Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les contemplations) - A M. Froment Meurice
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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les contemplations) - A M. Froment Meurice Nous sommes frères : la fleur Par deux arts peut être faite. Le poète est ciseleur ; Le ciseleur est poëte. Poètes ou ciseleurs, Par nous l'esprit se révèle. Nous rendons les bons meilleurs, Tu rends la beauté plus belle. Sur son bras ou sur son cou, Tu fais de tes rêveries, Statuaire du bijou, Des palais de pierreries ! Ne dis pas: «Mon art n'est rien...» Sors de la route tracée, Ouvrier magicien, Et mêle à l'or la pensée ! Tous les penseurs, sans chercher Qui finit ou qui commence, Sculptent le même rocher : Ce rocher, c'est l'art immense. Michel-Ange, grand vieillard, En larges blocs qu'il nous jette, Le fait jaillir au hasard ; Benvenuto nous l'émiette. Et, devant l'art infini, Dont jamais la loi ne change, La miette de Cellini Vaut le bloc de Michel-Ange. Tout est grand ; sombre ou vermeil, Tout feu qui brille est une âme. L'étoile vaut le soleil ; L'étincelle vaut la flamme.
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