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Zola, Au Bonheur des Dames (Chapitre 4)

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Zola, Au Bonheur des Dames (Chapitre 4) Mêmes ravages en haut, dans les rayons de l'entresol : les fourrures jonchaient les parquets, les confections s'amoncelaient comme des capotes de soldats mis hors de combat, les dentelles et la lingerie, dépliées, froissées, jetées au hasard, faisaient songer à un peuple de femmes qui se serait déshabillé là, dans le désordre d'un coup de désir; tandis que, en bas, au fond de la maison, le service du départ, en pleine activité, dégorgeait toujours les paquets dont il éclatait et qu'emportaient les voitures, dernier brale de la machine surchauffée. Mais, à la soie surtout, les clientes s'étaient ruées en masse; là, elles avaient fait place nette; on y passait librement, le hall restait nu, tout le colossal approvisionnement du Paris-Bonheur venait d'être déchiqueté, balayé, comme un vol de sauterelles dévorantes. Et, au milieu de ce vide, Hutin et Favier feuilletaient leurs cahiers de débit, calculaient leur tant pour cent, essouflés de la lutte. Favier s'était fait quinze francs, Hutin n'avait pu arriver qu'à treize, battu ce jour-là, enragé de sa mauvaise chance. Leurs yeux s'allumaient de la passion du gain, tout le magasin autour d'eux alignait également des chiffres et flambait d'une même fièvre, dans la gaieté brutale des soirs de carnage. - Eh bien ! Bourdoncle, cria Mouret, tremblez-vous encore ? Il était revenu à son poste favori, en haut de l'escalier de l'entresol, contre la rampe; et, devant le massacre d'étoffes qui s'étalait sous lui, il avait un rire victorieux

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