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On ne travaille plus là où l'on vit; on ne vit plus là où l'on travaille (Antoine Prost). Qu'en pensez-vous ?

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« Selon Antoine Prost, « on ne travaille plus là où Von vit ; on ne vit plus là où l'on travaille ».

Cette différenciation des espaces du travail et de la vie inhérente à certains métiers (nous pensons par exemple aux personnes naviguant de tous les transports ou aux représentants de commerce) s'est en effet étendue à la plupart des métiers et des travailleurs.

Les embouteillages des grandes villes et des artères les desservant, les trains emplis d e banlieusards en sont bien la preuve.

Cette dichotomie est-elle bénéfique ? Quels en sont les inconvénients et les avantages ? La dissociation du lieu de résidence et de profession comporte de multiples inconvénients pour l'individu et la collectivité. Examinons en premier lieu les problèmes occasionnés à l'usager par ce nouveau trait de société propre au XXe siècle.

La distance à couvrir pour se rendre à son travail peut varier, en kilomètres et en temps.

Elle peut être exceptionnelle comme dans le cas des professions à mutations obligatoires où l'intéressé ne choisit p a s s o n lieu de travail, dans certaines administrations ou dans l'Éducation nationale.

Si l'intéressé refuse de déménager ou ne peut pas, pour des raisons familiales le plus souvent, il vit le drame des semaines coupées en deux, des nuits à l'hôtel, des coups de téléphone pour éviter la tristesse, des multiples voyages en train... La plupart du temps, la distance entre le domicile et le travail permet de revenir le soir (et non pas à midi).

Peu de couples déjeunent chez eux, p e u d'enfants dont les deux parents travaillent à l'extérieur ne prennent pas leur repas d e midi dans les établissements scolaires.

La journée est donc longue pour les enfants et les parents.

Travailler loin de chez soi est synonyme de fatigue et de dépense. Fatigue car, aux horaires réels de la journée et de la semaine de travail, s'ajoute le temps passé en déplacements : une heure à trois heures par jour, aller-retour dans les grandes villes.

C e temps p a s s é en voiture ou dans les transports en commun ne peut qu'être fatigant car il s'effectue avec la foule, dans les embouteillages pour celui qui conduit sa voiture, dans la cohue des autres usagers pour l'utilisateur des transports en commun.

Rares sont ceux qui peuvent aller à contre-courant des flux géographiques et des horaires de la majorité. Ces déplacements coûtent également cher : achat et entretien d'une ou de deux voitures personnelles, cartes d'abonnement (en partie remboursées par l'employeur) de transports en commun. Fatigue, énervement sont le lot de ceux qui travaillent loin de leur domicile.

C e l a a bien sûr des répercussions sur leur temps réel de travail, soit qu'ils arrivent en retard pour des raisons parfois indépendantes d e leur volonté (embouteillages, problèmes de parking, grèves de transport), soit qu'ils aient déjà dépensé une partie de leur énergie dans le trajet effectué. Les conséquences sur leur vie privée sont également néfastes : problèmes d'horaires pour déposer les enfants à la crèche, à l'école, problèmes pour les reprendre avant l'heure de fermeture, soirées écourtées, cohue dans les magasins où tout le monde se retrouve à la même heure vers 18 h-19 h ou le même jour libre, c'est-à-dire le samedi. Longues journées, fatigue, entassement, maisons désertées, enfants seuls : tels sont les principaux inconvénients pour l'individu qui travaille loin de son domicile. Les problèmes se retrouvent également au niveau de la collectivité. Les grandes agglomérations voient s e multiplier ces migrations bi-quotidiennes : embouteillages inextricables entre certaines heures, impossibilité de garer les voitures en nombre excessif, pollution, engorgement des transports en commun.

Outre ces inconvénients, on voit croître l'écart entre les lieux de travail et les lieux de résidence, ce qui crée un déséquilibre géographique.

Aux cités-dortoirs dont on connaît la triste histoire, répondent les quartiers de bureaux désertés à partir de 18 heures. Il semble bien qu'une distance excessive entre les lieux d'habitation et de travail soit nuisible à l'usager comme à la collectivité.

Doit-on pour autant revenir à la situation préalable, celle de la coïncidence entre ces deux espaces et n'y a-t-il pas, là aussi, des arguments pour et des arguments contre ? Travailler chez soi n'est p a s u n phénomène nouveau, il est au contraire le propre du travail productif avant la révolution industrielle : travail de l'agriculteur, de l'artisan dont le magasin est en dessous de l'appartement, travail dit « en chambre » dont le travail au noir ou clandestin est une des tristes variantes, travail du commerçant et de certaines professions libérales comme encore souvent le médecin de campagne. L'ouvrier en chambre a un statut particulièrement défavorisé dans la mesure où il est isolé, séparé d e compagnons d e travail, d'informations et de possibilités de revendications.

Dans ce cas précis, la coïncidence entre le domicile et le lieu de travail est symbole d'une exploitation beaucoup plus aisée du travailleur par l'employeur.

Ce n'est évidemment pas le cas des professions où l'on est « son maître » comme dans le cas d e l'artisan, d e certaines professions libérales ou des commerçants qui échappent a u x inconvénients matériels de transports, d e fatigue évoqués précédemment.

Le travail à domicile connaît cependant un regain de prestige auprès des femmes grâce aux outils modernes de communication : les ordinateurs, les télécopieurs, permettent maintenant que des dossiers soient traités à domicile et que les informations parviennent à la maison mère.

La possibilité de rester chez soi, d'organiser le temps consacré aux enfants, d'aménager ses horaires, de réduire le temps et la fatigue des transports incitent beaucoup de femmes à choisir ce mode d'exercice quand la profession le permet.

Les risques d'isolement et d'exploitation demeurent cependant si des relations suivies avec l'entreprise ne sont pas acceptées de part et d'autre des contractants. Quels sont les avantages d'un « réel » travail au dehors puisque celui-ci est le lot de la majorité ? Philosophiquement, il semble que le travail soit associé à une partie prenante dans la vie sociale.

C'est pourquoi, si longtemps, on en a écarté la femme.

Il implique donc de sortir de chez soi, du milieu familial et domestique pour s'intégrer dans le tissu social.

Aux relations de couples, avec les enfants, se substituent pendant un temps donné des échanges avec d'autres partenaires (« les collègues de travail ») ou d'autres axes de réflexion.

Le mode de production est donc axé vers l'extérieur.

C'est pourquoi lorsque le travail féminin se réclame de buts idéologiques, et non plus uniquement économiques, il entend se dérouler également « au dehors »>, hors de la cellule domestique, de la cuisine, des soins ménagers, des enfants... Il est évident que dans le débat, propre au XXe siècle, du travail féminin « libération ou asservissement », le fait de sortir de chez soi, de placer les enfants, de rencontrer des femmes et des hommes sur le lieu de travail, et même d'avoir des horaires, a joué un grand rôle. Tout cela permet à la femme de se mesurer à l'homme, à la société, de valoriser socialement des qualités tenues sous le boisseau à la maison.

Certes, la médaille a son revers, et l'on peut ironiser sur la prétendue libération de la femme qui jongle avec un emploi du temps démentiel, culpabilise à cause de son mari et de ses enfants, cumule les tâches domestiques avec le travail à l'extérieur, gagne -à travail égal - moins qu'un homme et dont le salaire disparaît dans les frais de garde, de ménage et les impôts... Tout est affaire de proportions et de nuances : le travail à l'extérieur permet à l'homme et à la femme une plus grande ouverture, des relations plus intéressantes avec le monde du travail.

Il faut évidemment que les distances à couvrir soient raisonnables, n'entament pas trop ni le salaire, ni le temps de travail et de loisir, ni l'énergie, ni l'équilibre du travailleur.

Dans le cas précis du travail féminin, s'ajoute le difficile équilibre avec les tâches maternelles et ménagères que l'évolution des mœurs devrait rendre de moins en moins problématique. Travailler loin de son domicile caractérise aujourd'hui la plupart des métiers exercés par les hommes et les femmes.

Au niveau individuel, les problèmes de distance, de transports, de fatigue, d'énergie gaspillée sont indéniables.

Au niveau de la collectivité, les répercussions sont d'ordre économique et géographique.

Travailler au dehors d e chez soi, contrairement au travailleur en chambre si aisément exploitable, c'est réellement s'intégrer dans le tissu social et économique, dans la production, rencontrer des partenaires qui vous ouvrent des horizons professionnels, mais également humains.

Cette évolution, apparemment irréversible, doit donc se doubler de réformes du type des horaires à la carte, de l'extension des transports qui permettent au travail de jouer son rôle d'épanouissement et non de simple fonction économique.. »

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