Théodore de BANVILLE (1823-1891) (Recueil : Odes funambulesques) - Préface
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                    Théodore de BANVILLE (1823-1891) (Recueil : Odes funambulesques) - Préface Élite du monde élégant,  Qui fuis le boulevard de Gand,  O troupe élue,  Pour nous suivre sur ce tréteau  Où plane l'esprit de Wateau,  Je te salue !  Te voilà ! Nous pouvons encor  Te dévider tout le fil d'or  De la bobine !  En un rêve matériel,  Nous te montrerons Ariel  Et Colombine.  Dans notre parc aérien  S'agite un monde qui n'a rien  Su de morose:  Bouffons que l'Amour, pour son jeu,  Vêtit de satin rayé, feu,  Bleu-ciel et rose !  Notre poême fanfaron,  Qui dans le pays d'Obéron  Toujours s'égare,  N'est pas plus compliqué vraiment  Que ce que l'on songe en fumant  Un bon cigare.  Tu jugeras notre savoir  Tout à l'heure, quand tu vas voir  La pantomime.  Je suis sûr que l'Eldorado  Où te conduira Durandeau  Sera sublime.  Car notre Thalie aux yeux verts,  Qui ne se donne pas des airs  De pédagogue,  A tout Golconde en ses écrins :  Seulement, cher public, je crains  Pour son prologue !  Oui ! moi qui rêve sous les cieux,  Je fus sans doute audacieux  En mon délire,  D'oser dire à l'ami Pierrot :  Tu seras valet de Marot,  Porte ma lyre !  Mais, excusant ma privauté,  N'ai-je pas là, pour le côté  Métaphysique,  Paul, que Molière eût observé ?  Puis voici Kelm, et puis Hervé  Fait la musique !  Berthe, Lebreton, Mélina,  Avec Suzanne Senn, qui n'a  Rien de terrestre,  Dansent au fond de mon jardin  Parmi les fleurs, et Bernardin  Conduit l'orchestre !  Écoute Louisa Melvil !  N'est-ce pas un ange en exil  Que l'on devine  Sous les plis du crêpe flottant,  Lorsqu'elle chante et qu'on entend  Sa voix divine ?  Ravit-elle pas, front vermeil,  Avec ses cheveux de soleil  Lissés en onde,  Le paysage triomphant,  Belle comme Diane enfant,  Et blanche ! et blonde !  Pour ces accords et pour ces voix,  Pour ces fillettes que tu vois,  Foule choisie,  Briller en leur verte saveur,  Daigne accueillir avec faveur  Ma poésie !  Car, sinon mes vers, peu vantés !  Du moins tous ces fronts inventés  Avec finesse,  Comme en un miroir vif et clair,  Te feront entrevoir l'éclair  De la jeunesse !
                
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