Que pensez-vous de ce jugement de Diderot : « Voltaire n'est que le second dans tous les genres » ?
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Que pensez-vous de ce jugement de Diderot : « Voltaire n'est que le second dans tous les genres »?
Introduction : Passionné de critique littéraire, Diderot accuse Voltaire, son brillant contemporain, de « n'être que le
second dans tous les genres ».
Or, deux siècles plus tard, Drieu la Rochelle définira en des termes analogues ce
même Diderot : « Il a abordé tous les genres et il n'en a maîtrisé aucun...
» Ainsi, les critiques se renvoient la balle.
Mais ce jeu n'est pas gratuit : il révèle une des caractéristiques du xviii6 siècle.
Après le déclin du classicisme, les
esprits sont « en mouvement », aux prises avec leurs propres contradictions, et ils cherchent, en s'essayant à tous
les genres, leur véritable moyen d'expression.
En dépit de son incontestable richesse, ce fourmillement d'idées conduit, semble-t-il, à la dispersion.
Est-ce
vraiment le cas de Voltaire, ce génial « touche-à-tout » immortalisé de son vivant ?
I.
La tentation classique : Elevé dans la tradition de l'esprit classique, Voltaire ne parviendra jamais à s'en libérer
totalement.
Cette formation le conduit à produire des œuvres mineures.
1.
L'épopée.
La Henriade est un vaste poème épique où un sujet original (conflits politiques et religieux au temps de
la Ligue), refondu dans le moule de l'Enéide, échoue dans son rôle d'épopée nationale.
2.
Le théâtre.
Malgré de brillants effets scéniques adaptés au goût du jour et certaines innovations dans le choix
des sujets (Mahomed, L'Orphelin de Chine), Voltaire demeure le fidèle admirateur de Boileau et suit rigoureusement
les « règles » de l'Art poétique (distinction des genres, portée morale de la pièce...).
Aussi a-t-il remporté des succès certains auprès de ses contemporains qui retrouvaient dans Zaïre les héroïnes
raciniennes.
Toutefois, le manque de psychologie et la faiblesse des caractères ne permettent pas à Voltaire de
rivaliser avec ses maîtres.
Le petit vers : Odes.
Mais les contradictions n'effraient pas le futur Patriarche de Ferney.
Avec autant de zèle, il s'acharne à sauver le
classicisme agonisant et à répandre les idées nouvelles.
II.
Voltaire, esprit « éclairé ».
Dès le début de sa carrière, il se lance dans la bataille philosophique avec plusieurs
cordes à son talent.
1.
Sa correspondance, « vaste répertoire d'idées », où brillent à chaque ligne l'esprit, l'intelligence, la curiosité, et
qu'anime une incroyable vivacité de sentiments.
2.
Ses écrits à tendance politique et sociale, où, guidé par un esprit pratique, il fait la guerre aux abus avec une
ardeur
toujours juvénile.
3.
Ses poésies familières (satires, épîtres, pamphlets), où il réussit à enfermer de fines observations ou un sentiment
délicat dans une forme vive, ou badine.
4.
Ses œuvres historiques qui révèlent, aussi bien dans Le Siècle de Louis XIV que dans Charles X, une conception à
la fois nouvelle et très large de l'histoire :
* souci de l'information exacte et critique des témoignages ;
* brièveté pittoresque du récit.
Transition : Mais la pensée de Voltaire revendique une totale liberté d'expression et brise bientôt, à coups de
géniales fantaisies, les barrières des genres traditionnels.
III.
Le maître d'un genre.
Le manque de structure, les contradictions, les chemins buissonniers qui forment parfois
les éléments négatifs des autres œuvres sont érigés dans les Contes en véritable système et consacrent la
complète réussite de Voltaire.
Depuis Zadig jusqu'à La Princesse de Babylone, les idées morales et philosophiques se
dégagent gaiement d'un récit plein de menus faits suggestifs et qui court d'une allure libre et pleine d'imprévu.
Conclusion : Ainsi, Voltaire n'a pas toujours su accepter l'amère vérité qu'il dénonçait lui-même dans Le Siècle de
Louis XIV : « Le génie n'a qu'un siècle, après quoi il faut qu'il dégénère », et la tentation néo-classique le relègue au
second rang, voire au troisième...
Mais, dans les genres qui demandent surtout de la curiosité, de l'esprit et de
l'intelligence, et où peuvent s'épanouir librement les ardeurs ou les nervosités du tempérament, Voltaire est roi..
»
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