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Les conquêtes de l'esprit philosophique et l'éclosion de la sensibilité romantique (1750-1795)

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A partir de 1750 environ, les philosophes, qui disposent d'une liberté de plus en plus grande, attaquent le pouvoir royal et dénoncent la corruption des moeurs avec une violence sans cesse accrue; ils préparent, sans en prendre clairement conscience, une révolution politique et sociale. Une réaction naît cependant contre la sécheresse de leur rationalisme, au nom d'exigences sentimentales ou mystiques; ainsi s'annonce, à plus longue échéance, une révolution littéraire.

« Les conquêtes de l'esprit philosophique et l'éclosion de la sensibilité romantique (1750-1795) A partir de 1750 environ, les philosophes, qui disposent d'une liberté de plus en plus grande, attaquent le pouvoir royal et dénoncent la corruption des moeurs avec une violence sans cesse accrue; ils préparent, sans en prendre clairement conscience, une révolution politique et sociale.

Une réaction naît cependant contre la sécheresse de leur rationalisme, au nom d'exigences sentimentales ou mystiques; ainsi s'annonce, à plus longue échéance, une révolution littéraire. L'EFFONDREMENT DE L'AUTORITÉ Les erreurs répétées de la politique royale précipitent la ruine du régime.

Sous Louis XV, les désastres militaires et diplomatiques s'accumulent : la France est vaincue par Frédéric II dans la guerre de Sept Ans; elle abandonne à l'Angleterre l'Inde et le Canada.

Sous Louis XVI, malgré les efforts clairvoyants d'un Turgot, la monarchie achève de se discréditer; le Roi, isolé du peuple, se laisse compromettre et manoeuvrer par les privilégiés; il ne peut enrayer l'opposition systématique des Parlements, ni surtout la terrible crise financière qui sera la cause prochaine de la Révolution. LES AUDACES DE LA PHILOSOPHIE Hardiesse de la réflexion métaphysique.

Les philosophes battent en brèche les anciens systèmes.

Condillac fait dériver de la sensation toute l'activité de l'esprit.

Plus hardis encore, d'Holbach, La Mettrie, Diderot nient l'existence de l'âme, voient dans la pensée une faculté organique et fondent le matérialisme moderne.

En même temps que rayonne la croyance en un déterminisme universel se trouve mis en cause le postulat de la liberté psychologique sur lequel reposait la morale traditionnelle; des morales purement humaines se répandent, fondées sur une exigence d'équilibre social ou de bonheur. Violence de la critique antireligieuse.

Les dogmes de la foi révélée subissent les attaques d'une exégèse malveillante.

Les mystères sont ouvertement dénoncés comme des fables absurdes, et les miracles comme des impostures.

Aux enseignements de l'Église, les philosophes opposent tantôt un déisme vague, tantôt un athéisme déclaré. Envahissement des influences étrangères.

L'esprit cosmopolite gagne sans cesse du terrain.

L'Angleterre demeure à la mode.

La Prusse de Frédéric II attire un moment Voltaire; la Russie de Catherine II séduit Diderot; tous deux croient qu'un prince sage pourrait éviter l'arbitraire, sans cesser d'être maître souverain, en suivant les conseils éclairés d'un ministre philosophe. LE RENOUVELLEMENT DE LA LITTÉRATURE Dans les oeuvres littéraires, les tendances philosophiques s'accusent.

Voltaire, à partir de 176o, exerce une véritable royauté intellectuelle; il dénonce inlassablement les abus de la justice, les excès du fanatisme religieux.

Diderot entreprend de publier l'Encyclopédie qui, au nom de la raison et de la science, combat les croyances traditionnelles.

Rousseau, que ses tendances mystiques opposent aux autres philosophes, se montre particulièrement hardi dans sa critique politique et sociale; il pose le principe de la souveraineté populaire.

Beaumarchais campe dans deux comédies un personnage de valet qui fait figure de tribun.

André Chénier luimême, dont les idylles marquent un retour à l'antiquité grecque, rêve de composer une grande épopée à la gloire du génie moderne.

Cependant, le goût littéraire se transforme.

Le public français commence à se lasser des analyses un peu sèches auxquelles se plaisent encore les philosophes.

Il accueille avec faveur les oeuvres étrangères qui répondent à son besoin d'émotion ou de mystère : les romans anglais de Richardson, les poésies anglaises de Gray, de Young; les poésies irlandaises de Macpherson, attribuées au barde Ossian; la Messiade de Klopstock; le Werther de Goethe.

Ce même public est reconnaissant à Buffon de lui révéler la majesté de la nature, à Diderot de lui découvrir la vertu rayonnante de l'enthousiasme, à Rousseau surtout de mettre en honneur les délires de l'imagination et les délices du sentiment. Ainsi s'éveille peu à peu l'état d'âme qui trouvera sa complète expression dans le mouvement préromantique et romantique.. »

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