Pierre de Ronsard : « Ode »
Extrait du document
Ma douce jouvence est passée,
Ma première force est cassée,
J'ai la dent noire et le chef blanc,
Mes nerfs sont dissous, et mes veines,
Tant j'ai le corps froid, ne sont pleines
Que d'une eau rousse en lieu de sang.
Adieu, ma lyre, adieu, fillettes,
Jadis mes douces amourettes,
Adieu, je sens venir ma fin :
Nul passe-temps de ma jeunesse
Ne m'accompagne en la vieillesse,
Que le feu, le lit et le vin.
J'ai la tête toute élourdie.
De trop d'ans et de maladie;
De tous côtés le soin me mord,
Et soit que j'aille ou que je tarde,
Toujours après moi je regarde
Si je verrai venir la Mort,
Qui doit, ce me semble, à toute heure
Me mener là-bas, où demeure
Je ne sais quel Pluton, qui tient
Ouvert à tous venants un antre
Où bien facilement on entre,
Mais d'où jamais on ne revient.
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