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Alexis Jacques-Stephen (1922-1961)

Alexis Jacques-Stephen (1922-1961). Né aux Gonaïves, il est l’une des figures importantes de la littérature haïtienne. C’est à Paris, où son père est ambassadeur, qu’il fait ses études secondaires puis supérieures, au moment où se réunit à Paris, en 1956, sous l’égide de Présence africaine, le Premier Congrès des écrivains et artistes du monde noir. Dans la contribution qu’il présente à la Sorbonne, consacrée au réalisme merveilleux des Haïtiens, il se montre déjà soucieux de rattacher la création littéraire de son pays à ses racines populaires. Cet engagement esthétique confirme les choix politiques du jeune écrivain en faveur des thèses soutenues par le parti communiste haïtien, fondé par Jacques Roumain, et auquel il adhère depuis 1938. Rentré au pays en 1957, Alexis affronte alors le régime dictatorial de Duvalier. Sa carrière de militant, ponctuée de plusieurs séjours clandestins à Cuba, en Chine et en URSS, se confond avec celle du romancier, inaugurée par son premier roman, Compère général Soleil, qui se rattache, par son style flamboyant, à la veine indigéniste du réalisme merveilleux. Pourtant, fidèle à ses principes de militant, l’auteur dénonce la condition faite aux travailleurs immigrés, contraints pour survivre d’aller travailler en République dominicaine où règne le dictateur Trujillo ; lorsque ce dernier ordonne le massacre des ressortissants haïtiens, Hilarion, le héros, et Claire-Heureuse, sa femme, réussissent de justesse à échapper au pogrom, mais, au passage de la frontière, des chiens policiers mettent en pièces leur bébé, tandis que Hilarion est abattu sous les yeux de sa femme. Outre la peinture du petit peuple des villes et des campagnes, ce roman proclame la foi lyrique de son auteur dans la lutte engagée contre la corruption et l’oppression qui rongent Haïti. Le mélange de réalisme et de merveilleux se retrouve dans les œuvres suivantes : Les Arbres musiciens (1957), L’Espace d’un cillement (1959), Le Romancero aux étoiles (1960), publié à la veille de la mort tragique de Jacques-Stephen Alexis, tombé sous les coups des « tontons-macoutes » en avril 1961.

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