Devoir de Français

Bernard Clavel, L'Espagnol.

Extrait du document

Bernard Clavel, L'Espagnol. Pablo étendit le bras, souleva la lanterne, l'ouvrit et souffla sur la bougie. Il reposa la lanterne sur le plancher et fixa le point rouge de la mèche qui diminua lentement avant de disparaître. – Dommage qu'on n'ait pas pu faucher un peu de tabac dans le pot. J'y ai bien pensé, mais cette garce nous regardait tout le temps. – Elle nous en a donné, remarqua Pablo, c'est déjà bien. Elle n'était pas obligée. Et puis, de toute façon, ça ne serait pas prudent de fumer ici. – Tu parles, je vais bien me priver, quand j'aurai de quoi ! Pablo ne répondit pas. Il n'avait pas sommeil, mais la fatigue montait en lui avec la chaleur. Il s'engourdissait peu à peu. – Qu'est-ce que tu en penses, de cette femme, demanda Enrique ? – Ils n'ont pas l'air d'être mauvais, je crois qu'on aurait pu tomber beaucoup plus mal. – Je ne te parle pas de ça, mais la femme, tu te l'enverrais pas, toi ? Comme Pablo se taisait, Enrique insista : – Tout à l'heure, en bas, quand elle ouvrait la porte, je me suis approché et j'ai touché ses nichons. C'est plus ferme qu'on pourrait croire. – Tu ferais mieux de ne pas trop faire de conneries, sinon on ne tardera pas à se faire foutre dehors. – Penses-tu, j'ai senti tout de suite qu'elle en demande, cette bonne femme. Je suis sûr que le vieux ne peut plus rien faire. Ça se voit qu'elle a besoin. Ça se voit au premier coup d'œil. – Tais-toi, dit Pablo, tu te montes la tête et tu nous feras arriver des histoires. Mais Enrique était lancé. Il ne voulait rien entendre. Au contraire, se soulevant sur un coude dans l'obscurité, il se remit à parler. – Moi, je t'assure qu'elle en a envie. Et je te parie qu'avant trois jours je me l'envoie. Seulement, t'inquiète pas, je ne vais pas lui faire des propositions devant son vieux. Suffira que je trouve l'occasion de la coincer seule.

Liens utiles