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Qu'est-ce qui fait la spécificité d'un personnage de roman ? (S'appuyer sur les Liaisons dangereuses de Laclos et sur d'autres lectures) ?

Extrait du document

Beauté, jeunesse, intelligence et force physique, sont autant d'atouts qui font de cet être fictif, l'être parfait. Mais ce héros admirable et courageux qui peuple notamment les romans de la Table ronde connaît très tôt un déclin. De la sorte, l'oeuvre de Laclos, illustre ce propos. Ici la spécificité du personnage ne repose plus sur sa perfection, sa gentillesse ou son héroïsme, mais au contraire ce roman d'une grande puissance invite directement le lecteur à partager les confidences machiavéliques des protagonistes. En conséquence, il s'insinue dans le roman, à mesure que l'on avance dans la lecture, une irrésistible envie de connaître le dessein des personnages les plus pervers, comme si l'auteur avait saisi l'importance que le côté obscur d'un personnage peut avoir sur le lecteur. ·         En effet, l'auteur procède à un transfert : du héros terriblement candide, incarné dans notre oeuvre par Cécile Volange à celui du Vicomte de Valmont et de son alter ego la Marquise de Merteuil, les spécificités du personnage de roman sont réactualisées au goût de l'écrivain. Laclos nous laisse croire en débutant par la lettre de Cécile, jeune fille impressionnable et d'une grande naïveté : « je crois que », « je ne sais pas », « mais on ne m'a encore parlé de rien », que cette dernière va être l'héroïne ou du moins l'un des sujets principaux du roman. Mais dès la deuxième lettre, la tendance s'inverse et Laclos nous présente un deuxième personnage féminin, bien plus à même de jouer ce rôle. ·         La lettre de Merteuil contraste nettement avec la précédente. On passe d'un personnage niais à un autre aux spécificité plus caractérisées, c'est-à-dire à un personnage phénoménal semblant allier l'intelligence à la maîtrise de tout ce qui l'entoure.

« Un personnage de roman a de multiples facettes.

Ses traits de caractère dépendent directement du choix de l'écrivain, puis implicitement du courant littéraire, des mœurs et de l'époque dans lequel l'auteur évolue ou décide de faire évoluer son personnage.

C'est pourquoi, face à un si vaste choix, il est intéressant de faire la lumière sur ce type de personnage. Cette étude a donc pour objet d'analyser plus particulièrement l'intérêt du ou des personnages des Liaisons dangereuses ainsi que ceux d'autres romans.

Il est légitime de se demander si dans le cas des Liaisons dangereuses, la spécificité du personnage de Valmont (sur lequel se recentrent toutes les attentions) n'est pas avant tout le résultat de l'évolution de sa personnalité ? Héros machiavélique et libertin à l'origine, n'est-il pas vraisemblablement porteur d'une leçon de morale ? Ainsi, la spécificité d'un personnage n'est-elle pas d'investir tous les lieux du roman, de surprendre et de captiver, afin d'en assurer nécessairement sa réussite ? I/ Du héros « candide » au héros machiavélique : comment faire naître l'intérêt chez le lecteur, comment le surprendre ? · · · Le héros vertueux possède les spécificités qu'on lui connaît.

Il est longtemps resté le personnage fondamental de la tragédie puis du roman.

Beauté, jeunesse, intelligence et force physique, sont autant d'atouts qui font de cet être fictif, l'être parfait.

Mais ce héros admirable et courageux qui peuple notamment les romans de la Table ronde connaît très tôt un déclin.

De la sorte, l'oeuvre de Laclos, illustre ce propos.

Ici la spécificité du personnage ne repose plus sur sa perfection, sa gentillesse ou son héroïsme, mais au contraire ce roman d'une grande puissance invite directement le lecteur à partager les confidences machiavéliques des protagonistes.

En conséquence, il s'insinue dans le roman, à mesure que l'on avance dans la lecture, une irrésistible envie de connaître le dessein des personnages les plus pervers, comme si l'auteur avait saisi l'importance que le côté obscur d'un personnage peut avoir sur le lecteur. En effet, l'auteur procède à un transfert : du héros terriblement candide, incarné dans notre œuvre par Cécile Volange à celui du Vicomte de Valmont et de son alter ego la Marquise de Merteuil, les spécificités du personnage de roman sont réactualisées au goût de l'écrivain.

Laclos nous laisse croire en débutant par la lettre de Cécile, jeune fille impressionnable et d'une grande naïveté : « je crois que », « je ne sais pas », « mais on ne m'a encore parlé de rien », que cette dernière va être l'héroïne ou du moins l'un des sujets principaux du roman.

Mais dès la deuxième lettre, la tendance s'inverse et Laclos nous présente un deuxième personnage féminin, bien plus à même de jouer ce rôle. La lettre de Merteuil contraste nettement avec la précédente.

On passe d'un personnage niais à un autre aux spécificité plus caractérisées, c'est-à-dire à un personnage phénoménal semblant allier l'intelligence à la maîtrise de tout ce qui l'entoure.

Utilisant l'impératif avec facilité, Merteuil cherche tout simplement à ordonner au Vicomte de Valmont de « venir avec empressement, prendre (ses) ordres à (ses) genoux ».

En outre elle place Cécile au sein de son plan diabolique et la considère comme un objet puisqu'elle l'appelle « le bel objet » ou dit d'elle « cela n'a que quinze ans » ou encore « l'héroïne de ce nouveau roman » Cette dernière appellation peut figurer comme un clin d'œil ironique de l'auteur à son lecteur.

Cependant il faut encore patienter jusqu'à la dernière lettre, celle qui clôt l'incipit pour être présenter à Valmont : alter ego de Merteuil, en somme le personnage sur lequel repose le roman. II/ Les spécificités du héros machiavélique ou la morale implicite · · · Valmont est un personnage sombre.

Ses premières lettres naviguent entre ironie et flatterie dans un style lyrique très maîtrisé.

Ce qui a pour effet de suggérer une impression d'assurance à l'image de celle que reflète la correspondance de Merteuil.

Il est parfois difficile de cerner le personnage dans ce qu'il a de plus profond, toutefois Laclos précise savamment à qui le lecteur à affaire.

À travers un champ lexical religieux, évoquant Dieu et la foi, Valmont apparaît comme un homme ayant trouvé dans le libertinage une philosophie de vie (notamment dans la lettre CXXV), il exploite les métaphores religieuses au profit de la peinture des ses aventures sexuelles.

C'est pourquoi Valmont apparaît principalement sous les traits d'un Don Juan sans scrupule et manipulateur, d'autant qu'il est unit spirituellement et charnellement à Merteuil. Or ce qui fait tout l'intérêt et la spécificité d'un tel personnage réside également dans sa complexité.

Valmont ne marquerait pas autant les esprits, s'il n'avait pas su évoluer dans les Liaisons dangereuses, s'il n'avait pas ouvert son cœur à plus de sincérité et à moins de perversion.

En ce sens il ressemble aux antihéros souvent minés par un doute sur l'importance du monde dans lequel ils doivent se battre pour survivre, sans pour autant proposer de solutions aux problèmes qu'ils rencontrent.

Nous retrouvons cette représentation à travers le Procés de Kafka.

Son antihéros subit son existence ce qui le mènera à sa perte.

Faut-il y voir un message d'alerte ? On peut percevoir que la conception de l'existence chez Kafka est celle d'un combat perdu d'avance.

Ceci s'explique à travers la double fonction de ses personnages : victimes et fauteurs de troubles à la fois, le paradoxe de l'homme constitue sa propre perte.

C'est aussi ce que voulait exposer Flaubert dans l'Education Sentimentale avec Frédéric Moreau.

Physiquement il n'est pas mal fait, et assez narcissique il ne déteste pas se regarder dans les miroirs.

Mais pour ce qui est de ses ambitions il est plutôt velléitaire, tout à tour écrivain, musicien, peintre, historien, il échoue en tout.

Il ne dépasse guère le stade de ses intentions.

Flaubert résume son personnage d'une manière magistrale en disant qu'il est l'homme de toutes les faiblesses.

C'est pourquoi ses aspects positifs rendent l'échec du personnage d'autant plus touchant.

Faut-il donc entrevoir à travers les faiblesses de ce type d'individu, sortant de la normalité, que de la spécificité d'un personnage dépend le succès d'un roman ? Enfin, la spécificité de Valmont est aussi d'être tombé amoureux malgré toutes ses réticences.

Il est donc porteur d'une morale, mais une morale qui le condamne, puisqu'il trouve la mort à la fin de l'œuvre, ayant lutté contre ses sentiments.

En effet, même s'il s'est laissé convaincre par Merteuil de cesser sa relation avec Tourvel, son amour ne s'est pas pour autant éteint.

L'erreur de Valmont est donc d'avoir préféré assurer sa fierté pour sauver les apparences, mais l'on comprend que son dernier geste est un aussi un geste salvateur.. »

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