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William CHAPMAN (1850-1917) - Notre Langue

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William CHAPMAN (1850-1917) - Notre Langue Notre langue naquit aux lèvres des Gaulois. Ses mots sont caressants, ses règles sont sévères, Et, faite pour chanter les gloires d'autrefois, Elle a puisé son souffle aux refrains des trouvères. Elle a le charme exquis du timbre des Latins, Le séduisant brio du parler des Hellènes Le chaud rayonnement des émaux florentins, Le diaphane et frais poli des porcelaines. Elle a les sons moelleux du luth éolien, Le doux babil du vent dans les blés et les seigles, La clarté de l'azur, l'éclair olympien, Les soupirs du ramier, l'envergure des aigles. Elle chante partout pour louer Jéhova, Et, dissipant la nuit où l'erreur se dérobe, Elle est la messagère immortelle qui va Porter de la lumière aux limites du globe. La première, elle dit le nom de l'Eternel Sous les bois canadiens noyés dans le mystère. La première, elle fit monter vers notre ciel Les hymnes de l'amour, l'élan de la prière. La première, elle fit tout à coup frissonner Du grand Meschacébé la forêt infinie, Et l'arbre du rivage a paru s'incliner En entendant vibrer cette langue bénie. Langue de feu, qui luit comme un divin flambeau, Elle éclaire les arts et guide la science ; Elle jette, en servant le vrai, le bien, le beau, A l'horizon du siècle une lueur immense. Un jour, d'âpres marins, vénérés parmi nous, L'apportèrent du sol des menhirs et des landes, Et nos mères nous ont bercés sur leurs genoux Aux vieux refrains dolents des ballades normandes. Nous avons conservé l'idiome légué Par ces héros quittant pour nos bois leurs falaises, Et, bien que par moments on le crût subjugué, Il est encor vainqueur sous les couleurs anglaises. Et nul n'osera plus désormais opprimer Ce langage aujourd'hui si ferme et si vivace... Et les persécuteurs n'ont pu le supprimer, Parce qu'il doit durer autant que notre race. Essayer d'arrêter son élan, c'est vouloir Empêcher les bourgeons et les roses d'éclore ; Tenter d'anéantir son charme et son pouvoir, C'est rêver d'abolir les rayons de l'aurore. Brille donc à jamais sous le regard de Dieu, O langue des anciens ! Combats et civilise, Et sois toujours pour nous la colonne de feu Qui guidait les Hébreux vers la Terre promise !

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