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Albert Camus

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Né en Algérie, Albert Camus eut une enfance ensoleillée et maritime, bien qu'endeuillée par la mort de son père, tombé à la bataille de la Marne. Élevé par sa mère espagnole, il étudia la philosophie à l'université d'Alger puis pratiqua divers métiers, dont celui d'acteur, avant de devenir journaliste (1938-40). Passionné par l'aspect technique du théâtre, il dirigea quelque temps une troupe d'amateurs. En 1938, il effectua son premier voyage en Europe, puis entra dans la Résistance (1942) et devint rédacteur au journal Combat. La même année, il publia son premier roman, L'étranger, récit insolite sur la solitude de l'homme et l'absurdité de l'existence, thèmes qu'il reprendra dans le Mythe de Sisyphe. Ces deux romans lui valurent la gloire à la Libération, époque où Camus travaillait chez Gallimard. En 1947, il publia La peste, récit allégorique de la Résistance et première œuvre du cycle de la révolte, après celui de l'absurde. Le spectacle de l'histoire et de la misère de l'homme, condamné à la solitude face à l'impossible communication avec autrui innervèrent les écrits de Camus. En 1957, il reçut le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre. Il écrivit également pour le théâtre, adaptant notamment Les possédés de Dostoïevski à la scène. Il préparait un nouveau roman au moment où il fut tué dans un accident de voiture à l'âge de quarante-six ans.

« A lbert C amus Né en A lgérie, A lbert C amus eut une enfance ensoleillée et maritime, bien qu'endeuillée par la mort de s on père, tombé à la bataille de la Marne.

Élevé par sa mère espagnole, il étudia la philosophie à l'université d'A lger puis pratiqua divers métiers, dont celui d'acteur, avant de devenir journaliste (1938-40). P assionné par l'aspect technique du théâtre, il dirigea quelque temps une troupe d'amateurs.

En 1938, il effectua son premier voyage en Europe, puis entra dans la Résistance (1942) et devint rédacteur au journal C ombat.

La même année, il publia son premier roman, L'étranger, récit insolite sur la solitude de l'homme et l'absurdité de l'existence, thèmes qu'il reprendra dans le M ythe de Sisyphe.

C es deux romans lui valurent la gloire à la Libération, époque où C amus travaillait c hez Gallimard.

En 1947, il publia La peste, réc it allégorique de la Résistanc e et première œuvre du cyc le de la révolte, après celui de l'absurde.

Le spectacle de l'histoire et de la mis ère de l'homme, condamné à la solitude face à l'impossible communication avec autrui innervèrent les écrits de C amus .

En 1 9 5 7 , i l r e ç u t l e p r i x Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre.

Il écrivit également pour le théâtre, adaptant notamment L e s possédés de Dostoïevski à la scène.

Il préparait un nouveau roman au moment où il fut tué dans un accident de voiture à l'âge de quarante-six ans. Né Sous le signe du Scorpion dans une ferme où l'on doit encore cultiver la vigne et le tabac, à quelques kilomètres de la basilique épiscopale de SaintA ugustin, il ne connut pas son père, ouvrier agricole, tué à la bataille de la M arne, en 1 9 1 4 .

S a mère, une Espagnole illettrée, partit alors pour A lger retrouver un frère, du nom de Sintès, tonnelier, 93, rue de Lyon. A cette époque, ses parents le traînaient parfois le dimanche, chez des amis , dans ce quartier populaire de Belcourt qui servit plus tard de décor à ses tout premiers livres, avec ses petites usines, ses vieilles gens qui se mettaient au balcon, les soirs d'été, pour regarder passer les tramways, ses cafés où l'on jouait à la " ronda " avec des cartes andalouses , ses marchands de beignets et ses odeurs de brochettes .

Il tenait, dit-on, de son père ce front dur comme un des blocs de la jetée sur lesquels, les jours de tempête, on entendait cogner les vagues, ce regard couleur de mer à l'embouchure des oueds et ce visage aux larges pommettes tour à tour lumineux et fermé qu'il a légué lui-même à son fils.

De sa mère, les mains dont il aimait jouer et qu'il allait tendre à la ville bruyante qui s'étalait le long de la baie et sur les collines que le printemps couvrait de fleurs. L'attachement à l'A lgérie a joué chez lui un si grand rôle qu'on ne saurait c omprendre l'été invincible qui l'habite, ni sa faim de jus tice, sans évoquer le mystère biochimique ou alchimique que représente cette terre où la misère et la richesse pouvaient se côtoyer sans s'insulter, où le ciel et la mer, seuls biens essentiels, fournissent tout naturellement à l'esprit les thèmes de la vie, de la contemplation et de la mort si étroitement mêlées qu'on ne sait plus très bien discerner le commencement et la fin de leurs domaines propres. En 1933, après des études s upérieures menées brillamment malgré les premières atteintes de la tuberculose, il entre, comme surnuméraire provisoire, à la préfecture d'A lger où on l'emploie à donner des numéros minéralogiques aux véhicules.

En arrivant à la fin d'une centaine, il se trompe, s'en aperçoit et répare son erreur en envoyant aux propriétaires des voitures qui portent la même immatriculation une circulaire les menaçant des pires sanctions s'ils ne lui rapportent pas leur carte gris e. Le directeur de la quatrième division, Jean Pomier, président des éc rivains algériens, essaie de le faire monter en grade et lui demande un rapport qu'il écrit dans le s tyle de l'Etranger.

Renonçant à apprendre les formules administratives qu'on essaie de lui enseigner, il s'en va.

A u service météorologique il analyse, pendant un an, les situations des zones désertiques, dépouille des quintaux d'archives, en tire une synthèse imposante et des courbes de pressions atmosphériques.

P lus tard, journalis te à " A lger-Républicain " où il a pris le parti des humbles contre l'administration, si violemment qu'on l'expulsera, il apprendra que sa peine n'a servi à rien car, dans tous les postes militaires, la plupart des soldats employés à la météo se contentaient de recopier les précédentes.

C 'est là qu'il a commencé à ne pas accepter l'ordre établi, à poser les fondements d'une morale de l'absurde et à prendre le bonheur au tragique.

C 'est à cela aussi qu'il faut rattacher son court passage au parti communiste. En 1935 et 1936, il écrit l'Envers et l'Endroit pour Edmond C harlot qui l'édite à A lger à un petit nombre d'exemplaires.

Un de ses maîtres, à qui l'ouvrage est dédié, trouve cela bien mais sans rien d'extraordinaire et tente de le diss uader d'écrire.

Il devient lecteur chez C harlot, publie des textes dans " Sud ", écrit un roman qu'il trouve mauvais et qui est perdu, monte une troupe théâtrale et adapte pour elle Malraux et Dostoïevski.

Un jour, remplaçant un acteur au pied levé, il y goûte un tel plaisir qu'il continue de jouer.

P our gagner un peu d'argent en préparant sa licence de philosophie, il s'engage dans les tournées A lec Barthus pour quatre-vingts francs par cachet et tient le rôle de Sganarelle dans les petites villes du bled. A 29 ans, alors qu'il a dû quitter l'A lgérie, l'étranger et le Mythe de Sisyphe lui valent la célébrité.

En 1944 et 1945, ses éditoriaux de " C ombat " marquent l'époque fiévreuse de la Libération par sa rigueur et sa noblesse.

O n joue le Malentendu et C aligula.

Sa gloire éclate en 1947 avec la Peste et ne fera plus que croître, le chargeant par moments d'un poids insupportable.

Il est, avec Sartre, un des deux prophètes de l'après-guerre.

Mais la maladie dont il n'est pas guéri le convainc qu'il ne dispose que de peu de temps . Le 3 janvier 1960, des amis, parmi les plus chers qu'il eut jamais, passèrent le voir à Lourmarin.

Il devait partir pour Paris deux jours plus tard par le train, mais un s olitaire comme lui ne savait jamais résister à la tendresse et à l'amitié : il les accompagna.

Le lendemain, quelques minutes avant deux heures de l'après-midi, la mort l'attendait sur la nationale 5, près du village de V illeneuve-la-Guyarde, dans l'Yonne.

Le médecin qui vint pour le constat funèbre s'appelait C amus. C omment juger une œuvre inachevée ? C omment la lire et l'entendre quand l'âge et un art plus parfait ne lui ont pas apporté des retouches ou des repentirs ? C omment décider qu'elle ne se serait pas durcie et que ce cartésien de l'absurde n'aurait pas refusé avec plus de netteté de se soumettre aux règles établies ? Une quinzaine d'essais et de récits, quatre pièces de théâtre, c'est peu pour s'exprimer quand on ne cess e de s'élever et que le regard embrass e davantage à chaque nouvelle foulée.

Qui sait, oui, si tout en haut, il n'allait pas découvrir ce qu'il sentait lui échapper ? Sa morale va jus qu'au suic ide si tout ce que fait l'homme est vain.

M ais cela dépend de l'homme, justement, et la révolte contre ce qui s'oppos e à l'homme est l'amorce de la grâce et du salut.

C 'est là, peut-être, qu'il se trompe quand il appelle la révolte et refuse l'injustice qu'engendre fatalement toute révolte.

C 'est là que ses ennemis, pour peu qu'ils se limitent dans leur enquête, lui reprochent de n'être pas allé au bout de tous ses choix et ricanent devant ce mot de justice qu'il a tant crié parce qu'il était d'un pays où, pour ceux qui n'ont que le soleil pour bien, la justice compte plus que le pain et devant ce mot de juste qu'il a voulu mériter.

Il vécut les événements d'A lgérie comme une tragédie antique. O n l'aimait pour sa noblesse, sa rigueur et cette fraternité contagieuse qu'il n'a cessé de pratiquer.

Sous son aspect aride et doctoral, la fâcherie de Sartre elle-même n'est qu'une brouille amoureuse.

M .

Robert Kanters lui a reproché d'être l'ami du genre humain.

C 'est réduire sa généros ité à la complaisance d'une concierge au cœur tendre et faire peu de c as des responsabilités qu'il se reconnaissait ou dont on l'accablait.

C , a mène loin une morale qui repose sur la justice et la charité ! La majorité de ceux qui exigeaient de lui un choix qui ne leur coûtait rien n'aurait pas seulement songé à c ourir au secours des causes qu'il a été le premier à défendre, alors même qu'on les ignorait ou qu'on les jugeait perdues d'avance.

Q uant à ses amis, aucun qui soit allé au combat avant lui ou n'ait tiré de son exemple les exigences nécessaires.

Sa philosophie pouvait être grinçante : il la tempérait dans les propos par sa chaleur nord-africaine et son désespoir ne poignardait que lui-même, toujours là, en effet, pour sauver les autres. C amus s'éloigne ? Il serait imprudent de l'affirmer.

O u alors, c'est qu'une certaine qualité humaine nous quitte avec lui et va nous laisser dans la seule compagnie des cosmonautes.

A mille kilomètres de la terre on ne sent plus le parfum des absinthes de T ipasa et des orangers de Kabylie ni l'odeur de la terre mouillée de nos campagnes.

M ais on est loin aussi des pauvres, des plages, des femmes et de la vérité du monde.. »

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