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Bernard Clavel, L'Espagnol.

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Bernard Clavel, L'Espagnol. Pablo avait plié ses jambes et posé son menton sur ses genoux. Il était presque bien. A sa gauche, il sentait la chaleur d'Enrique. En face, il voyait aller et venir le point rouge de la cigarette que les deux autres se passaient. Après quelques minutes, le chauffeur revint. Sur la route, à côté de son pas, il y avait un bruit de sabots. La bâche du fond se souleva. Il y eut trois étincelles, puis la flamme d'un briquet derrière une main. Le chauffeur se pencha vers l'intérieur et tira son papier de sa poche. La flamme se couchait en tremblant. Le chauffeur hésita puis dit lentement : – Pedrel Enrique et Sanchez Pablo. Les deux hommes se levèrent. Les autres leur dirent au revoir en leur souhaitant bonne chance. Comme ils sautaient à terre, l'un d'eux leur cria en riant : – Et si vous pouvez acheter le café, je sais tirer le vin. Aussitôt dehors, ils reçurent en pleine figure une gifle glacée. Toute la bonne chaleur qu'ils avaient réussi à garder autour d'eux à force de rester immobiles venait d'être emportée par le premier coup de vent. Pablo essaya de voir l'homme qui accompagnait le chauffeur, mais la nuit était trop épaisse et la lumière du café ne venait pas jusqu'à la route. Elle coulait sur deux marches de pierre et s'arrêtait dans une flaque où l'eau bouillait sous l'averse. On va vous expliquer où il faut aller, dit le chauffeur. – C'est pas là ? demanda Pablo. – Non, mais c'est pas bien loin. Seulement, voilà, pour y aller avec la camionnette, il aurait fallu prendre à gauche, à plus de trois kilomètres d'ici. Alors, vous comprenez, je ne peux pas retourner, ce serait trop long. – Sûrement, dit l'homme aux sabots. D'ici, vaut mieux aller à pied en prenant par le raccourci. Ça monte un peu, mais vous pourrez pas vous tromper. Je vais vous expliquer. Il parlait vite et prononçait mal. – Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Enrique.

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