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Corneille, L'Illusion comique, Acte IV, scène 2.

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Corneille, L'Illusion comique, Acte IV, scène 2. LYSE. J'en avais tant de honte Que je mourais de peur qu'on vous en fît le conte ; Mais depuis quatre jours votre amant arrêté A fait que l'allant voir je l'ai mieux écouté. Des yeux et du discours flattant son espérance, D'un mutuel amour j'ai formé l'apparence. Quand on aime une fois, et qu'on se croit aimé, On fait tout pour l'objet dont on est enflammé. Par là j'ai sur son âme assuré mon empire, Et l'ai mis en état de ne m'oser dédire. Quand il n'a plus douté de mon affection, J'ai fondé mes refus sur sa condition ; Et lui, pour m'obliger, jurait de s'y déplaire, Mais que malaisément il s'en pouvait défaire ; Que les clefs des prisons qu'il gardait aujourd'hui Etaient le plus grand bien de son frère et de lui. Moi de dire soudain que sa bonne fortune Ne lui pouvait offrir d'heure plus opportune ; Que, pour se faire riche et pour me posséder, Il n'avait seulement qu'à s'en accommoder ; Qu'il tenait dans les fers un seigneur de Bretagne Déguisé sous le nom du sieur de la Montagne ; Qu'il fallait le sauver et le suivre chez lui ; Qu'il nous ferait du bien et serait notre appui. Il demeure étonné ; je le presse, il s'excuse ; Il me parle d'amour, et moi je le refuse ; Je le quitte en colère, il me suit tout confus, Me fait nouvelle excuse, et moi nouveau refus. ISABELLE. Mais enfin ? LYSE. J'y retourne, et le trouve fort triste ; Je le juge ébranlé ; je l'attaque : il résiste. Ce matin : " En un mot, le péril est pressant, Ai-je dit ; tu peux tout, et ton frère est absent. -- mais il faut de l'argent pour un si long voyage, M'a-t-il dit ; il en faut pour faire l'équipage : Ce cavalier en manque."

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