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Bernard Clavel, L'Espagnol.

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Bernard Clavel, L'Espagnol. Enrique murmura quelques mots qui se perdirent dans le bruit et se retourna pour soulever la bâche. La camionnette avait ralenti. Elle roulait à présent sur le bas-côté de la route. Penché à son tour, Pablo regarda au-dehors. La lueur des phares ébauchait quelques formes que la nuit reprenait aussitôt. Les rafales giflaient la bâche avec un bruit de vagues et la pluie crépitait sur la tôle de la cabine. Il y eut un grand éclaboussement et la camionnette s'arrêta. La porte s'ouvrit et ils entendirent le chauffeur patauger dans les flaques, hésiter puis s'éloigner. Enrique remua un peu. – C'est à nous, dit-il. Il souleva de nouveau la bâche et Pablo se tourna encore vers lui pour regarder. Le chauffeur était debout sur le seuil d'une maison, à quelques mètres de la route. Une main au chambranle et l'autre sur la poignée de la porte, il devait parler à quelqu'un qu'on ne voyait pas, mais le vent et la pluie couraient toujours, emportant ce qu'il disait. – C'est un café, dit Enrique en laissant retomber la toile. Il y a une réclame d'apéritif collée contre la vitre de la porte. – Si c'est un café, dit un des autres, c'est sûrement pas là qu'on s'arrête. Son camarade eut un ricanement pour ajouter : – Ce serait trop beau si on nous envoyait dans des cafés. Moi, j'avais un copain, garçon de café à Teruel, il gagnait gros. – C'était sûrement pas un café comme celui-là grogna Enrique. L'autre n'avait sans doute pas compris. Un moment s'écoula, toujours avec le bruit de la tempête et le ronronnement du moteur.

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