Mime (dictionnaire littéraire)

Mime. Art du geste qui peut, sans le support de la parole, véhiculer un message. Il est selon Jean-Louis Barrault, «art même du Silence, l’un des deux points extrêmes du théâtre pur; l’autre extrême, à l’opposé, étant la diction pure » (Réflexions sur le théâtre, 1949). La pantomime diffère du mime, par son caractère narratif plus marqué (les gestes, imitant une action, y racontent toujours une histoire) et par le fait qu’elle peut recourir à la parole. Le mime, où les gestes sont stylisés, est moins figuratif. Plus poétique, il est proche de la danse. Né, si l’on en croit Aristote, dans l’Antiquité, avec Sophron de Syracuse au Ve siècle av. J.-C., le mime est très populaire ensuite chez les Latins. La Commedia dell’arte, perpétuant la tradition antique conservée grâce aux troupes ambulantes du Moyen Age, en fait un art achevé. Les théoriciens du drame bourgeois, Diderot notamment, quoiqu’ils n’apprécient pas le jeu des Comédiens Italiens, voudraient introduire la pantomime sur la scène française, pour donner au geste un aspect plus naturel. C’est au XXe siècle, dans les années 1930, que s’accomplit la renaissance du mime avec des acteurs comme Decroux et Barrault, et avec Artaud qui, opérant un renversement au sein de la dramaturgie occidentale, attribue au corps un rôle majeur et réduit la place de la parole. Lui-même écrit deux pantomimes : La Pierre philosophale et Il n'y a plus de firmament, la première muette, la deuxième assortie de quelques paroles. Beckett écrira deux mimodrames, Acte sans paroles I (1957) et Acte sans paroles II (1960), genre dramatique où le dialogue s’est entièrement effacé au profit des seules didascalies. L’art du geste est, depuis toute antiquité, le support du texte théâtral. La codification symbolique des gestes caractérise le théâtre latin et les théâtres orientaux. Lorsqu’elle règle les gestes du corps et les jeux avec les vêtements (le jeu de manches dans l’opéra chinois par exemple), elle est appelée orchestique, lorsqu’elle répertorie les gestes des mains, c’est la chironomie.