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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les quatre vents de l'esprit) - Près d'Avranches

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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les quatre vents de l'esprit) - Près d'Avranches La nuit morne tombait sur la morne étendue. Le vent du soir soufflait, et, d'une aile éperdue, Faisait fuir, à travers les écueils de granit, Quelques voiles au port, quelques oiseaux au nid. Triste jusqu'à la mort, je contemplais le monde. Oh ! que la mer est vaste et que l'âme est profonde ! Saint-Michel surgissait, seul sur les flots amers, Chéops de l'occident, pyramide des mers. Je songeais à l'Egypte aux plis infranchissables, A la grande isolée éternelle des sables, Noire tente des rois, ce tas d'ombres qui dort Dans le camp immobile et sombre de la mort. Hélas ! dans ces déserts, qu'emplit d'un souffle immense Dieu, seul dans sa colère et seul dans sa clémence, Ce que l'homme a dressé debout sur l'horizon, Là-bas, c'est le sépulcre, ici, c'est la prison.

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