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En écrivant La Condition Humaine, Malraux nous a-t-il donné à lire un roman ?

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« Introduction Peut-on douter que, malgré le caractère particulier du titre La Puissance et la Gloire, Graham Greene ait écrit un roman ? Depuis la conception de ce récit en 1938, le titre est toujours accompagné de la mention « roman ».

Voilà une étiquette sans ambiguïté.

Dans l'œuvre de Malraux, il en va de même pour La Voie royale ; pour La Condition humaine, non.

Certes cette œuvre est répertoriée parmi ses romans, sans contestation.

Mais sa lecture ne permetelle pas, au moins dans un premier temps, de légitimer une hésitation, vu le caractère abstrait de son intitulé et de certains passages, ses allures de reportage ou de chronique à caractère historique et politique, ainsi qu'un certain phénomène de mythification et de théâtralisation.

Une analyse de l'art dont témoigne l'écriture de Malraux, nous en apprendra davantage sur la véritable nature de cette œuvre. Première idée directrice : les aspects apparemment non romanesques. I.

Une couleur philosophique A.

Le titre Il est général et abstrait.

Il pouvait surprendre un lecteur de 1933 habitué aux titres des romans du XIXe siècle annonçant une histoire personnalisée ou circonstanciée (Madame Bovary, L'Assommoir), ou jouant un rôle symbolique (Le Rouge et le Noir). Il est vrai que Proust, en publiant à partir de 1913 A la recherche du temps perdu, avait fait pénétrer le lecteur dans l'âge du « roman métaphysique ».

En tout cas, un lecteur d'aujourd'hui qui a pu lire, de Sartre, La Nausée ou de Camus, La Chute, n'éprouvera pas le même embarras. Il n'en demeure pas moins vrai que la référence à l'une des « Pensées » de Pascal les plus célèbres est claire ; Malraux la revendiqifeit.

Ne met-il pas dans la bouche de Gisors l'expression même qu'utilise à peu de choses près le moraliste : la «condition d'homme» ? Le titre de Malraux est même plus abstrait en mettant l'accent sur le seul nom. B.

Des réflexions et des méditations. Elles jalonnent et interrompent assez souvent le récit : une demi-heure après avoir accompli le meurtre initial, Tchen médite sur «ce monde nocturne » auquel il s'accorde « d'instinct », ou plus tard sur la souffrance en compagnie du pasteur Smithson, «son premier maître». Ferrai médite sur la situation politique ou sur l'érotisme.

Clappique dialogue avec le peintre japonais Kama sur l'art et la mort.

C'est surtout Gisors qui se livre à de nombreuses réflexions, seul ou en conversant avec son fils Kyo ou May, la femme de celui-ci ; discutant avec Ferrai au bar du « Cercle français » (fin de la 4e partie), c'est lui qui utilise l'expression constituant le titre. C.

L'arrière-plan philosophique. Les exégètes de La Condition humaine y décèlent des échos de Nietzsche : non pas le philosophe mal compris de la «Volonté de puissance» et du surhomme qui s'affirmerait en humiliant les autres (encore que Ferrai, l'aventurier dominateur, soit un peu le reflet de cette attitude de pensée), mais celui qui pense être essentiel d'«épargner à tout homme la honte».

Au thème de la domination se substitue celui de la dignité, amplement orchestré vers la fin de la 6e partie au moment où Kyo et Katow vont mourir. « Un homme est la somme de ses actes », fait dire Malraux à l'un de ses personnages.

Plus tard il affirmera que la phrase est d'inspiration hégélienne et qu'il ne la prend pas à son propre compte : elle est prononcée par Ferrai qui n'est que l'un des pôles de l'œuvre. Enfin il s'oppose à Freud et à l'importance que celui-ci attache à l'expérience psychologique personnelle.

Pour Malraux, un « être humain se définit [...] aussi par nombre d'événements qui ne sont pas individuels, quoique liés à l'inconscient». II.

L'aspect journalistique Malraux recourt à la technique du reportage. A.

Certes le roman du XIXe siècle l'exploite déjà d'une certaine façon : un personnage est introduit dans un monde qu'il nous découvre en le découvrant lui-même ; Balzac ou Zola en fournissent maint exemple. B.

Mais Malraux va beaucoup plus loin dans Xa Condition humaine : chaque partie est précisément datée : ire partie : 21 mars 1927, 2e partie : 22 et 23 mars, 3e partie : 29 mars, 4e et 5e parties : 11 avril, 6e partie : 12 et 13 avril, 7e partie : «Paris, Juillet», pour le premier volet de l'épilogue. A l'intérieur des parties, au moins des 6 premières, l'heure est indiquée avec minutie.

Nous vivons les événements comme nous les ferait vivre un «correspondant de guerre». L'illusion journalistique était d'autant plus grande pour les lecteurs de 1933 que Malraux prétendait s'être trouvé à Shangaï en 1927 et avoir assisté à la répression. III.

La part de la chronique historique, politique et économique Shangaï est, dans les années 1920, une métropole cosmopolite, mais aussi le bastion de la nouvelle bourgeoisie d'affaire chinoise, de l'intelligentsia occidentalisée et du prolétariat industriel ; un lieu de fermentation politique.. »

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