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Dans ses Réflexions sur le roman, publiées en 1938, le critique Albert Thibaudet distingue les «lecteurs» qui « ne demandent au roman qu'une distraction, un rafraîchissement, un repos de la vie courante» et les «liseurs» pour qui le roman existe « non comme un divertissement accidentel, mais comme une fin essentielle». En vous fondant sur votre expérience personnelle et en vous aidant d'exemples précis, vous direz ce que vous pensez d'une telle distinction.

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Quand nous ouvrons un roman, qu'y cherchons-nous ? Est-ce un divertissement, une rupture avec notre vie quotidienne, ou notre quête est-elle plus essentielle, que ce soit un besoin d'identification qui nous éclaire sur nous-même, ou de découverte d'univers inconnus et de plaisir esthétique ? Dans ses Réflexions sur le roman, Albert Thibaudet donne deux noms différents à ceux qui pratiquent la lecture : il réserve le terme courant de «lecteurs » pour ceux qui pratiquent la lecture pour la première approche — distraction, évasion — et emploie le néologisme « liseurs » pour ceux qui pratiquent la seconde et voient dans la lecture du roman « une fin essentielle ».

« Dans ses Réflexions sur le roman, publiées en 1938, le critique Albert Thibaudet distingue les «lecteurs» qui « ne demandent au roman qu\'une distraction, un rafraîchissement, un repos de la vie courante» et les «liseurs» pour qui le roman existe « non comme un divertissement accidentel, mais comme une fin essentielle».

En vous fondant sur votre expérience personnelle et en vous aidant d\'exemples précis, vous direz ce que vous pensez d\'une telle distinction. Introduction Quand nous ouvrons un roman, qu'y cherchons-nous ? Est-ce un divertissement, une rupture avec notre vie quotidienne, ou notre quête est-elle plus essentielle, que ce soit un besoin d'identification qui nous éclaire sur nousmême, ou de découverte d'univers inconnus et de plaisir esthétique ? Dans ses Réflexions sur le roman, Albert Thibaudet donne deux noms différents à ceux qui pratiquent la lecture : il réserve le terme courant de «lecteurs » pour ceux qui pratiquent la lecture pour la première approche — distraction, évasion — et emploie le néologisme « liseurs » pour ceux qui pratiquent la seconde et voient dans la lecture du roman « une fin essentielle ». I.

La lecture, « divertissement accidentel ». 1.

L'accidentel. Albert Thibaudet emploie ce terme en l'opposant à « nécessaire » ; nous employons couramment l'expression « un livre qui m'est tombé entre les mains » et nous vivons alors la rencontre fortuite d'un auteur et d'un lecteur qui par désoeuvrement a ouvert un livre.

Nous avons tous connu cette « aventure » qui peut aussi bien être stérile (le livre étant oublié sitôt lu) que féconde, car il se peut que ce livre nous ouvre de nouvelles perspectives sur un sujet, sur un auteur que nous ne connaissions pas ou que nous connaissions mal ; ou encore qu'une lecture « machinale » nous entraîne vers d'autres horizons : « C'est par désoeuvrement que j'ai pris Mithridate J'y lisais sans trop suivre un vers de temps en temps » écrit Aragon (En étrange pays dans mon pays lui-même), et le nom de la ville de Nymphée l'entraîne dans une rêverie où la tragédie racinienne débouche sur une vision de la France occupée. 2.

Le divertissement. a) La lecture peut répondre au besoin de l'être humain de trouver un repos, une évasion hors du monde quotidien qui le presse et l'angoisse ; le lecteur se tourne alors délibérément vers des ouvrages qui lui paraissent faciles à lire : romans d'aventures, policiers, d'espionnage, biographies romancées, tous genres qui « se vendent bien » au moment des vacances (en sont témoins les « conseils de lecture » que donnent hebdomadaires et magazines à la veille des vacances d'été). b) Mais, même dans cette optique, le choix du lecteur peut être plus ambitieux.

Il choisira alors des romans comme ceux du siècle (Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola) ou les contes et nouvelles de Mérimée ou de Maupassant, conscient d'y trouver des procédés de narration qui lui sont familiers et qui ne le déconcerteront pas comme pourrait le faire par exemple un « nouveau roman ».

La lecture sera alors surtout une découverte de l'action, des atmosphères, des lieux, des personnages, sans que pour autant il éprouve la nécessité d'approfondir, d'analyser, de mémoriser.

Au besoin, il lira « en zigzag », ou il évitera de lire certaines descriptions, certaines considérations psychologiques qui lui semblent trop longues ; lecture peu fructueuse peut-être, mais peut-on la considérer comme complètement stérile ? André Gide, malade, écrit amèrement : « Beaucoup lu, ces derniers temps, malgré la fatigue de mes yeux.

Mais mon cerveau ne reçoit plus que des impressions peu durables ; il me semble que rien de plus ne puisse s'y graver fortement.

De sorte que je récolte somme toute peu de profit de ces lectures » (Journal, 17 janvier 1943). Pourtant, vont rester en nous des images, des silhouettes, des expressions, qui à notre insu même vont nous enrichir et nous permettre peut-être, un peu plus tard, une autre lecture. II.

La lecture comme introspection. 1.

Le roman comme miroir. a) de notre personnalité. De même que nous cherchons notre image en interrogeant un miroir, nous recherchons dans nos lectures le personnage qui nous ressemble ou à qui nous croyons ressembler.

Simone de Beauvoir dans ses Mémoires d'une jeune fille rangée raconte comment elle s'identifiait à treize ans avec le héros de L'Écolier d'Athènes d'André Laborice : « Théagène écolier sérieux, appliqué, raisonnable était subjugué par le bel Euphorien : ce jeune aristocrate éblouissait camarades et professeurs.

(...) Il mourait à la fleur de l'âge.

[...] J'identifiai Zaza [sa meilleure amie] au bel éphèbe blond et moi-même à Théagène : il y avait des êtres doués et des êtres méritants, et c'est irrémédiablement dans cette catégorie, que je me rangeais.

» Ce héros auquel nous nous identifions devient facilement pour nous une sorte de modèle.. »

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