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LL 1 : Molière, Le Malade imaginaire, (1673), Acte I, scène 6 (extrait)

Publié le 01/03/2023

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« LL 1 : Molière, Le Malade imaginaire, (1673), Acte I, scène 6 (extrait) TOINETTE : Madame. BELINE : Pourquoi donc est-ce que vous mettez mon mari en colère ? TOINETTE, d’un ton doucereux : Moi, Madame, hélas ! Je ne sais pas ce que vous me voulez dire, et je ne songe qu’à complaire à Monsieur en toutes choses. ARGAN : Ah ! La traîtresse ! TOINETTE : Il nous a dit qu’il voulait donner sa fille en mariage au fils de Monsieur Diafoirus ; je lui ai répondu que je trouvais le parti avantageux pour elle ; mais que je croyais qu’il ferait mieux de la mettre dans un couvent. BELINE : Il n’y a pas grand mal à cela, et je trouve qu’elle a raison. ARGAN : Ah ! Mamour, vous la croyez.

C’est une scélérate : elle m’a dit cent insolences. BELINE : Hé bien ! Je vous crois, mon ami.

Là, remettez-vous.

Écoutez Toinette, si vous fâchez jamais mon mari, je vous mettrai dehors.

Ça, donnezmoi son manteau fourré et des oreillers, que je l’accommode dans sa chaise. Vous voilà je ne sais comment.

Enfoncez bien votre bonnet jusque sur vos oreilles : il n’y a rien qui enrhume tant que de prendre l’air par les oreilles. ARGAN : Ah ! Mamie, que je vous suis obligé de tous les soins que vous prenez de moi ! BELINE : accommodant les oreillers qu’elle met autour d’Argan : Levez-vous, que je mette ceci sous vous.

Mettons celui-ci derrière votre dos, et cet autre-là pour soutenir votre tête. TOINETTE : Lui mettant rudement un oreiller sur la tête, et puis fuyant : Et celui-ci pour vous garder du serein. ARGAN se lève en colère, et jette tous les oreillers à Toinette : Ah ! Coquine, tu veux m’étouffer. BELINE : Eh là, eh là ! Qu’est-ce que c’est donc ? ARGAN, tout essoufflé, se jette dans sa chaise : Ah, ah, ah ! Je n’en puis plus. BELINE : Pourquoi vous emporter ainsi ? Elle a cru faire bien. ARGAN : Vous ne connaissez pas, mamour, la malice de la pendarde.

Ah ! Elle m’a mis tout hors de moi ; et il faudra plus de huit médecines, et de douze lavements, pour réparer tout ceci. LL 1 : Molière, Le Malade imaginaire, (1673), Acte I, scène 6 (extrait) INTRODUCTION: Pour les classiques, la comédie avait pour but de faire rire le public (“Placere”), mais aussi de faire réfléchir (“Docere”), c'est-à-dire l’instruire.

Dans ce contexte, Molière, grand dramaturge du XVIIème met en scène en 1673 sa comédie-ballet, “Le Malade imaginaire”, une comédie de caractère sérieuse traitant d’un personnage hypocondriaque Argan qui fait vivre son entourage au rythme de ses maladies imaginaires et de sa paranoïa.

Ce père, par intérêt personnel, veut marier sa fille Angélique à un étudiant en médecine imbu de sa personne et ridicule dans le but de se faire guérir par ses soins. L’extrait soumis à notre étude est la scène 6 de L’acte 1, qui révèle le caractère hypocrite et intéressé de Beline, qui le réconforte du comportement insolent de Toinette la servante, mais sincère dans ses propos. Ainsi, nous montrerons que l’enjeu majeur de cet extrait est l’imposture.

C’est pourquoi il conviendra tout d’abord d’étudier le comique de situation de la première à la 9ème réplique, puis dans un second temps nous analyserons le comique de farce qui vient confirmer les jeux de rôle de la 10ème réplique à la fin. DÉVELOPPEMENT : TOINETTE : Madame. D’entré de jeu l’appelation “madame” montre une hiérarchisation entre Beline et le femme de maison Toinette qui se montre docile et obeissante et également elle met en évidence l'autorité de Beline qui veut impressionner son mari. BELINE : Pourquoi donc est-ce que vous mettez mon mari en colère ? De plus, les deux outils interrogatifs “pourquoi, ?” soulignent la réprimande de Beline et montre qu'elle dramatise et exagère sa situation, chose qui infantilise Argan et le rend ridicule.

Ainsi, elle se révèle rusée.

TOINETTE : ”d’un ton doucereux : Moi, Madame, hélas ! Je ne sais pas ce que vous me voulez dire, et je ne songe qu’à complaire à Monsieur en toutes choses. Par ailleurs la didascalie “d’un ton doucereux” marquée par le suffixe “eux” met en avant l’ironie et la ruse de toinette qui se montre mielleuse.

En outre, l'interjection tragique “Hélas” révèle la victimisation de Toinette.

L'appellation “Madame” “Monsieur” et l’hyperbole “en toute chose” montre combien la servante se veut soumise et surjoue la scène. ARGAN : Ah ! La traîtresse ! En revanche, l'interjection “Ah” et la double exclamation marque sa colère. D’ailleurs cette colère infantile est mise en avant par l’emploi du terme péjoratif “traîtresse”. TOINETTE : Il nous a dit qu’il voulait donner sa fille en mariage au fils de Monsieur Diafoirus; je lui ai répondu que je trouvais le parti avantageux pour elle ; mais que je croyais qu’il ferait mieux de la mettre dans un couvent. D’autre part, le discours indirect donne l’impression que Toinette rapporte sincèrement les propos d’Argan.

En réalité les deux propositions complétives “que je trouvais…” “que mais je croyais…” séparés par “;” suivies de la proposition juxtaposée justifient sa réaction, qui veut convaincre Beline.

Par ailleurs, le LL 1 : Molière, Le Malade imaginaire, (1673), Acte I, scène 6 (extrait) pronom personnel “nous” montre que Toinette décide de rejoindre l’avis de Beline. BELINE : Il n’y a pas grand mal à cela, et je trouve qu’elle a raison. De plus, le pronom “à cela” souligne l’adhésion de Beline au propos de Toinette. ARGAN : Ah ! Mamour, vous la croyez.

C’est une scélérate : elle m’a dit cent insolences. D’autre part, la reprise anaphorique de l’interjection “Ah” (six fois) montre qu’Argan est désespéré par la situation et qu’il perd tous ses moyens.

En outre, les surnoms “Mamour” et "Mamie" et l’hyperbole “cent insolences" renforce l'infantilisation et l’immaturité d’Argan.

Cependant “c’est” plus l’adjectif péjoratif "scélérate” prouve qu'Argan dénonce le comportement de Toinette qui veut l’écarter. BELINE : Hé bien ! Je vous crois, mon ami.

Là, remettez-vous.

Écoutez Toinette, si vous fâchez jamais mon mari, je vous mettrai dehors.

Ça, donnez-moi son manteau fourré et des oreillers, que je l’accommode dans sa chaise.

Vous voilà je ne sais comment.

Enfoncez bien votre bonnet jusque sur vos.... »

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