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croissance et développement

Publié le 01/04/2024

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« Croissance et crises dans les pays développés à économie de marché depuis 1945 (2)La « crise de 73 » et ses conséquences II.

La « crise de 73 » et ses conséquences : une rupture majeure dans l’histoire des PDEM A partir de 1974, les pays développés capitalistes connaissent un retournement brutal de la conjoncture qui met fin aux Trente Glorieuses : la croissance des pays de l’OCDE chute sous les 1% (à 0,6% et devient négative en 1975 (- 0,5%).

Les PDEM entrent alors dans une période singulière caractérisée par une forte instabilité (monétaire, des cours du pétrole, financière (krach boursier en 1987 d’un volume supérieur à celui de 1929), à-coups de la croissance) et l’apparition d’un phénomène nouveau, la « stagflation ».

La nouvelle conjoncture justifie ainsi la terminologie de « crise », au sens de retournement par rapport aux Trente Glorieuses, avec des difficultés majeures comme le retour d’un chômage de masse, le déclin de pans entiers de l’industrie qui affectent profondément l’économie régionale des vieux bassins industriels.

Mais cette période est délicate à interpréter : entre 1973 et 1980 la croissance des pays de l’OCDE est > à 3,5%/an, ces pays ne connaissent que 2 reculs du PIB en 1975 et 1982, correspondant aux deux chocs pétroliers. 1.

Les racines de la crise = ce sont les fondements mêmes de la croissance qui sont tous remis en cause concomitamment. 1/.

Un choc monétaire : la fin du système de Bretton Woods.

Dans les années 1960 l’abondance de la circulation de dollars à travers le monde ébranle la convertibilité du dollar par rapport à l’or, sur laquelle reposait le système de Bretton Woods.

La crise est résolue par la décision unilatérale prise par Nixon (« Nixon choc »), le 15 août 1971, de suspendre la convertibilité du dollar, ce qui entraîne la fin d’un système de changes fixes, défini par les accords de Bretton Woods : en 1971, l’annonce du 1er déficit commercial américain depuis les années 1890 décide les Etats-Unis à renoncer au Gold Exchange Standard, à imposer une surtaxe de 10% sur les impo rtations américaines, destinée à compenser les sous-évaluations de monnaies comme le yen ou le mark, pour rétablir la compétitivité américaine. La décision américaine provoque une instabilité monétaire internationale : la suspension de la convertibilité du dollar entraîne la dépréciation de la monnaie américaine, suivie de deux dévaluations en 1971 (accords du Smithsonian Institute de Washington en décembre 1971) et en 1973.

Deux conférences internationales, celles de Washington en décembre 1971 et de la Jamaïque en 1976, tentent de revenir à un système de changes fixes mais ce sont les thèses américaines libérales, d’un ajustement des monnaies en fonction de l’offre et de la demande, qui de fait l’emportent : en 1976 (accords de la Jamaïque ou de Kingston), l’or est banalisé, il ne sert plus à la défense des monnaies mais reste un instrument de réserve monétaire, l’or est remplacé officiellement par les DTS mais qui ne jouent qu’un rôle marginal dans les réserves des banques centrales ; 1 1 dans le faits, le dollar reste la monnaie de référence internationale, et les ÉtatsUnis sont libérés de la seule contrainte qu’imposait pour eux la défense de la parité du dollar par rapport à l’or : Jean Denizet, dans Le dollar, Histoire du système monétaire international depuis 1945, écrit que les accords de Washington « consentaient au dollar des États-Unis le formidable, l’injustifiable privilège de rester l’étalon du système sans aucune obligation d’aucune sorte.

» L’économie mondiale entre alors dans une ère d’instabilité dominée par les fluctuations du dollar : - inflation d’origine monétaire, - relèvement des monnaies de pays comme la RFA et le Japon, dont les exportations sont depuis la guerre le moteur de la croissance (première « endaka » pour le Japon, vécue comme une véritable catastrophe économique) - flottement partiel des monnaies, ce qui constitue une contrainte pour le fonctionnement de l’Europe communautaire (la PAC exigeait des monnaies stables pour définir des prix uniques agricoles), d’où la création en 1972 du « serpent monétaire » qui limite les oscillations des monnaies européennes entre elles, première politique de coopération monétaire européenne, - marche vers le premier choc pétrolier : les pays de l’OPEP voient leurs recettes, qu’ils jugent déjà insuffisantes, se réduire du fait de la dépréciation du dollar. 2/.

Les chocs pétroliers : la remise en question d’une énergie bon marché.

Un des principaux piliers de la croissance des années 1960 a été l’accès à une énergie abondante, bon marché, qui a permis au pétrole de s’imposer dans les économies occidentales (47% de la consommation énergétique mondiale en 1973), au prix d’une dépendance énergétique forte pour l’Europe occidentale et le Japon : les importations de pétrole représentent 60% de l’approvisionnement énergétique total de la CEE, 80% de celui du Japon.

Mais cette dépendance est assumée : la production de pétrole dans le monde (en dehors de l’URSS) est contrôlée par des firmes occidentales qui versent aux pays producteurs des « royalties » (50% en moyenne des bénéfices retirés sur l’exploitation du pétrole brut) mais qui maintiennent des prix bas dans le cadre d’accords négociés entre les firmes et les Etats producteurs. Mais à partir du début des années 1970, les cours du pétrole commencent à augmenter : dès les années 60, le marché pétrolier est devenu favorable aux pays producteurs et s’oriente à la hausse.

Il existe des tensions entre offre et demande dues à l’emballement de la croissance dans les pays développés ; les pays producteurs et exportateurs se regroupent dans une organisation, l’OPEP, créée en 1961, dont l’objectif est d’obtenir une valorisation des cours ; arrivent au pouvoir de nouveaux partis nationalistes en Algérie, Libye, Irak favorables à une prise de contrôle par l’Etat des ressources nationales (les nationalisations débutent en Irak et en Algérie en 1971-72).

En 1971, les pays de l’OPEP obtiennent une première valorisation des prix négociés avec les Majors occidentales (accords de Tripoli et de Téhéran), valorisation à laquelle les ÉtatsUnis sont favorables, mais c’est en octobre 1973, à l’occasion de la guerre de Kippour, qu’ils décident d’utiliser le pétrole comme une arme : arme politique dirigée contre les amis d’Israël (embargo à l’encontre des États-Unis et des PaysBas) ; arme économique pour se réserver désormais la manne pétrolière.

De manière unilatérale, l’OPEP décide ainsi de multiplier par 4 le prix du pétrole qui passe de 3 à 12 $ le baril en 3 mois, et procède à de nombreuses nationalisations des gisements à partir de 1974.

Un deuxième choc pétrolier intervient entre 1979 2 2 et 1982 qui est la conséquence des incertitudes qui pèsent sur l’offre de pétrole à la suite de la révolution islamique en Iran de 1979, suivie par la guerre Iran – Irak (1980-1986), et de la décision de l’Arabie saoudite de plafonner sa production.

Les prix de pétrole doublent entre 1979 et 1982 (17 à 36 $ le baril) ; le deuxième choc pétrolier est moins violent que le premier, plus étalé dans le temps, mais ses effets en sont amplifiés par la hausse du dollar qui intervient à partir de 1979.

Ainsi de 1971 à 1982, au terme du 2 ème choc pétrolier, les prix du pétrole auront été multipliés par 12, en fait par 6 en dollars constants. Les chocs pétroliers constituent des chocs économiques incontestables : - Ils contribuent au ralentissement de la croissance : les deux chocs pétroliers correspondent à de nets reculs de la croissance pour les pays de l’OCDE ; la « facture pétrolière » constitue un prélèvement extérieur en 1974 équivalent à 3% du PIB et qui n’est pas compensé en importations de la part des pays producteurs de pétrole : l’importance de la rente pétrolière fait qu’une partie est « stérilisée » dans des dépôts dans les grandes banques internationales ; il y a amputation de la demande mondiale qui concourt à la contraction de la production. - Ils participent à la poussée inflationniste des années 70 : directement en provoquant une hausse automatique du coût de l’énergie importée qui se répercute aux transports, à l’industrie, à l’agriculture ; indirectement, car la hausse du pétrole est également celle de l’ensemble des matières premières. - Ils contribuent à la détérioration des balances commerciales : de 1973 à 1974, les balances commerciales des pays de l’OCDE passent d’un excédent de 5 milliards de $ à un déficit de 33 milliards de $ ; les déficits commerciaux sont avant tout des déficits énergétiques, alors que les pays développés maintiennent jusque dans les années 80 des excédents industriels.

Mais les pays importateurs subissent une DTE (15 à 20%), entraînant une forte dégradation des échanges extérieurs, qu’il faut financer notamment par le recours à l’endettement. - Ils pèsent enfin sur la compétitivité des activités fortement consommatrices en énergie : ils accélèrent ainsi dans les pays développés le déclin de secteurs industriels traditionnels comme la sidérurgie, ils sont sources de difficultés pour la pétrochimie et l’ensemble de l’industrie chimique. 3/.

L’épuisement de la logique.... »

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