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Georges Duhamel écrivait à propos du cinéma, dans les « Scènes de la Vie Future », ces lignes sévères : « c'est un divertissement d'ilotes, un passe-temps d'illettrés, de créatures misérables, ahuries par leurs besognes et leurs soucis. » Partagez-vous cette opinion ?

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1° II est intégré aux mouvements artistiques. Le Surréalisme s'y est exprimé, comme en littérature, en peinture, en sculpture. Le Chien Andalou de Buñuel en est le témoignage. Des poètes en ont fait leur instrument d'expression, tels Prévert et Cocteau (Le sang d'un Poète, Orphée). 2° II possède un langage original. Duhamel affirme n'avoir aucun effort à accomplir au cinéma. Sans sombrer dans un certain snobisme de la technique, nous devons admettre que les images ont leur sens propre et qu'on peut analyser un film bien fait, par la succession de ses plans. Chaque metteur en scène a d'ailleurs son style personnel qu'on retrouve d'une oeuvre à l'autre, comme chez les romanciers ou les poètes : Bergmann, Antonioni, Buñuel manifestent une vigoureuse originalité. 3° II est riche de signification. L'émotion esthétique suscitée par une oeuvre cinématographique peut être plus profonde que toute autre à cause de la force des images.

« INTRODUCTION : Le cinéma n'a pas été d''emblée considéré comme un art.

Les milieux cultivés sont restés longtemps méfiants en face de ce divertissement nouveau et le sont encore ; Duhamel se fait, dans les Scènes de la Vie Future, l'écho de cette hostilité. I.

UN DIVERTISSEMENT D'ILOTES Entre les deux guerres on parle beaucoup du « ciné » dans la chanson de café-concert.

Il ne s'agit encore, s'il faut en croire les chansonniers, que d'une distraction facile, recherchée le samedi soir ou le dimanche par une foule qu'elle avilit. 1° Un spectateur passif.

Les images se succèdent sur l'écran et l'on ne peut à aucun moment revenir sur ce qui précède, comme on ferait devant un livre.

L'esprit est si vite absorbé par ce rythme visuel qu'il oublie de réagir, de critiquer.

Le spectacle ne demande aucun effort et n'enrichit ni l'intelligence ni la volonté. 2° Une mythologie malsaine.

Autour du cinéma se sont créées les idoles nouvelles, acteurs et actrices.

On a parlé avec raison de mythes à propos de Greta Garbo, de James Dean, de Brigitte Bardot.

Une partie du public se laisse fasciner par l'éclat artificiel d'êtres qu'il envie et auxquels il voudrait s'assimiler. D'autres mythes se créent dans les films eux-mêmes.

Les surhommes, dont James Bond est une incarnation, offrent l'image de la violence ou de l'érotisme.

La vogue du film policier a succédé à celle du western, mais ces productions ont pour effet commun d'exalter les bas instincts du public.

Les statistiques montrent à quel point la masse des films justifie la critique de Duhamel.

Mais une minorité active de cinéastes tente de créer autre chose qu'une drogue dominicale. II.

UN DIVERTISSEMENT DE CHOIX Le cinéma a conquis ses lettres de noblesse.

L'université l'admet, l'utilise et même en fait un sujet d'étude. 1 ° Le cinéma documentaire.

Il attire un public nombreux curieux de géographie et de sciences qui se presse aux films d'Haroun Tazieff, du commandant Cousteau.

La création artistique est évoquée aussi, comme en témoignent les films sur Breughel, Van Gogh, Picasso...

Le sport a fait naître une oeuvre tonique retraçant les Jeux Olympiques de Tokyo.

L'homme apparaît constamment dans sa diversité ethnique ou sociale : le cinéma-vérité de Chris Marker en est l'illustration. 2° Le cinéma littéraire.

On a porté à l'écran des oeuvres théâtrales comme le Bourgeois Gentilhomme et le Mariage de Figaro, joués par les acteurs de la Comédie Française.

Ces pièces y gagnent parfois des résonances nouvelles : le Dom Juan de Molière, tourné pour la télévision, prenait un ton shakespearien.

On a également adapté des ouvrages romanesques.

Le procédé sans ' doute est discutable, mais le Rouge et le Noir d'Autant-Lara a certainement amené de nombreux lecteurs à Stendhal. 3° L'humanisme cinématographique.

Les grands problèmes humains trouvent leur expression au cinéma et y attirent le public : problèmes de la guerre (Quand passent les cigognes), de l'amour (Un homme et une femme), de la religion et de la métaphysique (oeuvres de Bresson, de Bergmann).

Les problèmes sociaux sont aussi évoqués : la misère dans les films du néo-réalisme et notamment dans la Strada de Fellini, la justice et ses imperfections dans les films de Cayatte. Dans ce domaine pourtant le cinéma ne fait qu'illustrer et élargir les thèmes traités dans les livres.

Ne peut-il être un art en lui-même ? III.

UN ART ORIGINAL Duhamel fonde sa critique sur la vision de spectacles commerciaux.

Mais de véritables artistes ont trouvé leur voie au cinéma. 1° II est intégré aux mouvements artistiques.

Le Surréalisme s'y est exprimé, comme en littérature, en peinture, en sculpture.

Le Chien Andalou de Buñuel en est le témoignage.

Des poètes en ont fait leur instrument d'expression, tels Prévert et Cocteau (Le sang d'un Poète, Orphée). 2° II possède un langage original.

Duhamel affirme n'avoir aucun effort à accomplir au cinéma.

Sans sombrer dans un certain snobisme de la technique, nous devons admettre que les images ont leur sens propre et qu'on peut analyser un film bien fait, par la succession de ses plans.

Chaque metteur en scène a d'ailleurs son style personnel qu'on retrouve d'une oeuvre à l'autre, comme chez les romanciers ou les poètes : Bergmann, Antonioni, Buñuel manifestent une vigoureuse originalité. 3° II est riche de signification.

L'émotion esthétique suscitée par une oeuvre cinématographique peut être plus profonde que toute autre à cause de la force des images.

Il suffit d'évoquer à titre d'exemples la fusillade des escaliers dans le Cuirassé Potemkine d'Eisenstein ou la marche des travailleurs dans le Métropolis de Fritz Lang.

Les silhouettes qui se détachent sur des murs blancs dans les films d'Antonioni prennent un relief saisissant. Une synthèse de la condition humaine se dégage des images symboliques (les personnages perdus dans le paysage comme dans Jules et Jim de Truffaut ) et des retours en arrière (Les Fraises sauvages de Bergmann). L'utilisation du mouvement, élément essentiel de la vie, permet aussi d'extraire du réel toute sa portée. CONCLUSION : Le cinéma n'est pas encore placé au même rang que les arts nobles, le théâtre ou la musique, qu'il utilise pourtant parfois en les dépassant.

Son évolution devrait lui permettre d'enrichir les spectateurs au lieu de les abêtir.. »

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