Devoir de Français

Candide se clôt sur une vision originale du bonheur et peut-être énigmatique du bonheur concrétisé par la phrase « il faut cultiver notre jardin ». En quoi la vision du bonheur est-elle novatrice ? Sur quelles valeurs se fond ce bonheur ?

Extrait du document

Candide se clôt sur une vision originale du bonheur et peut-être énigmatique du bonheur concrétisé par la phrase « il faut cultiver notre jardin ». En quoi la vision du bonheur est-elle novatrice ? Sur quelles valeurs se fond ce bonheur ?

« Candide a été écrit par Voltaire lors d'une période de crise.

En effet, a l'époque de son écriture, Voltaire est hanté par ce que l'on peut nommer le problème du mal, c'est-à-dire par l'idée que le mal est omniprésente dans le monde, sous la forme de la folie humaine ou des catastrophes naturelles.

Ainsi les tribulations de Candide dans le conte éponyme font apparaitre avec une ironie dévastatrice la vacuité des théories Leibniziennes concernant l'harmonie préétablie et le meilleur des mondes possibles, censé être le notre.

En effet, la grande leçon de Candide est de faire apparaitre l'omniprésence du mal, de la folie, de l'intolérance, de la guerre, partout, ou que l'on aille sur le globe : Sade se souviendra de cette leçon dans ses propres récits de voyage (Aline et Valcour, notamment).

De cette expérience généralisée du mal et de la folie nait l'idée que le bonheur ne saurait être qu'un état de satisfaction éprouve a une vie retirée et la plus dépourvue possible des maux inhérents a la nature humaine.

Etre heureux, pour Voltaire dans le Candide, c'est se satisfaire d'une vie retirée, laborieuse, éloignant les maux que sont le besoin, l'ennui et les vices. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure cette conception du bonheur occupe une place originale au XVIIIe siècle, et sur quelles valeurs elle est fondée.

Cependant, nous ne tarderons pas a en montrer les limites, puisque nous pouvons remettre en question cette conception pessimiste et réductrice du bonheur.

Nous proposerons alors une conception concurrente de la félicité, fondée sur des valeurs opposées, émanant d'un contemporain de Voltaire : Casanova, auteur de l'Histoire de ma vie. I. Une vision novatrice du bonheur fondée sur des valeurs entièrement négatives a.

Le bonheur voltairien : le bonheur a portée de main de l' « aurea mediocritas » Les dernières pages du conte Philosophique de Voltaire, Candide, aboutissent a l'édiction d'une pensée du bonheur a la fois complètement originale et totalement pessimiste.

En effet, Robert Mauzi dans son ouvrage fameux « L'idée de bonheur dans la littérature et la pensée française au XVIIIe siècle » affirme que pour nombre des contemporains de Voltaire, le bonheur n'apparait nullement comme un état que l'homme peut se procurer, mais beaucoup plus comme un idéal a l'essence duquel appartient la caractéristique d'être perpétuellement hors de portée : « Dans les limites même de ce monde terrestre, l'homme passe son temps à accumuler les reniements et les maladresses, à défaire ce qu'il a fait, à vouloir et à ne vouloir plus.

Il semble que l'espérance ait plus de prix que le bonheur même et qu'on s'attache plus à le désirer qu'à le possède véritablement.

En tout cas, si le bonheur menace de se laisser saisir, l'homme ne manque jamais de ruses pour n'avoir pas à le prendre. Comme le dit joliment Madame de Puisieux, « le bonheur est une boule après laquelle nous courons tant qu'elle roule et que nous poussons du pied quand elle s'arrête » [1]. A l'inverse de cette conception courante au XVIIIe siècle, Voltaire propose une idée du bonheur qui fait de ce dernier un état que l'homme a tout pouvoir d'atteindre.

Le bonheur Voltairien se résume en effet, si l'on en croit Candide, a une vie réglée et laborieuse bornant l'horizon des désirs et des besoins de l'homme aux horizons de son propre « jardin ».

Le travail, on le sait grâce a la fameuse formule de ce texte, est en effet la condition suffisante du bonheur puisqu'il éloigne trois grands maux : le besoin, l'ennui et le vice.

La principale originalité du bonheur Voltairien est de consister dans un mode de vie modeste, retire, dans une « aurea mediocritas » que tous les hommes sont libres et capables de se procurer. b.

Une conception du bonheur fondée sur des valeurs pessimistes Mais il faut bien voir que cette conception originale du bonheur est fondée sur des valeurs entièrement pessimistes, sur une pensée de la nature et de la vie humaine profondément désenchantée.

En effet, si Voltaire fait consister le bonheur humain dans une vie aspirant à la médiocrité (au sens positif de ce terme, synonyme d'équilibre) et au travail, c'est parce que l'ensemble de son conte, ironiquement sous titré « L'optimisme » est hanté par une vision profondément pessimiste de l'existence.

Car que nous montre Candide, sinon l'existence du mal, de la folie et de la souffrance sous toutes les latitudes ? Toutes les promesses de bonheur finissant par être ruinées, la leçon définitive est donc de « toujours demeurer ou l'on se trouve à peu prés bien » de peur d'être plus mal en s'éloignant.

C'est parce que le monde est pour Voltaire ravagé par le problème du mal (le tremblement de terre de Lisbonne en est l'une des manifestations les plus évidentes) que le bonheur humain ne peut être autre chose qu'un état de satisfaction éprouvé a une vie laborieuse et la plus dépourvue possible des maux inhérents a la condition humaine. II. Une conception réductrice du bonheur?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles