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Corneille, L'Illusion comique, Acte V, scène 2.

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Corneille, L'Illusion comique, Acte V, scène 2. Ne me reproche plus ta fuite ni ta flamme : Que ne fait point l'amour quand il possède une âme ? Son pouvoir à ma vue attachait tes plaisirs, Et tu me suivais moins que tes propres désirs. J'étais lors peu de chose : oui, mais qu'il te souvienne Que ta fuite égala ta fortune à la mienne, Et que pour t'enlever c'était un faible appas Que l'éclat de tes biens qui ne te suivaient pas. Je n'eus, de mon côté, que l'épée en partage, Et ta flamme, du tien, fut mon seul avantage : Celle-là m'a fait grand en ces bords étrangers ; L'autre exposa ma tête à cent et cent dangers. Regrette maintenant ton père et ses richesses ; Fâche-toi de marcher à côté des princesses ; Retourne en ton pays chercher avec tes biens L'honneur d'un rang pareil à celui que tu tiens. De quel manque, après tout, as-tu lieu de te plaindre ? En quelle occasion m'as-tu vu te contraindre ? As-tu reçu de moi ni froideurs, ni mépris ? Les femmes, à vrai dire, ont d'étranges esprits ! Qu'un mari les adore, et qu'un amour extrême A leur bizarre humeur le soumette lui-même, Qu'il les comble d'honneurs et de bons traitements, Qu'il ne refuse rien à leurs contentements : S'il fait la moindre brèche à la foi conjugale, Il n'est point à leur gré de crime qui l'égale ; C'est vol, c'est perfidie, assassinat, poison, C'est massacrer son père et brûler sa maison : Et jadis des titans l'effroyable supplice Tomba sur Encelade avec moins de justice.

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