Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les visages de la vie) - Les hôtes
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Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les visages de la vie) - Les hôtes - Ouvrez, les gens, ouvrez la porte, je frappe au seuil et à l'auvent, ouvrez, les gens, je suis le vent qui s'habille de feuilles mortes. - Entrez, monsieur, entrez le vent, voici pour vous la cheminée et sa niche badigeonnée ; entrez chez nous, monsieur le vent. - Ouvrez, les gens, je suis la pluie, je suis la veuve en robe grise dont la trame s'indéfinise, dans un brouillard couleur de suie. - Entrez, la veuve, entrez chez nous, entrez la froide et la livide, les lézardes du mur humide s'ouvrent pour vous loger chez nous. - Levez, les gens, la barre en fer, ouvrez, les gens, je suis la neige ; mon manteau blanc se désagrège sur les routes du vieil hiver. - Entrez, la neige, entrez, la dame, avec vos pétales de lys, et semez-les par le taudis jusque dans l'âtre où vit la flamme. Car nous sommes les gens inquiétants qui habitons le nord des régions désertes, qui vous aimons - dites, depuis quels temps ? pour les peines que nous avons par vous souffertes.
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