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À quelles conditions un récit devient-il un moment de théâtre ?

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·                          Haute Surveillance, Jean Genet : le récit du crime de Yeux-Verts déclenchant d'une part l'admiration de ses co-détenus et, d'autre part, l'intention de meurtre de Lefranc. II)           Le récit doit être « théâtral » Le récit inséré dans une pièce de théâtre doit comporter une certaine théâtralité : il doit être visuel, voire spectaculaire.   1)      Un texte vivant et visuel   Le récit, pour devenir un véritable moment de théâtre, doit emprunter à ce dernier son caractère spectaculaire en se faisant vivant et visuel. Le récit doit faire surgir des images vives et spectaculaires dans l'esprit du spectateur. Il doit avoir le pouvoir de rendre présent ce qui est absent. C'est pourquoi les narrations théâtrales sont généralement autant d'hypotyposes, c'est-à-dire de descriptions animées et frappantes. Le récit doit donc, s'il veut être un véritable moment de théâtre, se présenter comme un « morceau de bravoure »,  considérés comme symptomatiques du génie d'un dramaturge car ils permettent d'appréhender non seulement le travail du dramaturge sur le langage théâtral lui-même dans sa dimension essentielle de texte à dire mais surtout à entendre et à voir, mais aussi la performance des acteurs matérialisant ces mêmes textes dans leur vivacité.             Ex : ·                          la tirade des nez dans Cyrano de Bergerac de Rostand  ·                          Le récit de Théramène dans Phèdre de Racine, construit comme un tableau en mouvement. Au-delà du simple schéma narratif, on observe la construction de l'hypotypose et la volonté de matérialiser de manière sonore la scène, rendant présent sous les yeux du spectateur le drame rapporté. (étudier notamment la description visuelle et sonore du monstre)   2)      L'apport nécessaire de la mise en scène   Le récit a cependant besoin d'être totalement incarné par un personnage pour exister et révéler toute sa vivacité.

« À quelles conditions un récit devient-il un moment de théâtre ? Analyse du sujet et problématisation : Ce sujet est fondé sur un paradoxe : le récit, texte narratif et descriptif non ancré dans l'immédiateté apparaît au premier abord comme incompatible avec le théâtre, espace de représentation dans lequel la parole et l'intrigue sont incarnées dans un lieu et un moment précis.

L'expression « moment de théâtre » insiste sur le caractère instantané de la représentation théâtrale opposé au récit qui se présente comme une narration rétrospective, dont l'histoire est coupée du moment où elle est effectivement énoncée. L'insertion d'un récit dans la fiction théâtrale court le risque de provoquer l'ennui du spectateur. Pourtant les dramaturges depuis l'Antiquité ont toujours fait un usage du récit, inséré dans la représentation. Problématique : Quels éléments, tant dans la substance même du texte narratif que dans la représentation théâtrale, permettent d'ancrer le récit de façon satisfaisante dans la fiction théâtrale sans lui faire perdre son dynamisme ? I) Le récit : un élément souvent nécessaire dans l'économie de la pièce 1) Le récit pallie des défaillances matérielles Le récit au théâtre apparaît comme une manière de pallier les difficultés, voire l'impossibilité technique et matérielle de certains passages de la représentation.

Il permet d'éviter le problème que peut représenter l'évocation d'êtres surnaturels ou d'un épisode faisant intervenir de nombreux personnages.

Le récit permet de représenter l'irreprésentable sur l'espace réduit offert par la scène. Ex : · Le Cid de Corneille : récit de la bataille contre l'armée des Maures par Rodrigue : Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. à l'impossibilité matérielle de faire figurer autant de personnages sur scène justifie le récit de la bataille. · Le récit de Théramène dans Phèdre de Racine relatant le combat entre Hippolyte et un monstre marin. 2) Le récit : nécessaire au respect des règles théâtrales Le récit est souvent nécessaire au dramaturges antiques et classiques pour respecter les règles théâtrales édictées par Aristote dans La Poétique, et redéfinies au XVIIe siècle.

Le récit permet donc de respecter la règle classique des trois unités (de temps, de lieu et d'action) tout en enrichissant la pièce : l'action rapportée dans le récit renvoie à un ailleurs temporel et spatial tout en n'entravant pas la règle des trois unités.

Le récit est aussi un bon moyen de respecter la bienséance : « Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose » affirme Boileau dans son Art Poétique. Ex : · Œdipe Roi de Sophocle : récit de la mort de Jocaste et de l'aveuglement d'Œdipe évitant une représentation horrible, sanglante et insoutenable. · Horace de Corneille : le récit du combat des Horaces et des Curiaces qui préserve la bienséance. 3) Le récit au service de l'action dramatique La narration au théâtre possède une véritable fonction dramaturgique ; elle s'avère nécessaire à la progression de l'action.

Un récit permet d'apporter de nouveaux éléments déclencheurs de péripéties.

Il sert aussi à dessiner précisément la psychologie des personnages et possède ainsi une fonction descriptive importante dans l'action théâtrale. Ex : · Le Cid de Corneille : le récit de Rodrigue racontant sa bataille contre les Maures lui confère son nouveau statut de héros et le nom de « Cid ». · Haute Surveillance, Jean Genet : le récit du crime de Yeux-Verts déclenchant d'une part l'admiration de ses co-détenus et, d'autre part, l'intention de meurtre de Lefranc. II) Le récit doit être « théâtral » Le récit inséré dans une pièce de théâtre doit comporter une certaine théâtralité : il doit être visuel, voire spectaculaire. 1) Un texte vivant et visuel Le récit, pour devenir un véritable moment de théâtre, doit emprunter à ce dernier son caractère spectaculaire en. »

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