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Philippe DESPORTES (1546-1606) (Recueil : Les amours d'Hippolyte) - Je crois que tout mon lit de chardons est semé

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Philippe DESPORTES (1546-1606) (Recueil : Les amours d'Hippolyte) - Je crois que tout mon lit de chardons est semé Je crois que tout mon lit de chardons est semé ! Qu'il est rude et malfait. Hé ! Dieu suis-je si tendre Que je n'y puis durer ? je ne fais que m'étendre, Et ne sens point venir le Somme accoutumé. Il est après mi-nuit, je n'ai pas l'oeil fermé, Et mes membres lassés repos ne peuvent prendre. Sus Phebus, lève-toi ! ne te fais plus attendre. Et de tes clairs regards rends le ciel allumé. Que la nuit m'importune, et m'est dure et contraire ! Mais pourtant c'est en vain, ô Phebus, que j'espère D'avoir plus de clarté par ton nouveau retour : Car je serai couvert d'une effroyable nue, Tant qu'un plus beau soleil, qui me cache sa vue, Vienne luire à Paris et m'apporte le jour.

« Philippe DESPORTES, Les amours d'Hippolyte, « Je crois que tout mon lit de chardons est semé ». 1.

Je crois que tout mon lit de chardons est semé ! 2.

Qu'il est rude et malfait.

Hé ! Dieu suis-je si tendre 3.

Que je n'y puis durer ? je ne fais que m'étendre, 4.

Et ne sens point venir le Somme accoutumé. 5.

Il est après mi-nuit, je n'ai pas l'oeil fermé, 6.

Et mes membres lassés repos ne peuvent prendre. 7.

Sus Phebus, lève-toi ! ne te fais plus attendre. 8.

Et de tes clairs regards rends le ciel allumé. 9.

Que la nuit m'importune, et m'est dure et contraire ! 10.

Mais pourtant c'est en vain, ô Phebus, que j'espère 11.

D'avoir plus de clarté par ton nouveau retour : 12.

Car je serai couvert d'une effroyable nue, 13.

Tant qu'un plus beau soleil, qui me cache sa vue, 14.

Vienne luire à Paris et m'apporte le jour. Philippe Desportes (1546-1606) : abbé de Tiron, lecteur de la chambre du Roi, conseiller d'État et poète baroque. Ce poète est surnommé le « Tibulle français » pour la douceur et la facilité de ses vers.

Son œuvre est influencée par la poésie de Pétrarque.

Nourri d'Homère et de Virgile, Desportes pousse moins loin que Ronsard l'imitation de l' antiquité.

Il polit la langue, donne plus de soin à la régularité des rimes, à l'harmonie de la phrase.

Ses Poésies, en partie galantes, en partie dévotes, eurent un grand succès : il y imite avec bonheur Clément Marot et les poètes italiens. «Je crois que tout mon lit de chardons est semé ! ». Sonnet > forme fixe composée de quatorze alexandrins, organisés en deux quatrains à rimes identiques embrassées (ABBA ABBA) + de deux tercets. Rimes du type CCD, EED dans les tercets > sonnet italien ou marotique. Alternance respectée entre les rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et les rimes masculines. I- Insomnie A- Un repos entravé • Champ lexical du repos, du sommeil.

Cf.

« mon lit » ; « m'étendre » ; « le Somme »… • « Je crois que » > sentiment du poète, ce qu’il imagine. Cf.

l’exclamation « Je crois que tout mon lit de chardons est semé ! » > ressent des piqûres… • Évoque le désagrément. - Cf.

« de chardons est semé » ; « rude et malfait »… - Met en cause sa sensibilité.

Cf.

« suis-je si tendre / Que je n'y puis durer ? »… - Antithèse « rude » vs.

« si tendre ». => Repos gêné… Ne peut trouver le sommeil. B- Sommeil impossible • « Il est après mi-nuit, je n'ai pas l'oeil fermé » : - Assonance en [ai] : « est ; après ; n’ai ». - Donne une précision sur l’heure.

Insiste sur la gêne de son insomnie… • Poète qui ne peut trouver le sommeil. Cf.

« pas l'oeil fermé » ; « mes membres lassés repos ne peuvent prendre »… Paradoxe : membres « lassés » et pourtant ne peuvent se reposer…. »

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