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Racine, Britannicus, acte IV, scène 3.

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Racine, Britannicus, acte IV, scène 3. Néron, Burrhus BURRHUS Que cette paix, Seigneur, et ces embrassements Vont offrir à mes yeux des spectacles charmants ! Vous savez si jamais ma voix lui fut contraire, Si de son amitié j'ai voulu vous distraire, Et si j'ai mérité cet injuste courroux. NERON Je ne vous flatte point, je me plaignais de vous, Burrhus : je vous ai crus tous deux d'intelligence ; Mais son inimitié vous rend ma confiance. Elle se hâte trop, Burrhus, de triompher : J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer. BURRHUS Quoi, Seigneur ! NERON C'en est trop : il faut que sa ruine Me délivre à jamais des fureurs d'Agrippine. Tant qu'il respirera je ne vis qu'à demi. Elle m'a fatigué de ce nom ennemi ; Et je ne prétends pas que sa coupable audace Une seconde fois lui promette ma place. BURRHUS Elle va donc bientôt pleurer Britannicus ? NERON Avant la fin du jour je ne le craindrai plus. BURRHUS Et qui de ce dessein vous inspire l'envie ? NERON Ma gloire, mon amour, ma sûreté, ma vie. BURRHUS Non, quoi que vous disiez, cet horrible dessein Ne fut jamais, Seigneur, conçu dans votre sein. NERON Burrhus ! BURRHUS De votre bouche, ô ciel ! puis-je l'apprendre ? Vous-même sans frémir, avez-vous pu l'entendre ? Songez-vous dans quel sang vous allez vous baigner ? Néron dans tous les coeurs est-il las de régner ! Que dira-t-on de vous ? Quelle est votre pensée ? NERON Quoi ! toujours enchaîné de ma gloire passée, J'aurai devant les yeux je ne sais quel amour Que le hasard nous donne et nous ôte en un jour ? Soumis à tous leurs voeux, à mes désirs contraire, Suis-je leur empereur seulement pour leur plaire ? BURRHUS Et ne suffit-il pas, Seigneur à vos souhaits Que le bonheur public soit un de vos bienfaits ? C'est à vous à choisir, vous êtes encore maître. Vertueux jusqu'ici, vous pouvez toujours l'être : Le chemin est tracé, rien ne vous retient plus ; Vous n'avez qu'à marcher de vertus en vertus. Mais, si de vos flatteurs, vous suivez la maxime, Il vous faudra, Seigneur, courir de crime en crime, Soutenir vos rigueurs par d'autres cruautés, Et laver dans le sang vos bras ensanglantés.

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