Pourquoi écrire et pour qui ?
Extrait du document
«
Pourquoi écrire et pour qui ?
I.
Pour exprimer son moi et la condition humaine.
Montaigne : « Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre » mais « chaque homme porte la forme de
l'humaine condition.
» (Essais).
Lamartine : « Ce n'était pas un art, c'était le soulagement de mon coeur.
» (A propos des Méditations).
Chateaubriand : « On ne peint bien que son propre coeur en l'attribuant à un autre, et la meilleure partie du génie
se compose de souvenirs.
»
F.
Mauriac : « Écrire, c'est se livrer.
C'est précisément l'écrivain lui-même que la plupart des lecteurs d'aujourd'hui
cherchent dans son oeuvre.
»
V.
Hugo : « On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi.
Parlez-nous de nous, leur crie-t-on.
Hélas, quand
je vous parle de moi, je vous parle de vous.
Comment ne le sentez-vous pas ? » (Préface des Contemplations).
Joubert (moraliste du 19' s.) : « Les écrivains qui ont de l'influence ne sont que des hommes qui expriment
parfaitement ce que les autres pensent et qui réveillent dans les esprits des idées ou des sentiments qui tendaient à
éclore.
»
• Opinions contraires.
Leconte de Lisle : « Il y a dans l'aveu public des angoisses du coeur une vanité et une profanation gratuites.
»
Flaubert : « L'artiste ne doit pas plus apparaître dans son oeuvre que Dieu dans la nature...
Il doit s'arranger de
façon à faire croire à la postérité qu'il n'a pas vécu.
»
II.
Dans un but d'édification morale, sociale et humanitaire
• Édification morale.
Abbé Prévost : « Outre le plaisir d'une lecture agréable, on y trouvera peu d'événements qui ne puissent servir à
l'instruction des moeurs ; et c'est rendre à mon avis, un service considérable au public, que de l'instruire en
l'amusant.
» (Préface de Manon Lescaut).
C'est le même objectif que Molière.
Marivaux : « Le récit de mes aventures ne sera pas inutile à ceux qui aiment à s'instruire.
» (Le Paysan parvenu).
G.
Sand : « Il faut écrire pour tous ceux qui ont soif de lire et qui peuvent profiter d'une bonne lecture.
Donc il faut
aller tout droit à la moralité la plus élevée qu'on ait en soi-même et ne pas faire mystère du sens moral et profitable
de son oeuvre.
» (Correspondance avec Flaubert).
• Édification sociale et humanitaire.
Zola : « C'est une oeuvre de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et ait l'odeur du peuple.
Et il
ne faut point conclure que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas mauvais ils ne sont
qu'ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent.
» (A propos de L'Assommoir).
V.
Hugo : « Tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être
inutiles.
» (Préface des Misérables).
III.
Le débat sur l'engagement
• Pour une littérature engagée.
V.
Hugo : « Ah esprits ! Soyez utiles ! Servez à quelque chose.
Ne faites pas les dégoûtés quand il s'agit d'être
efficaces et bons.
L'art pour l'art peut être beau mais l'art pour le progrès est plus beau encore.
» (Étude sur
Shakespeare).
J.-P.
Sartre : « L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements.
Chaque silence
aussi.
Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas
écrit une ligne pour l'empêcher.
Ce n'était pas leur affaire dira-t-on.
Mais le procès de Calas, était-ce l'affaire de
Voltaire ?...
La condamnation de Dreyfus, était-ce l'affaire de Zola ?...
Chacun de ces auteurs, en une circonstance
particulière de sa vie, a mesuré sa responsabilité d'écrivain.
L'occupation nous a appris la nôtre.
» (Situations II).
A.
Camus : « L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire.
Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre
d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes.
Il oblige donc l'artiste à ne
pas s'isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle...
L'artiste se forge dans cet aller et retour
perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne
peut s'arracher...
Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s'enracinera toujours
dans deux engagements difficiles A maintenir : le refus de mentir sur ce que l'on sait et la résistance A l'oppression.
» (Discours de Stockholm)
P.
Eluard : « Le temps est venu où tous les poètes ont le droit et le devoir de soutenir qu'ils sont profondément
enfoncés dans la vie des autres hommes, dans la vie commune.
»
P.
Neruda (poète chilien, 1904-1973) : « Et vous allez me demander : mais pourquoi votre poésie ne nous parle-telle pas du rêve, des feuilles ou des grands volcans de votre pays natal ?, Venez voir le sang dans les rues.
venez voir
le sang dans les rues, venez voir le sang dans les rues ! »
• Contre l'engagement.
— il est incompatible avec l'art.
Th.
Gautier : « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien.
» (Piéface de Mademoiselle de Maupin)..
»
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