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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Toute la lyre) - La Figliola

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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Toute la lyre) - La Figliola Moins de vingt ans et plus de seize, Voilà son âge ; et maintenant Dites tout bas son nom : Thérèse, Et songez au ciel rayonnant. Quel destin traversera-t-elle ? Quelle ivresse ? quelle douleur ? Elle n'en sait rien ; cette belle Rit, et se coiffe d'une fleur. Ses bras sont blancs ; elle est châtaine ; Elle a de petits pieds joyeux, Et la clarté d'une fontaine Dans son regard mystérieux. C'est le commencement d'une âme, Un rien où tout saura tenir, Coeur en projet, plan d'une femme, Scénario d'un avenir. Elle ignore ; elle est gaie et franche ; Le dieu Hasard fut son parrain. Elle s'évade le dimanche Au bras d'un garnement serein. Il est charmant, elle est bien faite, Et Pantin voit, sans garde-fou, Flâner cette Vénus grisette Avec cet Apollon voyou. Elle s'ébat comme les cygnes ; Et sa chevelure et sa voix Et son sourire seraient dignes De la fauve grandeur des bois. Regardez-la quand elle passe ; On dirait qu'elle aime Amadis A la voir jeter dans l'espace Ses yeux célestes et hardis. Ces blanches filles des mansardes Aux tartans grossiers, aux traits fins, Ont la liberté des poissardes Et la grâce des séraphins. Elles chantent des chants étranges Mêlés de misère et de jour, Et leur indigence a pour franges Toutes les pourpres de l'amour.

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