Devoir de Français

Zola, Le ventre de Paris

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Zola, Le ventre de Paris Là, à coté des pains de beurre à la livre, dans des feuilles de poirée, s'élargissait un cantal géant, comme fendu à coups de hache ; puis venait un chester, couleur d'or, un gruyère pareil à une roue tombée que quelque char barbare, des hollandes, ronds comme des têtes coupées, barbouillées de sang séché, avec cette dureté de crane vide qui les fait nommer têtes-de-mort. Un parmesan, au milieu de cette lourdeur de pate cuite, ajoutait sa pointe d'odeur aromatique. Trois bries sur des planches rondes avaient des mélancolies de lunes éteintes ; deux très secs, étaient dans leur plein ; le troisième, dans son deuxième quartier, coulait, se vidait, d'une crème blanche, étalée en lac, ravageant les minces planchettes à l'aide desquelles on avait vainement tenté de le contenir. Des ports-saluts, semblables à des disques antiques, montraient, en exergue, le nom imprimé des fabricants. Les roqueforts, sous des cloches de cristal, prenaient des mines princières, des faces marbrées et grasses, veinées de bleu et de jaune, comme attaquées d'une maladie honteuse de gens riches qui ont trop mangé de truffes ; tandis que, dans un plat à coté des fromages de chèvres, gros comme un poing d'enfant, durs et grisâtres, rappelaient les cailloux que les boucs menant les troupeaux font rouler aux coudes des sentiers pierreux.

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