Proust, Du côté de chez Swann
Extrait du document
«
Commentaire d’un extrait de Du Côté de chez Swann, Proust
Introduction
Ce texte prend place dans le premier volume de A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust intitulé Du côte de
Chez Swann, et plus précisément dans la deuxième partie de ce roman : « Un amour de Swann » se présentant comme
un retour en arrière dans la vie d’un des personnages important de la Recherche : Swann.
Notre extrait présente une description satirique du salon bourgeois que tiennent les Verdurin dans le Paris snob,
prétendant ainsi rivaliser avec l’aristocratie.
Projet de lecture : Comment Proust à travers le portrait du salon Verdurin révèle-t-il son ridicule et ses
dangers ?
I ) La description d’un salon bourgeois
1)
Une société hiérarchisée
Proust présente, dans cette description, la hiérarchie régnant dans le salon bourgeois.
Cette hiérarchie est visible
dans la position même des personnages, notamment à travers la place de Madame Verdurin qui siège sur son « poste
élevé ».
Ce « poste » s’avère être « un haut siège suédois en sapin ciré qu'un violoniste de ce pays lui avait donné »
dont il est question dans la phrase précédant notre passage.
Cette assise surélevée lui donne l’aval sur tous les
membres du salon et la présente d’emblée comme la maîtresse de ce lieu.
Cette hiérarchie visible plaçant Madame
Verdurin dans la position la plus haute est cependant tournée en dérision, la souveraineté de la maîtresse n’étant
réduite qu’à une apparence de puissance, à travers l’expression « juchée sur son perchoir » , réduisant Madame
Verdurin à un vulgaire oiseau.
La hiérarchie régnant dans cette société implique un règne des conventions jusque dans les expressions du visages
et les émotions qui, en général, se situent du côté du spontané : c’est ce que suggère l’évocation de la « mimique
conventionnelle » de Madame Verdurin.
Tout n’est donc qu’apparence et convention ce qui révèle l’hypocrisie
fondamentale de ses salons.
2)
Le règne de la rivalité
Ce ne sont pas des discussions ni débats sérieux qui animent l’essentiel de ces salons bourgeois ( qui préfèrent les
« fumisteries », c’est-à-dire les discussions sans importance) mais la rivalité qui s’instaure à plusieurs échelles.
La
rivalité règne d’abord entre les différents salons : ainsi les gens n’appartenant pas au salon verdurin ou en ayant été
exclus se voient désigner sous l’adjectif « ennuyeux » (relever la violence suggérée par les expressions évoquant cette
rivalité : «Au moindre mot que lâchait un habitué contre un ennuyeux ou contre un ancien habitué rejeté au camp
des ennuyeux ») , ce salon bourgeois prétendant, à travers ce terme, être un lieu réputé pour sa vivacité où l’on ne
s’ennuie jamais : c’est ce que suggère aussi l’omniprésence du rire dans ce passage qui vise à présenter le salon
comme un lieu de divertissement.(cf.
champ lexical de l’amusement : « s’égayait de leurs «fumisteries»… la gaîté des
fidèles »).
Cependant cette gaieté entre habitués ayant pour ennemis comme un les « ennuyeux » se présente comme
totalement factice, puisque la rivalité malsaine règne au sein même du salon.
La camaraderie, l’amitié et la bienfaisance
ne sont qu’apparentes et masquent un souci constant de s’élever au dessus des autres à étudier l’énumération
ternaire : «ivre de camaraderie, de médisance et d'assentiment » mettant sur le même plan camaraderie, médisance et
assentiment : les deux substantifs à connotation positive enserre le substantif à connotation négative révélant que
toutes les apparences d’amitié convergent vers la médisance réelle.
De plus l’association de l’adjectif « ivre » au
substantif « camaraderie » indique la facticité de cette amitié.
Par ailleurs la concurrence entre les époux verdurins
pousse à son paroxysme le règne de la rivalité dans ce salon bourgeois : « pour le plus grand désespoir de M.
Verdurin
qui avait eu longtemps la prétention d’être aussi aimable que sa femme » : l’expression hyperbolique « pour le plus
grand désespoir » souligne la démesure de ce règne de la rivalité et évoque implicitement les dangers de la
fréquentation des salons bourgeois.
3)
Une société sectaire et fanatique
Le salon verdurin apparaît comme une société ésotérique, où ne viennent que les « habitués », les initiés et dont
sont exclus les profanes « ennuyeux ».
Proust en souligne les dangers en la présentant comme une société fanatique.
Les membres du salon sont à deux reprises dans notre extrait évoqués par le terme « fidèles » qui les présentent
comme les membres d’une secte : le salon verdurin révèle ici sa volonté de se muer en véritable église ( noter Madame
Verdurin, assise sur sa chaise en hauteur qui s ‘apparente à une chaire de prêtre) de l’amabilité où l’on voue un culte
au rire.
Ce culte du rire est présenté comme dangereux par Proust à travers humour et satire : le rire est associé à la
mort et à la violence : « accès mortel…réprimer…anéantir…évanouissement ».
Proust souligne ici implicitement non la
dangerosité du rire en soi mais les dangers du rire hypocrite et feint auquel mes membres fanatiques du salon vouent
une sorte de culte..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Marcel Proust, Du côté de chez Swann, "Un amour de Swann" - Mais le concert recommença et Swann...
- PROUST - Du côté de chez Swann
- Alors qu'il cherchait vainement un éditeur pour A la recherche du temps perdu, Proust écrivait en 1913, à la Nouvelle Revue française : Le point de vue métaphysique et moral prédomine partout dans l'oeuvre. Quelles réflexions vous inspire cette affirmation, si vous considérez plus particulièrement Du côté de chez Swann, qui parut à la fin de cette même année ?
- Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann, 1913.
- Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann, 1913.