Une belle écriture et une bonne othographe sont-elles encore de nos jours des atouts appréciables ?
Extrait du document
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Introduction
Deux opinions ont cours de nos jours : on regrette que les petits enfants, qui apprennent à écrire avec un stylo à
bille écrivent mal et, d'autre part, on se moque des grand-mères qui ont une « belle écriture ».
Etre moderne, être
de son temps, c'est ne pas trop bien écrire et ne pas trop respecter la grammaire.
Les speakers de la télévision, qui
rougiraient d'employer un imparfait du subjonctif, en sont un bel exemple.
Mais en réalité, dans la vie courante, eston apprécié si on écrit mal et si on fait des fautes d'orthographe et de français ? Là est le problème.
N'y a-t-il pas
un snobisme qui pousse à mal écrire ou du moins à cacher qu'on écrit bien ?
Développement
J'écris mal et j'en suis fier, parce que, justement, si je ne possède pas la science des sots, je possède les autres
sciences.
Et, si je suis persuadé de cela, c'est que cette vilaine écriture ne m'a pas vraiment attiré les foudres de
mes parents.
Certes, ils me disaient que j'écrivais mal et que je devrais m'appliquer à bien former mes lettres, mais
je sentais qu'au fond l'essentiel pour eux était que je fusse intelligent.
Et maintenant il est trop tard, de toutes façons, pour que j'écrive bien.
Et pourtant ! J'ai dit précédemment que
j'étais fier d'écrire mal, mais il y a des jours où je me demande si cette fierté n'est pas une attitude, car j'ai surtout
le souvenir d'avoir été navré le jour où le professeur de français a refusé de corriger ma copie « illisible ».
J'ai eu
conscience, ce jour-là, des difficultés que j'allais rencontrer au moment des examens : une bonne copie, non
corrigée, ne vaut rien.
C'est alors que je me suis souvenu que mon père nf avait raconté qu'il n'avait pas obtenu un emploi qu'il désirait
parce que son curriculum vitae n'était pas suffisamment bien présenté.
Alors je me demande si, finalement, ces signes extérieurs ne sont pas très importants, si ce n'est pas en partie sur
eux que se forme le jugement.
Et puis, n'y a-t-il pas une sorte de désinvolture coupable à créer des problèmes aux autres, au professeur qui
s'arrache les yeux sur des copies illisibles, au chef d'entreprise qui ne sait plus quoi penser du futur candidat.
Finalement, je pense qu'essayer d'être lisible, sinon d'avoir une belle écriture, ce qui est inutile, c'est s'aider soimême et respecter les autres.
Le problème de l'orthographe est un peu différent.
L'évolution des temps et de la langue fait qu'on la respecte de
moins en moins, mais beaucoup de classes de la société y sont encore attachées.
Et, d'un point de vue purement
pratique, si on veut réussir un examen ou trouver un emploi, il vaut beaucoup mieux avoir une bonne orthographe.
Comment apprécier notre patrimoine culturel si nous ne comprenons plus les textes ?
En fin de compte, je pense un peu comme la vieille tante du narrateur que, quand on se met à nier certaines valeurs
traditionnelles, c'est le commencement de la décadence.
Conclusion
Il n'est pas question de nier les progrès du monde moderne ; sans évolution il n'y a pas de vie ; mais je crois qu'il
doit y avoir une continuité dans l'histoire de l'homme et qu'il se détruit lui-même s'il nie son passé.
C'est pourquoi je
pense qu'une belle écriture et une bonne orthographe ne peuvent pas nuire, bien au contraire et que, finalement,
les deux protagonistes de notre texte ont tous deux raison..
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