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Commentaire Chassignet Mortel pense quel est dessous

Publié le 08/10/2025

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« Ce sonnet de 1594 est issu d’un recueil de Jean-Baptiste Chassignet intitulé « Le mépris de la vie et la consolation contre la mort ».

De ce topos du Memento Mori, le poète réalise une version particulièrement réaliste et violente, dont nous verrons qu’elle sert une visée morale chère aux auteurs baroques, celle d’élever son âme vers Dieu avant l’heure de la mort. Dès l’entrée l’auteur apostrophe violemment le lecteur, le mettant face à la déchéance qui l’attend.

Il le hèle en tant que « mortel », indiquant qu’il va l’instruire de sa mort, et lui ordonne par un impératif de « penser », c’est-à-dire de se forcer à se représenter ce dont il a l’habitude de se détourner, un cadavre.

Il lui enjoint de regarder sous le linceul, cette « couverture » qui cache traditionnellement le corps, ne lui laissant aucune possibilité de détourner virtuellement le regard.

Au vers suivant les « os découverts » insistent sur la mise à nu du squelette devant ses yeux effrayés. Le vocabulaire utilisé est volontairement cru, et cette entrée en matière nous plonge directement dans une vision d’horreur.

Les procédés littéraires sont nombreux, le rejet de « charnier » au second vers accentue le lieu où l’auteur force le regard.

La répétition du préfixe « dé » dans des participes passés en apposition (décharné, dépulpé, dénervé, dénoué..) appuie avec insistance sur la destruction du corps qu’il nous présente.

Les mots en début de vers du premier quatrain appartiennent tous au champ lexical de la décomposition post-mortem.

Le corps, souvent célébré et magnifié dans l’art, est ici montré sous sa plus horrible apparence. Le présent de l’indicatif utilisé dans les trois premières strophes vise à empêcher le lecteur de prendre du recul, il s’agit ici de lui montrer une scène vivante et bien réelle, qui se déroulerait sous ses yeux.

C’est un présent de généralité et de réalisme : cette scène est à la fois inévitable et universelle.

Le rythme donné par les phrases hachées séparées par des virgules forme un tempo lancinant et terrible.

Le sujet du poème n’est plus une personne, il est réduit à l’état de restes, os, mains, yeux, muscles.

Passivement dévoré par les vers, avançant irrémédiablement vers une pourriture complète, le dépouille est en fait sa propre dépouille qu’il est forcé de contempler.

Le lecteur n’a d’autre choix que de se projeter dans ce corps qui cède au cycle irrépressible de la décomposition. La violence du propos est ensuite servie par une accumulation de détails de plus en plus écœurants et précis ; le poète se plaît à zoomer sur des parties du cadavre avec force descriptions et guide notre regard qu’il a capté vers d’affreux effets visuels.

« Ici », c’est-à-dire là où nous regardons avec lui, une main « tombe de pourriture », le mot « tombe » désignant d’ailleurs également la sépulture.

Il nous parle de « glaires », de « vers goulus », de « ventre déchiré », de « nez mi-rongé ».

A ce stade, chacun se représente une scène de plus en plus difficile à regarder. Enfin, après la vue, il ajoute un niveau supplémentaire dans l’horreur avec des précisions épouvantables liées à l’odorat, confirmant son envie de forcer le lecteur à observer et renifler sa propre charogne : « le ventre déchiré cornant de puanteur infecte l’air voisin de mauvaise senteur ».

Le présent de l’indicatif, les phrases courtes et précises, presque médicales, les articles définis (les yeux, les mains), tout concourt à rendre cette scène identifiable à chacun d’entre nous.

La mort joue sous nos yeux horrifiés l’éternel cycle que nous nous efforçons de cacher, et la désinvolture de l’épithète « ordinaire » renforce le côté parfaitement incontournable de la déchéance ainsi décrite. Ce n’est qu’au second tercet que l’auteur clarifie son.... »

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