonne volonté) - Complainte des crépuscules célibataires

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Jules LAFORGUE (1860-1887) (Recueil : Des Fleurs de bonne volonté) - Complainte des crépuscules célibataires C'est l'existence des passants... Oh ! tant d'histoires personnelles !... Qu'amèrement intéressant De se navrer de leur kyrielle ! Ils s'en vont flairés d'obscurs chiens, Ou portent des paquets, ou flânent... Ah ! sont-ils assez quotidiens, Tueurs de temps et monomanes, Et lorgneurs d'or comme de strass Aux quotidiennes devantures ! ... La vitrine allume son gaz, Toujours de nouvelles figures ... Oh ! que tout m'est accidentel ! Oh ! j'ai-t-y l'âme perpétuelle !... Hélas, dans ce cas, rien de tel Que de pleurer une infidèle !... Mais qu'ai-je donc laissé là-bas, Rien. Eh ! voilà mon grand reproche ! Ô culte d'un Dieu qui n'est pas Quand feras-tu taire tes cloches !... Je vague depuis le matin, En proie à des loisirs coupables, Epiant quelque grand destin Dans l'œil de mes douces semblables Oh ! rien qu'un lâche point d'arrêt Dans mon destin qui se dévide !... Un amour pour moi tout exprès En un chez nous de chrysalide !... Un simple cœur, et des regards Purs de tout esprit de conquête, Je suis si exténué d'art ! Me répéter, oh ! mal de tête !... Va, et les gouttières de l'ennui ! Ça goutte, goutte sur ma nuque... Ça claque, claque à petit bruit... Oh ! ça claquera jusque... jusque ?...

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