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JACQUES COPEAU

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Jacques Copeau, après avoir fondé la Nouvelle Revue française, dont il assuma la direction jusqu'en 1913, songe à entreprendre une vaste réforme du théâtre, « abandonné aux spéculations des exploiteurs ». Il découvre, dans le quartier Saint-Sulpice, une étroite salle de patronage : il en fait le théâtre du Vieux-Colombier. Il y forme une troupe homogène et enthousiaste, qui travaille sans relâche. A cette troupe appartiennent Louis Jouvet, Valentine Tessier, Charles Dullin. Copeau, avec beaucoup d'éclectisme, monte des spectacles très variés : pièces étrangères (La Nuit des rois, de Shakespeare; Les Frères Karamazov, de Dostoïevski); pièces classiques (L'Amour médecin et La jalousie du Barbouillé, de Molière); pièces méconnues (Le Carrosse du Saint-Sacrement, de Mérimée); pièces inédites (Saül, d'André Gide; Le Paquebot Tenacity, de Charles Vildrac). Copeau abandonne le Vieux-Colombier en 1924; ses disciples, les « Copiaux », devaient plus tard se réunir, sans lui, sous le nom de « Compagnie des Quinze ». Jacques Copeau défend la cause d'un « théâtre de sincérité », fait de densité et de vigueur, non de faux éclat. Il recommande une mise en scène dépouillée et suggestive : sur un plateau de ciment encadré de quelques draperies, un tronc d'arbre évoquera une forêt. Il exige que tous les membres de sa troupe conjuguent leurs efforts au lieu de rechercher un succès personnel : « Plus de vedettes. Tous les acteurs au même plan : la reine d'hier aujourd'hui servante. » Ainsi placé sous le contrôle permanent d'un metteur en scène éclairé, l'interprète devient le serviteur de l'oeuvre. En somme, le premier des grands animateurs du théâtre contemporain, tout en demeurant accessible aux manifestations du génie moderne, revenait à l'esthétique classique. Il apportait d'ailleurs dans tous ses entreprises le goût le plus sûr et le plus fin : acteur à l'occasion, mais surtout lecteur et commentateur incomparable, Jacques Copeau a pu imposer ses réformes grâce au rayonnement de son autorité personnelle.

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