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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les feuilles d'automne) - Dans l'alcôve sombre

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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les feuilles d'automne) - Dans l'alcôve sombre Beau, frais, souriant d'aise à cette vie amère. SAINTE-BEUVE. Dans l'alcôve sombre, Près d'un humble autel, L'enfant dort à l'ombre Du lit maternel. Tandis qu'il repose, Sa paupière rose, Pour la terre close, S'ouvre pour le ciel. Il fait bien des rêves. Il voit par moments Le sable des grèves Plein de diamants ; Des soleils de flammes, Et de belles dames Qui portent des âmes Dans leurs bras charmants. Songe qui l'enchante ! Il voit des ruisseaux. Une voix qui chante Sort du fond des eaux. Ses soeurs sont plus belles. Son père est près d'elles. Sa mère a des ailes Comme les oiseaux. IL voit mille choses Plus belles encor ; Des lys et des roses Plein le corridor ; Des lacs de délice Où le poisson glisse, Où l'onde se plisse A des roseaux d'or ! Enfant, rêve encore ! Dors, ô mes amours ! Ta jeune âme ignore Où s'en vont tes jours. Comme une algue morte Tu vas, que t'importe ! Le courant t'emporte, Mais tu dors toujours ! Sans soin, sans étude, Tu dors en chemin ; Et l'inquiétude, A la froide main, De son ongle aride Sur ton front candide Qui n'a point de ride, N'écrit pas : Demain ! Il dort, innocence ! Les anges sereins Qui savent d'avance Le sort des humains, Le voyant sans armes, Sans peur, sans alarmes, Baisent avec larmes Ses petites mains. Leurs lèvres effleurent Ses lèvres de miel. L'enfant voit qu'ils pleurent Et dit : Gabriel ! Mais l'ange le touche, Et, berçant sa couche, Un doigt sur sa bouche, Lève l'autre au ciel ! Cependant sa mère, Prompte à le bercer, Croit qu'une chimère Le vient oppresser. Fière, elle l'admire, L'entend qui soupire, Et le fait sourire Avec un baiser.

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