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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les quatre vents de l'esprit) - Exil

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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les quatre vents de l'esprit) - Exil Si je pouvais voir, ô patrie, Tes amandiers et tes lilas, Et fouler ton herbe fleurie, Hélas ! Si je pouvais, - mais, ô mon père, O ma mère, je ne peux pas, - Prendre pour chevet votre pierre, Hélas ! Dans le froid cercueil qui vous gêne, Si je pouvais vous parler bas, Mon frère Abel, mon frère Eugène, Hélas ! Si je pouvais, ô ma colombe, Et toi, mère, qui t'envolas, M'agenouiller sur votre tombe, Hélas ! Oh ! vers l'étoile solitaire, Comme je lèverais les bras ! Comme je baiserais la terre, Hélas ! Loin de vous, ô morts que je pleure, Des flots noirs j'écoute le glas ; Je voudrais fuir, mais je demeure, Hélas ! Pourtant le sort, caché dans l'ombre, Se trompe si, comptant mes pas, Il croit que le vieux marcheur sombre Est las.

« « Exil » de Victor Hugo, tiré du recueil Les quatre vents de l’esprit Introduction : De nos jours, Victor Hugo est davantage étudié pour son œuvre dramatique mais il n’en demeure pas moins un des plus grand poète de la littérature française.

En effet, il occupe une place exceptionnelle dans l’histoire de nos lettres ; il domine le XIXème siècle par la durée de sa vie et de sa carrière, par la fécondité de son génie et la diversité de son œuvre.

Pourtant, s’il a travaillé presque tous les genres, du roman au théâtre en passant par la poésie, il n’en demeure pas moins que ses talents de poète apparaissent dans tous ses écrits.

Victor Hugo a le don de modeler le langage pour lui donner une charge émotionnelle particulière.

On a pu critiquer son emphase en la jugeant trop artificielle pourtant l’émotion affleure dans ces textes et c’est bien ce qu’il nous faudra mettre en évidence à travers l’étude de notre poème. Nous ne pouvons évoquer en introduction et là n’est pas notre propos tous les grands traits de cet écrivain mais il nous faut insister sur une période particulière de la vie de l’auteur (1851- 1870).

Après l’épreuve d’un deuil cruel, l’épreuve de l’exil achève de mûrir le génie de Victor Hugo.

Le poète commence alors une nouvelle carrière ; c’est en exil qu’il va composer ou parfaire ses œuvres maîtresses.

Le thème de l’exil est au cœur de notre texte comme un témoigne le titre même du poème. Projet de lecture : En quoi consiste le lyrisme dans ce poème de Hugo ? I Quand la poésie se fait musique de l’âme Introduction partielle : Le lyrisme est d’abord lié comme son nom l’indique à la musique, il s’agit de faire vibrer les mots et les sons pour élaborer un poème qui se récite presque comme une chanson. 1) Le rythme Les effets de rythme sont très importants dans ce poème.

Il faut la répétition de l’adverbe « hélas » qui sonne comme un refrain dans toutes les strophes (nous reviendrons sur le cas dans notre troisième partie sur le cas particulier de la dernière strophe).

On peut évoquer également la reprise anaphorique de la proposition hypothétique « si je pouvais » qui marque la volonté du poète à se libérer de son angoisse et à supplanter la mort ainsi que la reprise anaphorique de l’adverbe « comme » aux vers 18 et 19.

De la même façon, l’apostrophe « ô » revient à de nombreuses reprises, le poète convoque des êtres qui lui sont chers, son père, sa mère, son frère.

Le poème est rythmé par cet ensemble de répétition que vient compléter un savant jeu de rimes et d’homophonies. 2) La mélodie La composition des rimes est particulière, il s’agit de rimes embrassées imparfaites, la rime est tantôt en [as] ou en [a].

Dans chaque strophe, la même rime est reprise en alternance avec une nouvelle rime féminine.

Ces reprises donnent une grande cohérence musicale au poème.

De plus, des jeux sur les sonorités apparaissent au sein même des strophes, l’allitération en [l] dans la cinquième strophe notamment « l’étoile », « solitaire », « lèverais » ainsi que l’assonance en [è], « lèverais », « baiserais », « terre », puis dans la dernière strophe l’assonance en [om], « ombre », « trompe », « comptant ».

Nous sommes bien face à un texte qui peut se lire à la manière d’une chanson. Transition : Grâce à ce travail sur la langue, Hugo façonne le langage pour exprimer ses sentiments et ses angoisses les plus profondes. II Quand l’art libère les émotions 1) Les modalités phrastiques Pour étudier l’emphase, il faut s’attacher à l’analyse des modalités de phrase.

Notre poème est constitué exclusivement de phrases exclamatives.

L’exclamation est renforcée par l’interjection « Hélas » qui structure le texte.

De plus, il faut souligner la fluidité des phrases qui s’enchaînent d’un vers à l’autre comme le révèle les virgules qui marquent la fin des vers.

Il faut insister ici sur la concordance entre la composition des phrases et des vers qui donne une grande souplesse au poème. 2) La rhétorique de la plainte Le poète confie sa douleur, il exprime ses regrets « si je pouvais » et son discours est marqué par des procédés d’intensification.

Nous avons déjà mis en valeur l’importance des répétitions mais il faut également évoquer le procédé littéraire qui consiste à consister dans le discours un être cher disparu par l’apostrophe.

Le poème est marqué par la nostalgie et le chagrin.

Il faut relever l’importance du champ lexical de la mort qui apparaît sous la forme d’images très concrètes.

Le poète qui s’exprime à la première personne demande « si je pouvais […] // Prendre pour chevet votre pierre ».

Il s’agit de la pierre tombale.

Ainsi, avec la métaphore de la tombe comme chevet c'est-à-dire comme table. »

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