Pierre de RONSARD, « Je n'ai plus que les os...», Derniers vers (1586).
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Pierre de RONSARD, « Je n'ai plus que les os...», Derniers vers (1586).
Je n'ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé,
Que le trait1 de la mort sans pardon a frappé,
Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils2, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m'a trompé ;
Adieu, plaisant Soleil, mon oeil est étoupé3,
Mon corps s'en va descendre où tout se désassemble.
Quel ami me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un oeil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,
En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis,
Je m'en vais le premier vous préparer la place.
1. le trait : la flèche.
2. son fils : il s'agit d'Asclépios, dieu de la médecine.
3. étoupé : au sens figuré, "voilé".
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