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Jean DOUBLET (1529-160x) - De Fontainebleau

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Jean DOUBLET (1529-160x) - De Fontainebleau Par les sablons, par les roches désertes, Dont les os durs ces châteaux ont murés, Par les hautes étables vertes Des cerfs, du vilain assurés, Maigre, ennuyé, lassé, me repromène, Chargé du soin qu'à nos Dieppois je doi, Mais, surtout, me poise la peine D'être, Sibille, loin de toi. Ni les jardins, ni la fontaine vive, Nommant ce lieu du nom de sa belle eau, Ni l'étang, ni sa fraîche rive, Ni des pavillons le plus beau, Ni les couleurs des longues galeries, Qui, la voix près, montrent un monde vif, Ni les riches tapisseries, Ni bronze, ni marbre naïf, A eux mon oeil tellement ne ravissent Qu'à toi toujours ne soupire mon coeur Ainsi à chaque pas rafraîchissent Les mémoires de ma langueur. Soir et matin, que ces bois je trépasse, O Nymphes, dis je, et Satyres pelus Qui ci dans mainte fosse basse Couplez vos amours dissolus, Pussé je au moins, main en main, sous cette ombre, Quelques cent pas avec ma dame aller. Pussions nous bouche à bouche, un nombre, D'honnêtes paroles mêler. Voyant bondir ces sources éternelles Du roc moussu, qui pas ne semble feint, Ah ! dis je alors combien de telles Ce mien feu n'auraient pas éteint ! Voyant partout la devise royale, Cet' Salamandre au feu se nourrissant, Je pense à la flamme loyale Seule, ta merci me paissant. En bronze ai vu l'Égyptienne dame Antique pièce, et parlai en ce point Ce serpent, Reine, au bras t'entame, Et Cupidon au coeur me point ; Bref, visitant tailles, bosses, peintures, Quelconque point m'en aille regardant, Amour vient en mille figures Nouvelles flèches me dardant. Mais plus que tout, ces Sibilles m'affollent, Peintes partout pour leur divin renom Désirant que mes vers t'enrôlent L'onzième de ce sacré nom.

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