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Résumé: Le Roman comique de SCARRON

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Qu'aurait-on retenu de la vie de Paul Scarron (1610-1660) si sa veuve, Françoise d'Aubigné, petite-fille de l'auteur huguenot des Tragiques, n'était devenue Madame de Maintenon ? Après avoir su concilier la fréquentation des évêques et celle des libertins, Scarron se vit condamné à l'infirmité et à la pauvreté sans que rien n'entamât sa bonne humeur. On a oublié ses vers burlesques et son théâtre. A peine sait-on ce que le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier (1863) doit au Roman comique.

« Le Roman comique de SCARRON Qu'aurait-on retenu de la vie de Paul Scarron (1610-1660) si sa veuve, Françoise d'Aubigné, petite-fille de l'auteur huguenot des Tragiques, n'était devenue Madame de Maintenon ? Après avoir su concilier la fréquentation des évêques et celle des libertins, Scarron se vit condamné à l'infirmité et à la pauvreté sans que rien n'entamât sa bonne humeur.

On a oublié ses vers burlesques et son théâtre.

A peine sait-on ce que le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier (1863) doit au Roman comique. La composition est complexe.

Ce roman est comique parce qu'il relate, en toile de fond, les tribulations d'une troupe de comédiens ambulants, peut-être celle de Molière.

Scarron décrit les représentations, les avatars des tournées en province, la vie des tréteaux et des tripots.

Sur cette trame se dessine l'aventure de deux jeunes gens, Garigues et Mademoiselle de la Boissière, qui, pour échapper à un seigneur qui les persécute, décident de partager l'existence des comédiens. Comme l'action se déroule en province, Scarron exerce sa verve parodique sur le poète Roquebrune, l'avocat Ragotin, le gentilhomme campagnard M.

de la Baguenodière.

Les situations cocasses se succèdent, pas toujours dans le meilleur goût, comme l'aventure du pot de chambre (ch.

VI) qui rappelle Boccace. En outre, certains des multiples personnages interrompent le déroulement de l'intrigue linéaire pour nous intéresser à leur propre histoire.

Ces digressions (Histoire de Léandre, de Destin et de Mademoiselle de l'Étoile, de la Caverne) donnent à Scarron l'occasion de substituer au récit chronologique des retours en arrière. Des épisodes à l'espagnole (Histoire de l'Amante invisible, Les deux Frères rivaux) sont incorporés à la trame romanesque. • La satire : cette fantaisie dans la composition est un indice des intentions de Scarron : réagir contre la discipline et les conventions mondaines.

Il se moque de Mademoiselle de Scudéry et des auteurs à la mode.

Il fait, selon le mot de Charles Sorel, « raillerie de tout ». • Le pittoresque : les tableaux qui composent le Roman comique constituent, par la concision du récit et le caractère familier des personnages et des situations, une réaction contre l'héroïsme d'apparat et le vain remplissage des romans contemporains.

« Je ne vous dirai point exactement s'il avait soupé et s'il se couche sans manger, comme font quelques faiseurs de romans qui règlent toutes les heures du jour de leur héros, les font lever de bon matin, conter leur histoire jusqu'à l'heure du dîner, dîner fort légèrement et après dîner reprendre leur histoire ou s'enfoncer dans un bois pour y parler tout seuls...

» (p.

29-30). • Le réalisme : la fantaisie burlesque ne l'exclut pas.

Scarron s'acharne dans la caricature de la société de son siècle et, avant Honoré de Balzac, dans la peinture des moeurs de province.

Il reste dans la tradition des romans réalistes et satiriques qui avaient vu le jour au XVe siècle.

Il prend le contrepied de son époque et illustre une tendance réactionnaire aux débordements du roman pastoral et du roman héroïque. • Un précurseur : retraçant, comme Corneille dans l'Illusion comique (1636), l'existence nomade et colorée des comédiens, il s'interroge sur leur condition d'artistes, comme plus tard, magistralement, Diderot dans le Paradoxe sur le comédien.

A beaucoup d'égards, Scarron est en avance sur son siècle. Le Roman comique de Scarron a été publié en deux parties, en 1651 et en 1657.

Comme il se termine d'une façon plutôt abrupte et qu'il semble inachevé, divers écrivains ont tenté d'y ajouter une suite, mais sans succès. On a dit que le Roman comique décrit la vie de la troupe de Molière, l'« Illustre Théâtre » ; mais il pourrait aussi s'agir de celle de Filandre.

L'important, à ce sujet, est de savoir que Scarron connaissait particulièrement bien le monde du théâtre et l'existence pour le moins aventureuse des troupes en tournée. Avec burlesque et vivacité, Scarron met en scène des comédiens et dépeint les travers des provinciaux. Une langue virevoltante Le Roman comique raconte les tribulations d'une troupe de théâtre dans la ville du Mans et la province environnante.

Ces aventures sont livrées au lecteur avec l'aisance d'une conversation et la fantaisie alerte d'une langue finement ciselée. Cette langue de Scarron, vive, enjouée, entraînante en diable, sollicite et étonne sans cesse le lecteur et rend ce roman très captivant.

Certes, l'œuvre ne brille pas par la cohérence de l'intrigue principale ; elle vaut surtout par l'enchaînement spontané et, disons-le, désordonné d'incidents, de rebondissements, de complications, de coups d'éclat, qui rythment la vie de la troupe, au Mans et dans leur tournée.

Et c'est la présence des gens de théâtre, justement, qui va secouer l'atmosphère provinciale, faite d'humeurs rentrées, de rivalités et de querelles étriquées.

Grâce aux saltimbanques, Scarron traite de la réalité et de ses contemporains sur le mode burlesque pour en faire la satire.

Ses personnages, dépeints avec une verve bondissante et proches parfois de la caricature, ont une épaisseur bien réelle et attachante. Des personnages truculents Les premiers comédiens à arriver au Mans - une femme, un jeune homme et un vieillard - portent des noms allégoriques : La Caverne, Le Destin et La Rancune.

A l'hôtellerie où ils s'arrêtent, ils proposent au tenancier de jouer en échange de vin et du gîte.

Ils espèrent ainsi obtenir l'autorisation de rester dans la ville, en attendant le reste de la troupe, retenue en raison de la mort d'un homme.

Pour jouer, les comédiens empruntent les habits de clients partis dans un autre tripot qui, à leur retour, déclenchent un pugilat pour récupérer leur bien.

Et la pluie de coups et d'invectives ne s'arrête pas là, d'autant que les trois premiers « théâtreux » sont rejoints par toute une compagnie de drôles : L'Olive, Mlle de l'Etoile, la fille de La Caverne-Angélique, le jeune premier Léandre et le poète-metteur en scène Roquebrune, ainsi que quelques valets qui se mettent à la comédie.

Mlle de l'Etoile attise les convoitises, notamment d'un certain Ragotin, un petit-bourgeois qui devient la cible des comédiens et de Scarron.. »

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