Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les quatre vents de l'esprit) - Exil
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«
« Exil » de Victor Hugo, tiré du recueil Les quatre vents de l’esprit
Introduction :
De nos jours, Victor Hugo est davantage étudié pour son œuvre dramatique mais il n’en demeure pas moins un
des plus grand poète de la littérature française.
En effet, il occupe une place exceptionnelle dans l’histoire de nos
lettres ; il domine le XIXème siècle par la durée de sa vie et de sa carrière, par la fécondité de son génie et la diversité
de son œuvre.
Pourtant, s’il a travaillé presque tous les genres, du roman au théâtre en passant par la poésie, il n’en
demeure pas moins que ses talents de poète apparaissent dans tous ses écrits.
Victor Hugo a le don de modeler le
langage pour lui donner une charge émotionnelle particulière.
On a pu critiquer son emphase en la jugeant trop
artificielle pourtant l’émotion affleure dans ces textes et c’est bien ce qu’il nous faudra mettre en évidence à travers
l’étude de notre poème.
Nous ne pouvons évoquer en introduction et là n’est pas notre propos tous les grands traits de cet écrivain
mais il nous faut insister sur une période particulière de la vie de l’auteur (1851- 1870).
Après l’épreuve d’un deuil cruel,
l’épreuve de l’exil achève de mûrir le génie de Victor Hugo.
Le poète commence alors une nouvelle carrière ; c’est en
exil qu’il va composer ou parfaire ses œuvres maîtresses.
Le thème de l’exil est au cœur de notre texte comme un
témoigne le titre même du poème.
Projet de lecture :
En quoi consiste le lyrisme dans ce poème de Hugo ?
I Quand la poésie se fait musique de l’âme
Introduction partielle : Le lyrisme est d’abord lié comme son nom l’indique à la musique, il s’agit de faire vibrer les mots
et les sons pour élaborer un poème qui se récite presque comme une chanson.
1) Le rythme
Les effets de rythme sont très importants dans ce poème.
Il faut la répétition de l’adverbe « hélas » qui sonne comme
un refrain dans toutes les strophes (nous reviendrons sur le cas dans notre troisième partie sur le cas particulier de la
dernière strophe).
On peut évoquer également la reprise anaphorique de la proposition hypothétique « si je pouvais »
qui marque la volonté du poète à se libérer de son angoisse et à supplanter la mort ainsi que la reprise anaphorique de
l’adverbe « comme » aux vers 18 et 19.
De la même façon, l’apostrophe « ô » revient à de nombreuses reprises, le
poète convoque des êtres qui lui sont chers, son père, sa mère, son frère.
Le poème est rythmé par cet ensemble de
répétition que vient compléter un savant jeu de rimes et d’homophonies.
2) La mélodie
La composition des rimes est particulière, il s’agit de rimes embrassées imparfaites, la rime est tantôt en [as] ou en
[a].
Dans chaque strophe, la même rime est reprise en alternance avec une nouvelle rime féminine.
Ces reprises
donnent une grande cohérence musicale au poème.
De plus, des jeux sur les sonorités apparaissent au sein même des
strophes, l’allitération en [l] dans la cinquième strophe notamment « l’étoile », « solitaire », « lèverais » ainsi que
l’assonance en [è], « lèverais », « baiserais », « terre », puis dans la dernière strophe l’assonance en [om], « ombre »,
« trompe », « comptant ».
Nous sommes bien face à un texte qui peut se lire à la manière d’une chanson.
Transition : Grâce à ce travail sur la langue, Hugo façonne le langage pour exprimer ses sentiments et ses angoisses
les plus profondes.
II Quand l’art libère les émotions
1) Les modalités phrastiques
Pour étudier l’emphase, il faut s’attacher à l’analyse des modalités de phrase.
Notre poème est constitué exclusivement
de phrases exclamatives.
L’exclamation est renforcée par l’interjection « Hélas » qui structure le texte.
De plus, il faut
souligner la fluidité des phrases qui s’enchaînent d’un vers à l’autre comme le révèle les virgules qui marquent la fin des
vers.
Il faut insister ici sur la concordance entre la composition des phrases et des vers qui donne une grande
souplesse au poème.
2) La rhétorique de la plainte
Le poète confie sa douleur, il exprime ses regrets « si je pouvais » et son discours est marqué par des procédés
d’intensification.
Nous avons déjà mis en valeur l’importance des répétitions mais il faut également évoquer le procédé
littéraire qui consiste à consister dans le discours un être cher disparu par l’apostrophe.
Le poème est marqué par la
nostalgie et le chagrin.
Il faut relever l’importance du champ lexical de la mort qui apparaît sous la forme d’images très
concrètes.
Le poète qui s’exprime à la première personne demande « si je pouvais […] // Prendre pour chevet votre
pierre ».
Il s’agit de la pierre tombale.
Ainsi, avec la métaphore de la tombe comme chevet c'est-à-dire comme table.
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