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dynamisme dysphorie éclectisme École de Rochefort École fantaisiste Ecole lyonnaise École romane écriture artiste écriture gazée

dynamisme. Mouvement littéraire animé par Henri Guilbeaux, dont l’ambition fut, vers 1910, de forger une forme poétique nouvelle, dont le rythme et la thématique soient propres à exprimer la civilisation moderne, et tout particulièrement sa vitesse.

dysphorie. Est dysphorique tout mot, énoncé, texte exprimant le malaise ou la tristesse : Je suis plein de regrets.

e caduc. Les aléas de sa prononciation posent des problèmes majeurs dans la diction du vers. Les règles ont à cet égard suivi l’évolution historique. Rappel des règles fixes classiques. Exemple : L’ombre était nuptiale, auguste, solennelle 1 1 2 3 (Victor Hugo)
— 1. Il y a élision d’un e final de mot à l’intérieur du vers devant voyelle ou h non aspiré. Cette règle a toujours existé, à toutes les époques. — 2. Il compte pour une syllabe devant consonne à l’intérieur du vers. — 3. Il est systématiquement apocopé en fin de vers : il ne compte pas, c’est pourquoi on dit qu’il est surnuméraire, mais il a pu être prononcé pendant la période médiévale, comme il l’est systématiquement d ailleurs dans la chanson. Si nombre de poètes contemporains suivent encore globalement ces règles, ils les traitent en toute liberté, en jouant aussi de la prononciation courante. La suite Voyelle + e + Consonne à l’intérieur du vers : Cet e a été prononcé et compté jusqu’au XVIe siècle (dans la langue courante, très vite, il n’est plus prononcé) : La vie m'est et trop molle et trop dure (Louise Labé) Cette suite est bannie depuis l’époque classique jusque vers 1870-1880. Cependant ont toujours été admises et comptées pour une seule syllabe :

— les formes verbales en -aient et -oient et celles, correspondantes, des verbes être et avoir. Exemple : Les anges y volaient sans doute obscurément (Victor Hugo) — les V + e + C à l’intérieur des mots (comme par exemple dans les futurs des verbes en voyelle + er, tel j’oublierai). — A partir de la fin du XIXe siècle, beaucoup de poètes ne s’en soucient plus et la prononciation de cette suite se conforme à la prononciation courante. Exemple de Laforgue : Les moineaux des vieux toits pépient à ma fenêtre.

éclectisme. Philosophie devenue la doctrine quasi officielle de l’Université française sous la monarchie de Juillet. Son promoteur Victor Cousin (1792-1867), d’abord assistant de Royer-Collard, avait acquis une certaine connaissance de la philosophie allemande (Kant, Hegel, Schelling, Jacobi) et par ses idées libérales s’était attiré à la fin de la Restauration la sympathie de la jeunesse étudiante. Le régime de Juillet le couvrit d’honneurs et de charges officielles. Pour Victor Cousin, « la philosophie n’est pas à chercher, elle est faite ». Tous les systèmes se ramènent aux quatre types fondamentaux du matérialisme, de l’idéalisme, du scepticisme et du mysticisme. Il ne reste plus qu’à « dégager ce qu’il y a de vrai en chacun de ces systèmes et en composer une philosophie supérieure à tous les systèmes », en suivant le critère de la raison, pont jeté entre la conscience et l’être. En tant que philosophie, l’éclectisme a sombré. Mais des échos de l’enseignement de Cousin, et notamment de son cours de 1818 « sur le fondement des idées absolues du vrai, du beau et du bien », publié en 1836, se font entendre chez la plupart des grands écrivains de l’époque.

École de Rochefort. Mouvement littéraire fondé en 1941 à Rochefort, précisément, par le poète Jean Boùhier et qui regroupa René Guy Cadou, Michel Manoll, Marcel Béalu, Jean Rousselot, Maurice Fombeure, Luc Béri-mont - et plus tard Jean Follain et Eugène Guillevic. Diverses publications - les premiers Cahiers de l’École de Rochefort, Position poétique de l’École de Rochefort, puis Anatomie poétique de l’École de Rochefort - définissent dès 1941 la doctrine du mouvement, proche de la Résistance, qui, s’il reconnaît sa dette à l’égard du surréalisme, définit un humanisme qui s’interdit toute dimension ludique et, proche de la réalité, s’attache à « dire la vie », Pierre Reverdy et Max Jacob étant les figures tutélaires de ces jeunes poètes. Après la guerre et la mort de Cadou en 1951, l’École de Rochefort connut à Paris une seconde époque et les réunions régulières à la Coupole attirèrent de nouvelles figures, Jacques Réda, Pierre Garnier, Marc Alyn. S’opposant à la Poésie nationale d’Aragon, le mouvement se déclara favorable à la liberté créatrice de chacun, sans enrégimentement, mais l’émergence d’une poésie davantage soucieuse de recherches sur le langage, dont l’un des organes fut la revue Tel Quel, le fît refluer au début des années 1960.

École fantaisiste. Groupe de poètes qui commença de se constituer en 1907 et dont les plus célèbres firent Paul-Jean Toulet, Tristan Derème et Francis Carco. Le terme de fantaisiste apparut en 1913 - ce fut alors l’apogée d’un mouvement qui vécut jusqu’aux années 1920 -et il définit, plus qu’une véritable doctrine, une mouvance qui, s’opposant au symbolisme finissant et au vers libre, fait place, non sans quelque auto-ironie, à l’intime et à l’allusif, cherchant une modernité proche de la vie, de ses hasards et de ses caprices. De cette école, ce sont sans doute Les Contrefîmes (posthume, 1921) de Toulet qui nous restent le plus présentes.


Ecole lyonnaise. Un peu abusive, puisqu’il n y eut pas de programme défini, l’expression désigne, une vingtaine d’années avant la Pléiade, les poètes de Lyon, où le milieu humaniste est très ouvert à l’Italie : Maurice Scève (vers 1500-1560), ainsi que ses disciples Pernette du Guillet, Louise Labé et Claude de Taillemont.

École romane. Mouvement littéraire dont Jean Moréas et Charles Maurras furent les principaux représentants après que la doctrine eut été formulée, le 14 septembre 1891, dans un article du Figaro souvent qualifié de « Manifeste de l’École romane ». Sans revendiquer la simple imitation de la littérature gréco-latine, les poètes « romans » prônent un travail de la forme et une énergie de la langue liés à une tradition de clarté - contre la poésie de leur temps. Mais ce mouvement de réaction assez rigide au symbolisme ne fut guère suivi que par des poètes mineurs. écriture artiste. Expression inventée dans la seconde moitié du XIXe siècle par les Concourt pour désigner un type d’écriture particulièrement travaillée, proche de ce qu’on appelait également à l’époque la « prose d’art ». L’écriture artiste des Concourt, telle qu’ils la mettent en œuvre surtout dans les passages descriptifs de leurs romans ou de leur Journal, est caractérisée par un lexique recherché - associant mots rares, tournures familières, vocabulaire technique de la peinture et des arts, néologismes abstraits -, par une syntaxe privilégiant l’énumération, la parataxe, l’emploi du pluriel, les adjectifs substantivés, ainsi que par la multiplication des jeux sonores, assonances ou allitérations. Cette écriture se veut au service du rendu de la sensation, « moulée sur l’impression même » (préface d’Henriette Maréchal, 1866), fidèle particulièrement à la vérité de l’impression visuelle et lumineuse. Elle est donc à rapprocher de ce que réalisaient au même moment les peintres impressionnistes. Avec des préoccupations analogues, Zola et parfois Maupassant recourent à des procédés apparenté à l’écriture artiste, mais en se gardant du maniérisme auquel sacrifient les Concourt. « II n’est pas besoin du vocabulaire bizarre, compliqué, nombreux et chinois qu’on nous impose aujourd’hui sous le nom d’écriture artiste, pour fixer les nuances de la pensée [...] » (Maupassant, « Le Roman », Pierre et Jean, .1887). Huysmans au contraire pousse l’originalité et l’artifice de l’expression plus loin encore, de manière plus systématique et plus structurée que les Concourt, passant ainsi de l’écriture artiste à une écriture en rapport avec la sensibilité « décadente ».


écriture gazée. Gazer consiste à dissimuler partiellement les passages trop crus ou trop indécents de l’histoire qu’on raconte : « gazer un conte ». Pour ce faire, les auteurs de textes licencieux utilisent des transpositions métaphoriques, des réticences éloquentes, des périphrases qui ne cachent que pour montrer : répandre l’encens sur l'autel du sacrifice est, chez Sade, une formule gazée qui a une signification indécente.

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