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François de MALHERBE (1555-1628) - Mes yeux, ...

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François de MALHERBE (1555-1628) - Mes yeux, ... Mes yeux, vous m'êtes superflus ; Cette beauté qui m'est ravie, Fut seule ma vue et ma vie, Je ne vois plus, ni ne vis plus. Qui me croit absent, il a tort, Je ne le suis point, je suis mort. O qu'en ce triste éloignement, Où la nécessité me traîne, Les dieux me témoignent de haine, Et m'affligent indignement. Qui me croit absent, il a tort, Je ne le suis point, je suis mort. Quelles flèches a la douleur Dont mon âme ne soit percée ? Et quelle tragique pensée N'est point en ma pâle couleur ? Qui me croit absent, il a tort, Je ne le suis point, je suis mort. Certes, où l'on peut m'écouter, J'ai des respects qui me font taire ; Mais en un réduit solitaire, Quels regrets ne fais-je éclater ? Qui me croit absent, il a tort, Je ne le suis point, je suis mort. Quelle funeste liberté Ne prennent mes pleurs et mes plaintes, Quand je puis trouver à mes craintes Un séjour assez écarté ? Qui me croit absent, il a tort, Je ne le suis point, je suis mort. Si mes amis ont quelque soin De ma pitoyable aventure, Qu'ils pensent à ma sépulture ; C'est tout ce de quoi j'ai besoin. Qui me croit absent, il a tort, Je ne le suis point, je suis mort.

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