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lyrisme Lumières lucidaires logogramme mabinogi macaronisme machine manuscrit médiéval maniérisme marginalia marinisme

logogramme (n. m., fabriqué en 1958 à partir du grec logos, « parole », et gramma, « lettre »). Poème calligraphié dans une écriture dessinée de telle manière qu’elle est pratiquement illisible, comme en témoignent les Logo-grammes (1964 et 1966) de Christian Dotremont.

lucidaires (n. m. plur.). Ensemble de textes médiévaux qui s’offrent comme une traduction en langue vulgaire, en vers ou en prose, de l’Elucidarium d’Honorius Augustodunensis (XIIe siècle). Ce sont des exposés de doctrine chrétienne destinés à « éclairer » le lecteur sur les vérités transcendantes. Le Livre de Sidrac se rattache à cet ensemble mais se présente, par surcroît, comme une encyclopédie.

Lumières. Image utilisée pour désigner un vaste mouvement qui marque la littérature, l’art, la philosophie, la culture, les pratiques politiques au XVIIIe siècle. Il ne concerne pas seulement la France mais l’ensemble de l’Europe et atteint les colonies américaines (la formation des États-Unis est marquée par les Lumières). L’image de la lumière a été associée à ce mouvement presque partout : Aufklarung, Enlightenment, Illuminismo. Ces termes ne recouvrent pourtant pas partout exactement la même réalité. La lumière qui était associée depuis longtemps à l’intelligence divine, devient désormais lumière « naturelle », celle de la raison et de l’intelligence humaine, du progrès et de la science. Elle a valeur universalisante. Le pluriel « lumières » suggère à la fois la pluralité des intelligences, la relativité des croyances et des formes de pensée, la variété dans leur mode d’action et l’étendue des domaines qui tombent sous leur juridiction. Donc unité et diversité des Lumières. Il n’est pas simple de les définir, car il ne s’agit pas d’une école littéraire ou d’une philosophie précise mais d’un mouvement de pensée qui s’incarne dans plusieurs philosophies différentes et dans des attitudes diverses. La définition la plus célèbre est celle de Kant dans un texte répondant à la question Qu’est-ce que les Lumières ? : « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable [...]. Sapere aude ! [Ose avoir du jugement !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement sans la conduite d’un autre. » Courage donc de la pensée libre, indépendante et adulte, qui s’affranchit de la tutelle religieuse et politique.
Les Lumières se sont aussi incarnées dans une devise, proposée par Dumarsais dans un essai souvent repris et qui définit le philosophe, devise empruntée à Térence : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » Cela revient à souligner le lien des Lumières avec l'humanisme de la Renaissance. Cette attitude philosophique prend sens dans différents domaines. Du point de vue métaphysique et religieux, les positions sont assez variées : Voltaire est déiste, Diderot et d’Holbach athées, d’Alembert sceptique, mais tous s’accordent pour donner à la métaphysique une importance secondaire par rapport à la morale. C’est l’intervention active du philosophe dans le monde qui est importante et non pas la spéculation abstraite. Cette intervention doit être dirigée contre toutes les formes de préjugés, qu’ils soient religieux ou sociaux. Les Lumières luttent ainsi pour la tolérance religieuse. On sait les combats menés par Voltaire dans ce domaine au moment de l’affaire Calas, du nom d’un protestant injustement condamné à mort et dont le philosophe obtint la réhabilitation (Traité sur la tolérance). L’Église est le grand adversaire de ce mouvement et pourtant elle-même n’y est pas insensible et connaît des évolutions dans ce sens. La laïcisation de la pensée juridique et politique enfin conduit à des attitudes politiques diverses qui vont d’un éloge de la monarchie tempérée au choix d’une république à l’antique, en passant par le despotisme éclairé dont on voit des modèles en Frédéric II de Prusse, Catherine II de Russie ou Joseph II en Autriche.


lyrisme. La poésie lyrique est dans un premier temps une poésie chantée, accompagnée d’abord à la lyre puis par tout autre instrument, comme l’a d’ailleurs été la poésie jusqu’au XVe siècle. Les genres hérités de l’Antiquité (ode, élégie, ïambe) appartiennent à la poésie lyrique, mais aussi des formes fixes comme le sonnet. Au début du XIXe siècle, la notion de lyrisme en poésie met l’accent sur un aspect qui se faisait déjà jour depuis l’Antiquité — l’expression de sentiments personnels, favorisée par la montée du romantisme. C’est ainsi que, abandonnant la référence concrète à la musique pour n’en plus garder que l’idée d’harmonie et de mélodie, le lyrisme désigne plutôt en poésie une subjectivité vibrante et une émotion personnelle (amour, élan religieux, admiration devant la nature, etc.). Avec l’effacement de la narration à la fin du XIXe siècle, la poésie devient entièrement lyrique, alors que le je se trouve largement remis en cause et que Baudelaire convoite une « impersonnalité volontaire ». Le lyrisme moderne devient ainsi problématique, et à la fin du XXe siècle, le retour d’un chant plus personnel chez les néolyriques se trouve fréquemment opposé au littéralisme.

mabinogi (n. m. sing., plur. mabinogion). Terme gallois qui désigne des contes du pays de Galles inspirés par la mythologie celtique, et dont là composition et les réécritures s’étagent entre le IXe et le XIIIe siècle. Les relations entre les mabinogion et la littérature arthurienne ont été très discutées : trois de ces contes sont très proches des romans de Chrétien de Troyes (Gereint et Enid, Owein et Lunet, Peredur), mais l’influence a pu jouer dans les deux sens.


macaronisme (n. m., du vénitien macaroni, « pâtes en forme de tubes »). Genre de composition littéraire burlesque où les mots français sont accommodés avec des formes latines de fantaisie, comme à la fin du Malade imaginaire de Molière : Puissent toti anni Lui essere boni Et favorabiles, Et n’habere jamais Quam pestas, verolas, Fievras, pluresias, Fluxus de sang et dyssenterias.


machine. Les Grecs déjà utilisaient des machines au théâtre pour faire surgir des êtres surnaturels. Le théâtre médiéval ne les a pas ignorées. Les XVIIe et XVIIIe siècles en usent de préférence à l’opéra mais le théâtre les emploie quelquefois : Andromède de Corneille, Psyché et Amphitryon de Molière sont des « pièces à machines ». Il s agit d éblouir les spectateurs par des illusions calculées selon des formes dramatiques topiques : nacelles mues par des cordages et dissimulées par des nuages peints, chars volants, effets de mer et de tonnerre, effets pyrotechniques, apparitions, envols et chutes. Relèvent aussi de la machine les apparitions de spectres dans le théâtre du XVIIIe siècle {Sémiramis de Voltaire).
« MACHINE {Littérature.) en poème dramatique se dit de l’artifice par lequel le poète introduit sur la scène quelque divinité, génie, ou autre être surnaturel, pour faire réussir quelque dessein important, ou surmonter quelque difficulté supérieure au pouvoir des hommes. Ces machines,-parmi les anciens, étaient les dieux, les génies bons ou malfaisants, les ombres, etc. Shakespeare, et nos modernes français avant Corneille, employaient encore la dernière de ces ressources » {Encyclopédie). Presque toutes ces machines, dont l’Encyclopédie nous a conservé les plans et des images, ont disparu. Les doctes, à la suite d’Aristote, ont toujours traité ces formes théâtrales avec un certain dédain. Le XXe siècle les a redécouvertes avec une certaine fascination.

madrigal (n. m., emprunté à l’italien madrigale au XVIe siècle). Petit poème au tour galant, fondé sur un trait d’esprit, comparable à l’épigramme amoureuse et souvent pratiqué de la Renaissance au XVIIIe siècle.

maniérisme. Terme emprunté à l’histoire de l’art où il désigne, à partir du XXe siècle, le style dominant de la peinture italienne dans les années 1540-1560. Le mot a été formé sur l’italien maniera, utilisé souvent par Vasari, peintre et critique d’art, auteur des Vies des peintres toscans (1550), pour parler du style, de la manière particulière de certains artistes de son temps. « Considéré de façon péjorative, il était regardé comme un phénomène de décadence et d’épuisement » (G. Weise). Depuis quelques décennies, on a mis l’accent sur la rupture féconde représentée par cette nouvelle manière de peindre qui prenait congé de l’« idéal naturaliste et objectif » (CL-G. Dubois) et mettait en valeur un style personnel. Le transfert de ce terme des arts plastiques à la critique littéraire pose dès problèmes analogues à celui du baroque. En poésie et en prose, il existe peut-être un style maniériste, que l’on reconnaîtra à son mouvement, sa composition décentrée, son goût exubérant des images. Ronsard a été parfois maniériste (certains sonnets à Marie, des poèmes à Marie Stuart), mais le maniérisme s’épanouit en France à l’époque d’Henri III, et avec des poètes de cour comme Desportes. On ne recherche plus des sujets nouveaux, on essaie de briller en reprenant des thèmes connus, parfois même usés. Le style des Essais de Montaigne a été parfois qualifié de maniériste.


manuscrit médiéval. Le manuscrit était, avant le milieu du XVe siècle, l’unique support de la transmission écrite. La reproduction des œuvres passait donc par le travail d’un ou de plusieurs copistes, avec tous les risques de transformations qui en découlaient. Si certains chefs-d’œuvre comme le Roman de la Rose nous ont été transmis par environ 250 manuscrits, d’autres, comme la Chanson de Guillaume, n’ont survécu que dans un manuscrit unique (unicum). Mais le fait majeur de la transmission manuscrite est le remaniement constant des textes, la copie donnant fréquemment lieu à une réécriture, au moins au plan de l’expression, et quelquefois au plan narratif (remaniement).

marginalia (n. m. plur., emprunté au latin, « qui occupe les marges »). Dans les manuscrits médiévaux, éléments décoratifs disposés dans les marges, autour du texte, et sans rapport avec le contenu de la page. La fantaisie du décorateur s’y donne libre cours : feuillages, petits animaux (lapins, oiseaux, etc.), grotesques de toute nature, monstres... Mais le mot désigne aussi des annotations de lecteur. Au sens moderne, les marginalia. sont les remarques ou commentaires qu’un écrivain porte en marge d’un texte. L’édition peut les reproduire, comme c’est le cas pour l’Introduction à la Méthode de Léonard de Vinci de Paul Valéry dans la réédition de 1931.

marinisme. Ce terme désigne un style très figuré et virtuose, avec une connotation péjorative dans certains cas. Il est dérivé du nom de Giambattista Marino (1569-1625, appelé le « cavalier Marin »), qui fut l’un des plus grands poètes italiens de sa génération ; son influence fut décisive dans la France de Louis XIII : il a en effet publié à Paris son grand poème héroïque, l'Adone, en 1623, avec une préface du futur académicien Jean Chapelain. Les débats autour de cette œuvre eurent un rôle immense dans l’élaboration d’une poétique moderne, et Saint-Amant, comme La Fontaine (Adonis) devaient s’en souvenir. Avec l’avènement du classicisme, cette tendance devint synonyme de style affecté, de mauvais goût : on en trouve la critique chez Boileau (Art poétique, 1674), et chez le père Bouhours (Entretiens d’Ariste et d’Eugène, 1671), qui dénonce les outrances et l’obscurité de ce style, trop figuré et trop fleuri. Pourtant, l’influence réelle de l’esthétique italienne demeurera une constante, même au cœur du classicisme, comme en témoigne le succès des opéras de Lully en plein règne de Louis XIV.

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